© Filip Van Roe

Maingain : « le MR n’a pas conscience des souffrances nées de la crise économique »

Pour Olivier Maingain, président du FDF et bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert, la campagne électorale bat déjà son plein. Alors que les élections communales, vitales pour son parti, se profilent à l’horizon, il tire à boulets rouges sur Charles Michel.

Après la rupture avec le FDF, le dégât collatéral de la scission de BHV, le FDF ne peut plus compter que sur lui même.

D’un point vu personnel, n’est-il pas difficile de s’opposer à des personnes avec qui on a travaillé des années, tel Didier Reynders qui se présente à Uccle et de qui vous étiez très proche?

Avec certains mandataires MR, les relations sont restées très civilisées et cordiales. Il existe à l’heure actuelle au sein du MR une scission entre les pro-Reynders et les pro-Michel. Le premier camp est resté relativement proche, alors que le deuxième est particulièrement vindicatif à notre encontre. Cela est dû à Gérard Deprez et ses amis du MCC qui dominent le courant pro-Michel au sein du MR. C’est une des raisons qui nous a poussés à quitter le MR. Nous ne pouvions accepter que le MR se trouve en permanence sous le joug de Gerard Deprez. Surtout que ce dernier n’est pas la personne qui ramène le plus de voix au MR.

Pensez-vous que le FDF est plus ouvert que le MR aux changements sociologiques et démographiques auxquels Bruxelles est confrontée ?

C’est certain. Le MR est un parti qui s’est replié sur une classe sociale unique, les indépendants. Sans que l’on puisse pour autant parler de tous les indépendants, puisque ceux qui rencontrent des difficultés ne sont que peu défendus par le MR. Sous Michel, l’époque où le MR s’adressait à tous les Bruxellois sans faire de distinction, quel que soit leur origine ou leur milieu social, est révolue. Le MR est devenu un parti qui ne vise plus qu’un public électoral limité à un milieu social et économique très ciblé. Il semble déterminé à ne plus s’adresser aux électeurs qu’avec une pâle copie du sarkozysme, un courant qui vient pourtant de se faire rejeter par la population française. C’est ce qui m’a frappé lors du discours du premier mai de Charles Michel et ses annonces sur le profitariat social. Avec ce genre de déclaration, Michel introduit la zizanie au sein de la population. Le MR n’a pas la moindre idée de la souffrance humaine et les difficultés quotidiennes nées de la crise économique.

Charles Michel n’est-il pourtant pas le fils spirituel du libéralisme social, bien plus Didier Reynders ne l’était ?

Pas du tout. Le discours réactionnaire de Charles Michel sur la soi-disant culture de l’assistanat n’est pas très éloigné de ce que Marine Le Pen raconte en France. Il faut bien entendu lutter contre les abus envers la sécurité sociale. Mais faut-il pour autant stigmatiser des catégories sociales dans leur ensemble, ces gens qui veulent vraiment travailler, ou qui travaillent, mais qui ne peuvent néanmoins pas assurer l’éducation de leurs enfants ? Avec ce genre de généralités blessantes, Charles Michel prêche pour la chapelle de l’extrême droite.

Est-ce que la scission de BHV va apporter des changements fondamentaux aux habitants francophones des communes de la périphérie ? Est-ce que tout cela n’est pas surtout symbolique ?

Pour le moins. Cette scission a entériné dans tous les esprits francophones que l’élargissement de Bruxelles était obsolète, et ce, même si nous ne baissons pas les bras. La scission a pour conséquence qu’il est fort probable, qu’à l’avenir, les frontières linguistiques serviront de frontière pour une Flandre indépendante. C’est cela l’erreur fondamentale de cet accord. Mais je comprends que pour les Flamands il s’agisse d’une grande victoire. Même la N-VA n’a que peu de critiques envers cette partie de l’accord. A contrario, les francophones de la périphérie ont eux vraiment l’impression de s’être fait gruger.

(HRE)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire