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Leterme : « De Wever a échoué »

Yves Leterme, Premier ministre démissionnaire s’en est pris à deux reprises à Bart De Wever, lui reprochant d’avoir « jusqu’à présent échoué » à trouver les compromis nécessaires à la formation d’un gouvernement fédéral.

Par ailleurs, les sept membres CD&V du gouvernement fédéral ont, dans une carte blanche publiée par plusieurs quotidiens, indiqué que le concept d’affaires courantes n’avait pas été modifié, mais que ce qui avait changé c’était la perception qu’en a la N-VA.

« Le problème, ce ne sont pas les affaires courantes. Le problème c’est que Bart De Wever a jusqu’à présent échoué », a souligné Yves Leterme dans une interview publiée jeudi par les journaux ‘De Standaard’ et ‘Het Nieuwsblad », en réponse aux critiques du président de la N-VA sur l’interprétation de plus en plus large donnée au concept d’affaires courantes. « Nous faisons ce que nous pouvons », explique en substance le Premier ministre en Affaires courantes.

Lerteme veille à « l’intérêt général »

Selon lui, « le problème est que Bart De Wever a jusqu’ici échoué ». « On n’arrive pas à conclure un accord et à former un gouvernement. Vingt pour cent de la législature sont déjà passés. De Wever n’a encore rien fait avec sa victoire électorale. Il ne doit quand même pas m’en vouloir de veiller à l’intérêt général », ajoute le Premier ministre.

Yves Leterme a souligné qu’il souhaitait, avec le budget 2011 établi sous sa houlette et un budget pluriannuel, mettre la Belgique à l’abri de la pression des marchés financiers.

Il évoque aussi plusieurs dossiers exceptionnels dans lesquels le gouvernement ne pouvait faire autrement que de prendre ses responsabilités.

« Voici trois mois, nous étions sur la forte pression d’un spread (écart de taux d’intérêt) croissant sur les marchés financiers. Nous avons malgré tout décidé d’établir un budget, pour montrer au monde que la Belgique a une économie saine. N’aurions-nous pas dû faire cela? « , se défend M. Leterme.

Il justifie aussi les nominations à la Banque nationale de Belgique (BNB) auxquelles le gouvernement a procédé en février dernier en désignant notamment Luc Coene au poste de gouverneur, en remplacement de Guy Quaden, et Françoise Masay comme vice-gouverneur.

La législation européenne et la Banque centrale européenne (BCE) exigent que la BNB soit dirigée par un gouverneur politiquement indépendant, a souligné le chef du gouvernement, expliquant qu’un budget pluriannuel pourrait être soumis à l’Europe dès la formation d’un nouveau gouvernement.

La critique de la N-VA est « risible »

Yves Leterme récuse aussi la critique de la N-VA affirmant que le PS décide tout au gouvernement, la qualifiant de « risible ». « Si Bart De Wever voulait miser sur le pourrissement pour accroître la pression, je le trouverais très perfide », poursuit le chef du gouvernement.

« Sa logique de pourrissement irait à l’encontre de l’intérêt des gens. La seule chose que je veux lui dire c’est: prenez vos responsabilités », a-t-il dit, utilisant les mêmes arguments que lors de l’émission Grand Direct, mercredi soir sur la chaîne de télévision RTL-TVI.

Mais pas de gouvernement sans la N-VA…


Le Premier ministre rappelle toutefois que le CD&V refuserait de participer à un gouvernement fédéral sans la N-VA.

Il note cependant que le temps « commence à presser » dans plusieurs domaines, comme la justice, les migrations, les entreprises publiques et l’appareil de l’Etat en général, où des dizaines de nominations sont bloquées au risque de poser des problèmes « dans les prochaines semaines ».

Le Premier ministre a reçu l’appui des six ministres et secrétaires d’Etat CD&V au fédéral dans une carte blanche. « A ceux qui critiquent le gouvernement en affaires courantes, nous répondons clairement et simplement: composez un nouveau. En ce qui nous concerne, le plus vite sera le mieux. Les clés de nos cabinets sont disponibles », écrivent ainsi, outre M. Leterme, les ministres Steven Vanackere, Inge Vervotte, Stefaan De Clerck et Pieter De Crem, ainsi que les secrétaires d’Etat Carl Devlies et Etienne Schouppe.

Ils font valoir que la N-VA a fait un virage à 180 degrés en quelques semaines. « Ce ne sont pas les affaires courantes qui ont changé, mais bien l’attitude de la N-VA à l’égard des affaires courantes », notent-ils en exprimant l’espoir que les nationalistes flamands – le plus grand parti du pays – n’aient pas effectué ce virage « pour échapper à ses responsabilités et au mandat que lui ont donné les électeurs » et « fuir la table des négociations ».

Turtelboom se range derrière Leterme

La ministre Open Vld de l’Intérieur Annemie Turtelboom s’est rangée jeudi entièrement derrière les déclarations du premier ministre Yves Leterme et de ses collègues CD&V. Tant sur son site Twitter que par l’entremise de son porte-parole, elle a fait savoir sa satisfaction d’avoir entendu leurs prises de position.

Mme Turtelboom a paraphrasé le premier ministre en affirmant qu’il ne convenait pas de lancer des critiques sur le gouvernement en affaires courantes – qui par ailleurs travaille d’arrache-pied – alors que les négociations ne débouchent sur aucun résultat.

La ministre est en outre d’avis que PS et N-VA doivent, en tant que vainqueurs des élections, prendre d’urgence leurs responsabilités.

Le Vif.be, avec Belga

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