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Louis Michel :  » Il aurait fallu intervenir plus vite en Libye « 

Résolument opposé à la guerre en Irak début 2003, Louis Michel (député européen) applaudit la participation belge à l’intervention en Libye et ne pense pas que la coalition va s’enliser dans le conflit.

Le Vif.be : La Belgique est entrée en guerre avec un gouvernement en affaires courantes. Certains, surtout en Flandre, dénoncent une forme de coup d’Etat silencieux.

Louis Michel : C’est ridicule ! La participation belge à l’opération « Aube de l’Odyssée » a été votée à la Chambre par 125 voix sur 126. De quel coup d’Etat parle-t-on ?

Le ministre de la Défense Pieter De Crem laisse entendre que la guerre en Libye pourrait durer longtemps. Faut-il craindre un enlisement de la coalition, comme c’est déjà le cas en Afghanistan, où la Belgique a aussi déployé des F-16 ?

On sait quand on entre en guerre, jamais quand on pourra en sortir. Mais je n’ai pas le sentiment que la coalition va s’enliser en Libye. Pour que l’offensive contre le régime de Kadhafi ne se prolonge pas trop longtemps, il faut que la coalition mette en oeuvre de gros moyens dès le départ.

Chef de la diplomatie belge début 2003, vous étiez résolument contre la logique de guerre américaine en Irak, au risque d’une rupture du lien transatlantique. Cette fois, vous vous montrez beaucoup plus interventionniste !

La situation actuelle en Libye n’a rien à voir avec celle de l’Irak en 2003. Les Américains ont artificiellement motivé leur intervention en Irak. Ils sont entrés en guerre en invoquant une menace inexistante. Saddam Hussein était évidemment un dictateur, mais Washington a fait croire qu’il constituait un danger imminent. Cette fois-ci, je regrette que la communauté internationale n’ait pas opté pour l’option militaire plus rapidement. Il aurait été plus pertinent de déclencher les opérations dès qu’on s’est rendu compte que Kadhafi écrasait la rébellion. D’autant que cette révolte démocratique libyenne n’a rien à voir avec le fondamentalisme. Ces trois dernières semaines, l’armée loyaliste a bombardé les zones tenues par la résistance et y a fait de nombreuses victimes. La coalition est intervenue à l’extrême limite, au moment où l’armée de Kadhafi allait reprendre Benghazi… Mieux vaut tard que jamais.

Entretien : Olivier Rogeau

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