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Maingain : « Di Rupo Ier n’aura été qu’un gouvernement de transition »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Poussée de fièvre à Bruxelles. Son nouveau ministre-président, Rudi Vervoort (PS), joue à l’hyperactif. Un petit nouveau, Didier Reynders (MR), s’y voit déjà en 2014. Olivier Maingain rassure son monde : son FDF entend bien perturber « le face-à-face de pacotille entre PS et MR ».

Le Vif/L’Express : Un nouveau ministre-président, un premier sommet social, un séminaire gouvernemental à Ostende, une flopée de mesures « concrètes et immédiates » pour la Région bruxelloise : ce subit regain d’intérêt doit vous combler…

Olivier Maingain : On vient de connaître la première rencontre entre patrons et syndicats bruxellois depuis la création de la Région, il y a quasi 25 ans : consternant ! Mais soit. Rudi Vervoort devait bien inaugurer sa nouvelle fonction par l’un ou l’autre geste significatif. Laissons-lui encore le crédit de sa bonne foi. Il met ses pas dans ceux de son prédécesseur, se pose en gestionnaire de l’héritage bien indéterminé de Charles Picqué.

Ses tout premiers pas à la tête du gouvernement bruxellois s’annoncent prometteurs. 4 000 nouveaux emplois promis pour les Bruxellois…

Depuis le temps que l’Olivier (PS-CDH-Ecolo) dirige la Région, que n’a-t-il créé ces emplois ? On annonce du vite-vite pour masquer les problèmes de fond : l’égalité de l’accès à l’emploi à Bruxelles et l’exigence cruciale de formation. Les partenaires sociaux bruxellois, y compris les syndicats, préfèrent aller chercher des gens à l’extérieur de Bruxelles que de recruter localement, même pour des emplois peu qualifiés.

Le nouveau chef de file bruxellois bouillonne d’idées pour Bruxelles : enseignement bilingue, inburgering ou parcours d’intégration obligatoire sur le modèle flamand.

J’attends que le jeune Bruxellois bénéficie au cours de son parcours scolaire d’une immersion linguistique en néerlandais mais aussi en anglais, allemand, espagnol voire en d’autres langues. Un inburgering à la flamande et sa vision sanctionnatrice n’ont en rien empêché l’émergence de Sharia4Belgium en Flandre. Il ne garantit nullement l’adhésion des coeurs et des esprits à un projet de société.

Le gouvernement bruxellois manquerait-il à ses devoirs ? Il devrait avoir cette force d’entraînement sur l’ensemble de la collectivité des Bruxellois. Il ne joue pas ce rôle moteur. Les Bruxellois ont le sentiment que même leurs dirigeants actuels ne croient pas aux potentialités de leur Région. Et Rudi Vervoort n’est tout de même pas l’homme nouveau qui apporte une nouvelle vision de l’avenir de Bruxelles.

Un certain Didier Reynders (MR), nouveau venu en politique bruxelloise, n’aurait-il pas la carrure pour être cet homme nouveau à la tête de la Région ?

Personne ne conteste évidement ses capacités à prétendre à une telle fonction. Mais alors, on se présente au scrutin qui correspond à l’ambition qu’on affiche. Quand on se dit prêt à devenir ministre-président bruxellois, on se présente aux élections régionales et non aux élections fédérales. On ne devient pas membre d’un gouvernement si on ne s’est pas présenté aux élections qui correspondent au niveau de pouvoir que l’on postule. Le FDF va d’ailleurs déposer une proposition en ce sens. Cette façon d’agir est une manière de ne pas respecter les Bruxellois, c’est une manière de s’assurer qu’en toutes circonstances, on retombera sur ses pattes. Un moment, il faut assumer jusqu’au bout le risque que l’on prend. C’est comme cela qu’on est crédible. Le candidat FDF à la ministre-présidence bruxelloise sera Didier Gosuin : il est tête de liste aux élections régionales.

Le CD&V semble pourtant animé de meilleures intentions vis-à-vis de Bruxelles. Il ne boude plus « une Région forte »…

Il y a toujours des francophones candides pour le croire. Le CD&V flatte le petit sentiment régionalo-patriotique que certains tentent d « inventer » pour parvenir à ses fins : il veut profiter du dynamisme économique de Bruxelles pour capter une partie de sa richesse au bénéfice de la Flandre. Le CD&V a compris qu’il devait retrouver ses vieux réflexes d’Etat-CVP : s’approprier à son profit bien des leviers du pouvoir économique et politique. Pas un responsable politique n’ignore que Bruxelles sera au coeur du cyclone de l’après-élection 2014, si les forces nationalistes flamandes conjuguent leurs efforts pour menacer l’existence de Bruxelles. La sixième réforme de l’Etat en cours n’a en rien stabilisé le pays. Di Rupo Ier n’aura été qu’un gouvernement de transition.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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