Olivier Rogeau

Maingain et les deniers de Judas

Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Olivier Maingain (FDF) change de cap : il prend l’échevin flamand « garanti » contre 300 000 euros ! A-t-il retourné sa veste ?

Depuis dix ans, la Région bruxelloise accorde une dotation spéciale aux communes dont le collège des bourgmestre et échevins compte au moins un échevin ou président de CPAS flamand. C’est la contrepartie des accords de 2001 qui ont abouti au refinancement de Bruxelles. Objectif : favoriser une représentation minimale des néerlandophones dans la capitale.
Olivier Maingain a toujours décrié cette règle. « On n’achète pas un mandat », « Pas de cela dans ma commune », clamait le président du FDF et bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert. Cette dotation à charge de l’autorité fédérale (plus de 31 millions d’euros par an) est répartie entre communes de la capitale selon une clé de répartition elle aussi controversée. Schaerbeek obtient le montant le plus élevé : près de 5 millions d’euros. Devant Bruxelles-Ville : 4,3 millions. Molenbeek, troisième, récupère 4,2 millions, soit 13 % de l’enveloppe. Proportionnellement à la population de la commune, Saint-Josse, Koekelberg et Saint-Gilles disposent de l’échevin flamand le plus « rentable » : jusqu’à 56 euros par habitant pour la commune que dirigera Emir Kir (PS), 51 pour Koekelberg.

Cette enveloppe rondelette est donc une aubaine pour le budget des communes, surtout pour celui des plus gâtées. Car Watermael-Boitsfort, la moins bien servie, ne ramasse, elle, que 292 000 euros en échange de son échevin néerlandophone. Quant aux communes de Woluwe-Saint-Lambert et Auderghem, elles n’ont jamais reçu un kopek. Et pour cause : Olivier Maingain et Didier Gosuin (FDF), leurs bourgmestres, ont rejeté le système, qualifiant l’argent offert aux communes de « derniers de Judas ».
Mais aujourd’hui, Maingain change de cap : il prend l’échevin surnuméraire – ce sera Xavier Liénart, présent comme indépendant sur la Liste du bourgmestre – contre 300 000 euros ! A-t-il retourné sa veste ? Sa commune a-t-elle un besoin vital de cet argent ? Pas vraiment. Les comptes sont en équilibre. « Nous allons recycler cet argent sale pour une bonne cause », ironise le président du FDF.
En clair, sa commune va soutenir, avec ces « deniers de Judas », l’implantation d’une bibliothèque francophone à Zaventem, commune qui compte 30 % de francophones et où aucun service en langue française n’est proposé. Selon Maingain, « aucun service communal ne sera mis en défaut par cette action ». Si l’opération n’a rien d’illégal, elle ne manquera pas d’indigner au Nord du pays.

O.R.

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