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Les syndicats militaires inquiets de la privatisation de la Défense

Les projets de privatisation de plusieurs secteurs au sein de l’armée hypothèquent, selon la Centrale générale du Personnel militaire CGPM-ACMP, les perspectives d’avenir des militaires, qui avec le relèvement de l’âge effectif de départ à la retraite devront travailler plus longtemps.

« On a déjà reçu un véritable coup de massue et cela continue de s’accumuler », a réagi Yves Huwaert de la CGPM (apolitique), qui n’exclut pas de nouvelles actions. Le Syndicat libre de la Fonction publique (SLFP) partage cette inquiétude.

Le gouvernement a décidé à la mi-décembre de relever l’âge de départ à la retraite des militaires afin d’harmoniser les départs en pension de l’ensemble de la fonction publique. Dans un tel contexte, le lancement en 2017 de plusieurs projets pilotes de privatisation, rapporté samedi par La Dernière Heure, est jugé problématique par la CGPM. « Ce relèvement de l’âge de la pension devrait aller de pair avec un travail viable », a souligné Huwaert. « Mais avec sa volonté de privatiser certaines fonctions, le gouvernement hypothèque les chances des militaires plus âgés d’exercer un travail viable. »

Yves Huwaert dit par ailleurs ne pas être convaincu que ce sera forcément moins cher. « D’un point de vue de la flexibilité, on peut également se poser des questions: est-ce qu’un cuisinier travaillant pour une entreprise privée va attendre jusque tard le soir que les militaires soient rentrés de leur entraînement? », s’interroge-t-il. Edwin Lauwereins, président du SLFP Défense, partage cette inquiétude. « Il s’agit de la énième incertitude. Il y a non seulement la fermeture des casernes qui est à l’ordre du jour, les mesures pour les pensions et maintenant cet ‘outsourcing’. La restructuration de la Défense est inimaginable. » Pour le moment, il ne s’agit que de projets pilotes, mais en cas d’évaluation positive, il pourrait être question de contrats longue durée. « Il faut qu’on se concerte avec les autres syndicats afin de déterminer si l’on mène de nouvelles actions », indique M. Lauwereins.

« Les militaires ne peuvent pas faire grève, donc cela devrait à nouveau se faire lors d’un jour de congé. Mais nous ne l’excluons certainement pas. » En novembre dernier, plusieurs milliers de militaires étaient descendus dans la rue en sacrifiant l’un de leurs jours de congé afin de manifester contre le relèvement de l’âge de la pension pour les membres des forces armées. « La tension est à son comble depuis la mi-octobre. Rien ne doit venir s’ajouter. La motivation est au niveau le plus bas. (…) On a déjà reçu un véritable coup de massue et cela continue de s’accumuler. »

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