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« Les touristes belges se moquent du problème d’image de la Turquie »

Erik Raspoet Journaliste Knack

Les touristes belges ne se préoccupent pas du problème d’image de la Turquie. La destination connaît à nouveau un franc succès, grâce aux réductions significatives proposées par les tour-opérateurs.

Il ne se passe pas une semaine sans que la Turquie fasse la une de l’actualité pour des raisons négatives. Le ministère des Affaires étrangères appelle les touristes belges en Turquie à faire preuve d’une « vigilance extrême ». Est-ce le coup de grâce pour l’économie turque ? Pas vraiment, affirme Piet Demeyere, porte-parole du tour-opérateur TUI.

PIET DEMEYERE: Nous avons déjà un nombre assez élevé de réservations pour l’été. L’année dernière, la crise des réfugiés a pratiquement fait cesser le tourisme en Turquie. Les images comme celle du petit garçon syrien Aylan retrouvé mort sur une plage de Bodrum ont eu un impact significatif. Nos clients tremblent à l’idée d’être confronté à la misère des réfugiés en vacances. Cette crainte joue beaucoup plus que les risques de sécurité ou les tensions diplomatiques.

Les incidents qui ont frappé la Turquie au cours de l’année écoulée n’étaient pourtant pas des moindres: il y a eu le coup d’État manqué, le bain de sang dans une discothèque à Istanbul. Cela ne préoccupe-t-il pas les touristes belges ?

N’oubliez pas que la Turquie est un pays gigantesque. Il y a quelques zones à risques, y compris à la côte. Mais ce n’est rien par rapport aux centaines de kilomètres de plages parfaitement sûres. Le voyageur typique qui va en Turquie choisit un complexe hôtelier à la côte, placé sous haute surveillance et équipé de toutes les facilités. J’en suis pratiquement sûr : quatre clients sur cinq ne sortent pas du complexe pendant les vacances. Ils sont plutôt indifférents vis-à-vis de la menace terroriste dans les grandes villes.

En revanche, les attentats qui visent les touristes exercent un impact énorme sur le tourisme. La Tunisie, où des terroristes ont commis un massacre dans un musée et sur une plage en 2015, en est malheureusement un exemple.

Les touristes font-ils grand cas de l’avis prodigué par les Affaires étrangères ?

Cela ne joue que de façon en indirecte. Les touristes font d’abord confiance à leur tour-opérateur et estiment qu’il tient compte de tous les risques. Et c’est ce que nous faisons : pour nous les avis du ministère sont décisifs. Ce n’est ainsi que depuis quelques semaines que nous proposons des destinations turques, à présent que le gouvernement a levé l’avis de voyage négatif. Il était grand temps : la France et l’Allemagne l’avaient fait bien avant.

Est-il difficile de remettre un pays en selle après une telle interruption?

Après un incident grave, il faut entre six mois et un an pour relancer le tourisme. Je dois dire que les Turcs font tout ce qu’ils peuvent. En 2016, les budgets énormes consacrés au marketing n’ont pas été utilisés. « De l’argent jeté », ont raisonné les Turcs, « de toute façon, on ne peut pas lutter contre une image négative. » Les propriétaires d’hôtels utilisent ces moyens supplémentaires pour donner d’importantes réductions. Et cela fonctionne, car beaucoup de touristes c’est le portefeuille qui prévaut. Il y a deux ans, tout indiquait que la Turquie détrônerait l’Espagne comme destination de voyage la plus populaire. Vu le contexte politique, je ne pense pas que ce sera rapidement le cas. Mais la Turquie est bien partie pour devenir numéro deux.

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