Liesbeth Homans

Liesbeth Homans : « Le MR devra se justifier auprès de ses électeurs »

Liesbeth Homans Liesbeth Homans (N-VA) est présidente du CPAS et échevine aux Affaires sociales à Anvers.

Le message des partis wallons au Flamand est clair. En revanche, l’attitude des partis flamands m’inquiète davantage. Tout semble indiquer que leur propre programme est subordonné au véritable but : un gouvernement sans la N-VA.

Nous y revoilà. Un « non » assourdissant au changement retentit de l’autre côté de la frontière linguistique. Cette fois, c’est au tour du MR de refuser de coopérer avec la N-VA.

Ce « non » est un phénomène répétitif. Le premier « non » de l’histoire de la Belgique a été enregistré en 1830 et cette tactique a été suivie pendant 184 ans. Par conséquent, permettez-moi de ne pas être terriblement impressionnée par ce coup des partis wallons. C’était écrit dans les étoiles même si l’interprétation francophone de la démocratie fédérale m’étonnera toujours.

Nous aussi, nous avons toujours annoncé clairement notre préférence à former un gouvernement sans le PS, un choix logique puisque nos programmes sont extrêmement différents.
Jamais nous n’avons crûment refusé de respecter la démocratie wallonne. C’est pourtant ce qui se passe exactement dans la Wallonie politique d’aujourd’hui. Les partis wallons franchissent la frontière linguistique pour expliquer aux Flamands quel gouvernement ils estiment acceptable ou non.

Le message des partis wallons au Flamand est clair : « Ce que vous désirez n’a aucune importance. ‘On s’en fout, car le niveau fédéral est à nous. Au besoin, nous continuerons avec une minorité flamande. Après avoir ignoré votre choix pour une autre politique, autant aussi ignorer votre poids démocratique. À moins évidemment que vous ne votiez pas pour la N-VA. Alors, on peut discuter. Entre amis ». Du pur chantage.

Cependant, le chantage présente l’avantage qu’on ne soit pas obligé d’y céder. Aujourd’hui, le Flamand est mis au pied du mur et mis en garde de ne surtout pas voter pour la N-VA. Je dirais, en anglais pour une fois : « Keep calm and vote N-VA ».

Il s’agit juste d’une tentative d’intimidation. Le résultat électoral est la seule chose qui comptera vraiment. Seuls les chiffres purs et durs convaincront. Après tout, le MR devra également se justifier auprès de ses électeurs.

Aujourd’hui, leur « non » ne vient pas de leur programme qui présente des points communs socio-économiques avec la N-VA. Il y a donc un autre motif. Le MR sent-il qu’il ne pourra pas briser le bloc PS, soutenu par le bloc communiste montant du PTB. Est-ce la raison pour laquelle ils mettent de l’eau dans leur vin ?
Ils laissent tomber leur programme, mais sont certains d’entrer au gouvernement. Une technique éprouvée également appliquée par leur parti frère l’Open VLD.

Ou l’attitude agressive « zéro » du MR est-elle simplement une manoeuvre pour renforcer leur position en Wallonie ? Dans ce cas, cette attitude changera rapidement le 26 mai. Dans les deux cas, la force de la N-VA jouera un rôle déterminant dans la formation du gouvernement.

L’attitude des partis flamands m’inquiète davantage. Ils ne semblent pas s’inquiéter de ce « non » francophone. Si de l’autre côté de la frontière linguistique, on s’oppose aux exigences flamandes, le front flamand sera très fragile. Malheureusement, il s’agit là également d’une tradition politique belge.

Était-il donc si naïf d’attendre des présidents de parti flamands qu’ils rappellent leurs partis frères à l’ordre? Ne serait-il pas logique que n’importe quel parti flamand exige du respect pour la volonté démocratique de l’électeur flamand ? Même si celle-ci ne correspond pas à sa propre vision ?

Malheureusement, c’est le contraire. En Flandre aussi règne la peur du possible résultat de la N-VA.

Dans la dernière ligne droite, l’homme fort du CD&V, Kris Peeters, a résolument décidé de rejoindre la chorale anti-N-VA. Pourtant, ce parti reconnaît également la nécessité d’économies urgentes. Un choix tactique ? Ou un signe avant-coureur de leur attitude après les élections?

Ces derniers mois, plusieurs membres éminents de l’Open VLD se sont déclarés contre la nécessité d’une majorité flamande au gouvernement fédéral. Difficile de ployer davantage devant Di Rupo II.

Tout semble indiquer que les programmes des partis seront subordonnés au véritable but : un gouvernement sans la N-VA. Les semaines à venir seront déterminantes. Malgré les sondages, nous aurons à lutter pour chaque voix.

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