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Magnette intègre l’Académie royale

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Le président du PS et maïeur de Charleroi, est la dernière « recrue » de l’Académie royale. Il intègre la classe Technologie et Société. En trois ans, elle est devenue l’un des lieux les plus selects. Entrée uniquement par cooptation.

Chaque premier samedi du mois, place Royale, à Bruxelles, c’est le même défilé de brillants cerveaux. Direction, le palais des Académies, où se réunit la 4e classe, qui compte cinquante membres. Un effectif désormais complet qui affiche une belle palette de personnalités. Qui sont-ils ? Comment sont-ils intégrés ? Pourquoi ?

« Se déclarer serait la meilleure manière de ne jamais en faire partie », déclare Hervé Hasquin, secrétaire perpétuel de l’Académie royale. La règle n’a pas changé depuis le XIXe siècle. D’abord, il faut qu’on pense à vous. La classe fait office de tête chercheuse. Tout académicien a un jour été suggéré au moins par deux « parrains », son nom, soumis aux votes secrets des membres, et élu à la majorité simple. Ainsi, Paul Magnette : quatre « élèves » de la classe – Jean-Pierre Hansen, Xavier Dieux, Benoît Frydman et Bruno Colmant -, ont proposé sa candidature en janvier. « Tout membre reçoit un jour une lettre lui annonçant sa nomination. Mais, cette fois, nous avons fait une « entorse » à la règle et nous nous sommes assurés que Paul Magnette était intéressé », se contente d’expliquer ce membre. Comme pour les autres candidats, son nom est soumis à un premier vote à bulletins secrets, et à huis clos. On y débat de l’opportunité des candidatures potentielles. Puis, il y a un second tour, toujours à bulletins secrets, d’où sortent les membres élus. « Par deux fois, Paul Magnette est arrivé en tête des votes », déclare un membre. Résultat : le président du PS a recueilli deux tiers des voix.

« Les académiciens sont choisis sur la base de leurs compétences intellectuelles. Par leurs travaux ou leur investissement, ils sont considérés comme exceptionnels et méritent d’être distingués », indique Grégory Van Aelbrouck, collaborateur scientifique à l’Académie royale. « Rares sont ceux qui n’ont pas d’activités académiques, poursuit un membre. Il faut un CV académique béton et être un acteur important. »

La classe Technologie et Société de l’Académie compte cinquante membres, scientifiques, économistes, sociologues, avocats, parmi lesquels : Guy Quaden, ex-Banque nationale ; Jean-Marie Cremer, président du bureau d’ingénierie Greisch ; l’avocat d’affaires Xavier Dieux ; Léopold Demiddeleer, directeur de recherche chez Solvay ; Luc Chefneux, directeur de recherche et de développement chez ArcelorMittal Wallonie ; Yves Jongen, directeur d’IBA et président de MecaTech (l’un des cinq pôles de compétitivité wallons) ; Yvan Larondelle, vice-président du pôle Wagralim ; l’anthropologue et ex-recteur de l’ULB Pierre de Maret ; le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele de Strihou ; l’économiste André Sapir ; Benoît Frydman, juriste ; Bruno Colmant, professeur d’université, ex-président de la Bourse de Bruxelles, ex-Fortis, ex-Ageas et directeur chez Roland Berger ; Jean-Pierre Hansen, de GDF Suez ; Christian Jourquin, ex-CEO de Solvay ; l’homme d’affaires Laurent Minguet, actif dans le développement durable ; Jean Stephenne, ex-CEO GSK Biologicals ; Jean-Claude Vandenbosch, ex-Getronics et ex-n°2 de Belgacom.

La classe compte sept femmes, dont Véronique Cabiaux, scientifique reconnue, directrice de l’Agence de stimulation technologique, Isabelle Cassiers, professeur et chercheuse FNRS, et l’avocate et professeure Carine Doutrelepont.

Côté politique, Philippe Maystadt, ministre d’Etat et ex-président de la BEI, Jean-Pol Poncelet, ex-ministre de la Défense et de l’Energie, directeur chez Areva (industrie nucléaire), et Robert Halleux, membre du PTB, candidat aux législatives de 2007 et aux communales de 2012, en font partie.

Qu’y vient donc faire la dernière recrue, le président du PS et maïeur de Charleroi, un cas « très rare et unique » ? « On exige de la part de tous nos membres la même chose : l’excellence. Et Paul Magnette a un CV académique incomparable, brillant, notamment au regard de son âge.

Créée en 2009, la classe fait le pont entre des responsables de toute nature pour favoriser le dialogue. Qu’en est-il sorti ? Du concret. Des recommandations, des rapports, des manifestes, des livres, qui visent à faire avancer la société, à orienter les choix politiques.

Une fois par mois, le samedi matin, un académicien donne un cours-exposé de haut niveau. Le sujet d’étude : les innovations technologiques et leurs impacts. Ainsi le développement durable, le nucléaire, l’économie monétaire et les relations entreprises/universités ont été choisis comme axes de discussion forts. « C’est un lieu de vrais débats. Après chaque séance, j’ai envie de me remettre à étudier », déclare Carine Doutrelepont. Etre membre ne sert à « rien ». L’intérêt, c’est de jouir d’une reconnaissance sociale et académique, d’accéder à des univers décloisonnés qui donnent les clés pour comprendre la société. « Nous ne sommes pas des propulseurs de carrière », affirme un académicien. « Les membres ont déjà une réussite derrière eux : c’est la plus haute distinction honorifique, à l’image du titre de ministre d’Etat. » Preuve que la classe est d’abord un lieu de réflexion : la moyenne d’âge s’élève à 55 ans, Paul Magnette (41 ans) étant désormais le plus jeune d’entre eux…

Soraya Ghali

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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