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Les tatouages entravent toujours la recherche d’un emploi

Le Vif

Le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) s’apprête à publier une circulaire qui interdit aux effectifs policiers d’exhiber leurs tatouages. Cependant, beaucoup d’employeurs sont toujours réticents face aux candidats arborant un tatouage visible.

« Soyons clairs, le ministre n’a rien contre les tatouages et pour nous ce n’est pas une affaire d’État, mais il est évident que pour nos services de police nous aspirions à la neutralité et à l’uniformité », déclare le porte-parole de Jambon, Olivier Van Raemdonck. C’est là un avis partagé par de nombreux employeurs.

Interrogée par le quotidien De Morgen, Bea Caenepeel du cabinet de chasseurs de têtes Altior confirme que sur le marché du travail les tatouages font l’objet de nombreux préjugés. « C’est dommage, car ils ne disent rien des compétences de quelqu’un. Les entreprises ne les apprécient guère, même si je suis convaincue que beaucoup d’employés, y compris ceux qui occupent des postes de cadres, ont des tatouages. Ils les cachent. Quand on n’a pas encore prouvé sa valeur, c’est probablement une bonne idée. »

Matelots et prisonniers

Pour le professeur en sociologie Walter Weyns (Université d’Anvers), c’est un phénomène typiquement occidental. « Jusque très loin dans le vingtième siècle, il y a eu une profonde résistance contre les tatouages. Ils étaient destinés aux matelots et aux prisonniers. Posséder un corps préservé montrait qu’on était capable de se maîtriser. On considérait cela comme un signe de civilisation : plus quelqu’un était capable de se maîtriser, plus il était civilisé », explique-t-il au Morgen.

Et si certaines personnes partagent toujours cet avis, la société a beaucoup évolué, estime Weyns. Aujourd’hui, le choix d’un tatouage signifie justement qu’on maîtrise son corps. Cela montre qu’on décide de son corps et qu’on y inscrit ce qu’on veut.

Cependant, les employeurs, et dans le cas de la police l’État, ont tout à fait le droit d’interdire les tatouages visibles. C’est du moins l’avis de Stefan Sottiaux, professeur en droit spécialisé en discrimination à la KuLeuven. « La législation anti-discrimination doit faire en sorte que personne ne soit exclu sur base de caractéristiques immuables, telles que la couleur de peau, le sexe ou l’orientation sexuelle, ou sur base d’éléments fondamentaux pour l’identité d’une personne. Cela comprend la religion, par exemple », explique-t-il au Morgen.

Et les tatouages n’en font pas partie, selon le professeur, car un employé a le choix de se faire tatouer ou pas. « C’est un choix personnel, qui n’a rien d’un droit fondamental », conclut-il.

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