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Les vraies consignes données à la police lors de la manifestation du 6 novembre

Reculer, reculer, et encore reculer : devant les manifestants agressifs, la police avait reçu l’ordre de se faire toute petite. Ce que raconte, minute par minute, un document confidentiel parvenu au Vif/L’Express.

D’après un document confidentiel auquel Le Vif/L’Express a eu accès, les reculades des policiers qui, le 6 novembre, boulevard du Midi, faisaient barrage aux casseurs détachés de la manifestation syndicale étaient bien le résultat des consignes de l’état-major policier, sous la responsabilité du bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur (PS). Les ordres de reculer ont été réitérés, malgré les appels au secours. La consigne n’était pas, formellement, un refus de secours. Yvan Mayeur a raison. L’ordre était de reculer. Ce qui, en pratique, revenait au même, tant les policiers sur le terrain, sans appui, étaient exposés.

Tous les enseignements pratiques de la manifestation n’ont pas encore été tirés. Pour cela, il faut attendre le rapport du comité de contrôle des services des polices (comité P) et du SPF Intérieur. Ceux-ci vont examiner le fonctionnement de la police, placée sous le commandement du chef de la police de Bruxelles-Capitale-Ixelles, Guido Van Wymersch, ainsi que les instructions données par Yvan Mayeur. Le nombre de policiers blessés (111) est de l’ordre du jamais vu dans la capitale de l’Europe, pourtant habituée à ce genre de manifestations. L’arrivée des dockers du port d’Anvers était attendue avec fatalisme, sans pouvoir – ni vouloir ? – y faire face.

En vertu de la philosophie de « gestion négociée de l’espace public », le bourgmestre de Bruxelles a pris le parti de favoriser le déroulement de la manifestation en décidant à l’avance qu’il ne ferait intervenir les forces de police qu’en cas d’ « incident grave » ou si les manifestants « quittaient l’itinéraire convenu ». Les policiers étaient donc voués à l’invisibilité et à une certaine inactivité. Cependant, il n’a pas fallu attendre la dislocation de la manifestation pour que des « incidents graves » se produisent ou que les dockers quittent l’ « itinéraire convenu ». Dès leur arrivée à la gare du Nord, des dockers et des anarchistes glissés dans leurs rangs se sont fait remarquer. Les premiers accrochages ont éclaté entre 12h30 et 13 heures. La police garde le relevé de nombreux particuliers appelant à l’aide pour des jets de pierre, des vitrines cassées, des vols dans les magasins, des bagarres à sang avec les « locaux » des quartiers traversés. Les policiers signalent des affrontements place Solvay, place Anneessens, rue d’Anderlecht, rue des Six jetons… Tout cela, bien avant les débordements télégéniques du boulevard du Midi. A chaque fois, la consigne donnée aux policiers est : « Quittez les lieux. » Même la CGSP, coorganisatrice de la manifestation, a envoyé un courriel d’alerte à la police à 15h38 précises. La situation devenait tout simplement explosive.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le déroulement des événements, minute par minute

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