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M. Michel confirme une hausse des budgets militaires sans s’engager sur les 2%

Peu surpris par la demande du président américain Donald Trump aux Européens d’augmenter rapidement leurs dépenses militaires, le Premier ministre belge Charles Michel a confirmé jeudi l’intention de son gouvernement d’augmenter progressivement le budget de la Défense, mais sans s’engager à atteindre les 2% du PIB réclamés par Washington et par l’Otan.

« Nous considérons depuis quelques années (…) que nous devons stopper avec les réductions systématiques dans les dépenses de défense » pratiquées depuis 1981, a-t-il affirmé à la presse à l’issue d’une réunion spéciale des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 – et bientôt 29 avec le Monténégro – de l’Otan à Bruxelles.

« Cette législature (entamée en 2014) marque un tournant. Et le tournant, c’est d’abord de stabiliser les dépenses, de stopper les économies puis de renouer avec une logique de croissance pour renforcer nos capacités militaires et faire en sorte que la Belgique soit un partenaire fiable », a ajouté M. Michel, en soulignant que la période de (relative) stabilité ayant suivi la fin de la Guerre froide et des « dividendes de la paix » était révolue.

Le président Trump a brutalement enjoint jeudi, à l’occasion de sa première visite en Europe depuis son entrée à la Maison Blanche en janvier, ses alliés de l’Otan à s’investir plus fortement dans la lutte antiterroriste et à payer leur juste part, sans cependant lever les ambiguïtés sur l’engagement américain à défendre l’Europe en cas d’attaque.

Devant les dirigeants alliés réunis pour l’inauguration du nouveau siège de l’Alliance atlantique, il a répété avec virulence ses reproches à l’égard de l’Otan, qu’il a longtemps qualifiée d' »obsolète » – avant de revenir en avril sur ses propos lors d’une rencontre avec le secrétaire général de l’organisation, Jens Stolenberg.

« L’Otan du futur doit se concentrer sur le terrorisme et l’immigration, ainsi que sur les menaces de la Russie et les frontières à l’est et au sud de l’Otan », a insisté M. Trump, s’appuyant sur ces exigences pour réclamer que les alliés mettent davantage la main à la poche.

« Les membres de l’Otan doivent enfin contribuer équitablement et remplir leurs obligations financières », a-t-il insisté, dans un discours clairement destiné à sa base électorale aux Etats-Unis.

« Ceci est injuste pour les gens et contribuables des Etats-Unis », a-t-il dit, soulignant que 23 des 28 pays membres ne payaient « toujours pas ce qu’ils devraient ». La Belgique a consacré en 2016 0,91% de son Produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires – ce qui la place dans le petit peloton de queue – alors que les 28 membres de l’Otan se sont engagés en septembre 2014, lors d’un sommet atlantique au Pays de Galles, à arrêter l’érosion de leurs budgets de défense et à y affecter 2% du PIB d’ici 2024.

Seuls cinq alliés ont atteint ce seuil en 2016: les Etats-Unis, qui en tant que puissance mondiale caracolent en tête du classement, l’Estonie, la Grèce, la Pologne et le Royaume-uni. La Roumanie devrait suivre cette année et la Lettonie l’an prochain, selon M. Stoltenberg.

M. Michel a souligné lors d’une conférence de presse que la demande des 2% de la part de Washington n’était pas neuve.

Selon lui, cet appel pour un partage plus équitable du fardeau de la défense (« burden sharing » en jargon) n’est pas nouveau.

Nous l’avons entendu sous la précédente législature (celle du président démocrate Barack Obama), certes dans un style différent, cet appel à prendre des responsabilités plus significatives » adressé aux Européens en termes de dépenses de défense, d’engagements dans des opérations militaires et de capacités opérationnelles. « Nous avons eu l’occasion de dire avec clarté que nous apprécions le langage direct, franc et ouvert qui a été tenu (par M. Trump). Avec la même franchise, nous avons indiqué (…) que nous devons stopper les réductions systématiques dans les dépenses de défense », a poursuivi M. Michel.

Il a souligné que la Belgique restait aux yeux de Washington un partenaire fiable en citant la demande formelle qui lui a été adressée de manière impromptue de prolonger de six mois la mission de ses avions de combat engagés au sein de la coalition dirigée par les Etats-Unis contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI, alias Daech selon son acronyme arabe) pour pallier la défection des Pays-Bas.

M. Michel a enfin salué le rôle accru que jouera l’Otan dans la lutte contre le terrorisme en adhérant en tant que telle à la coalition anti-Daech.

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