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Magnette ne donne pas cher des idéaux européens en cas de référendum en Wallonie

Le ministre-président wallon Paul Magnette a appelé mercredi la Belgique à la fermeté à l’égard du Royaume-Uni dans la négociation que l’Union européenne devrait ouvrir avec Londres une fois activée la sortie du pays de l’UE, notamment en mettant comme préalable une garantie que le Royaume-Uni ne réduira pas l’impôt des sociétés. Il ne donne pas cher du projet européen sans une refondation à laquelle il pose trois préalables.

« On voit bien quel est le réflexe du Royaume-Uni: répondre à l’isolement par un isolement accru, baisser l’impôt des sociétés pour essayer d’attirer davantage d’entreprises et compenser ainsi la décision absurde qu’il vient de prendre », a affirmé M. Magnette (PS) en plénière du parlement de Wallonie, à l’occasion d’un débat thématique. « Nous ne voulons pas l’isoler, mais il faut dire au Royaume-Uni: ‘il n’y aura pas d’accord commercial, il n’y aura pas d’accord d’association, il n’y aura pas d’accord du tout si vous baissez l’impôt des sociétés’. Si ceci n’est pas un préalable, il n’y aura pas d’autre discussion », a-t-il poursuivi, dénonçant une concurrence fiscale qui fait le jeu de la désunion européenne et de la fraude.

Le contenu « très néolibéral » de l’Europe

Si un référendum sur l’appartenance à l’UE était organisé en Wallonie, « je ne donne pas cher des idéaux européens, parce qu’hélas nos concitoyens sont fâchés avec ce qu’on a fait de l’Europe, avec son contenu très néolibéral », a ajouté le socialiste.

Le Brexit est à ses yeux un désastre pour le Royaume-Uni, mais l’occasion d’une refondation en profondeur pour l’Union et ce, à trois conditions, que le gouvernement wallon a exprimées ce mercredi matin en Comité de concertation avec le Fédéral: l’enterrement définitif du Pacte de stabilité et de sa « logique d’austérité » en grande partie responsable du désamour des citoyens pour le projet européen selon M. Magnette, la lutte contre le dumping social parce qu’il revitalise les nationalismes sur une concurrence destructrice et la lutte contre la fraude fiscale. « Ce n’est qu’après que l’on verra s’il faut une refondation fédérale ou des coopérations renforcées, à 6, 12 ou 15. »

Pour la Wallonie en particulier, une conséquence du Brexit sera que, dans une UE27, elle remontera mécaniquement dans l’échelle des régions bénéficiant des fonds européens de développement régional. Elle pourrait passer au-delà du seuil des régions en transition, sans compter que les budgets pour ces régions vont baisser. « Il y a donc là une négociation à laquelle nous devrons être très attentifs », a prévenu le chef du gouvernement wallon.

Entreprises, tourisme et PAC

Le ministre de l’Économie Jean-Claude Marcourt a rappelé les points de contact mis sur pied à l’AWEX pour informer au mieux les entreprises. Il n’y a pas de mouvement de panique, à peine quelques appels qui traduisent un phénomène limité, a-t-il dit. La Wallonie proposera au groupe de travail fédéral de mettre sur pied une plate-forme pour ne pas multiplier les points de contact avec les entreprises. Le plus urgent à ses yeux est que le Royaume-Uni déclenche au plus tôt le processus de sortie afin de lever les incertitudes.

La Wallonie conservera un bureau touristique à Londres. Il y aura des difficultés concernant la baisse de la livre sterling, mais « il n’y a pas de raison que la Wallonie ne reste attractive, surtout en raison de la présence de tous ses sites mémoriels pour les touristes britanniques », a relevé René Collin (cdH).

Le ministre de l’Agriculture se dit vigilant vis-à-vis du financement de la Politique agricole commune (PAC), dont le Royaume-Uni est un contributeur net. Mais il espère aussi que le Brexit donnera l’occasion à l’Union de modifier le profil de son agriculture, car le Royaume-Uni est considéré comme « le chantre d’une agriculture commerciale totalement libéralisée, aidée par la Suède, le Danemark, les Pays-Bas ». Il dit espérer une agriculture « de taille familiale, raisonnable et durable ».

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