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Les spiritueux bannis des cercles de Louvain-la-Neuve

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Les parents savent-ils ce qui se passe dans la cité universitaire ? Trois mois après la noyade d’un étudiant, à l’issue d’une soirée alcoolisée, les autorités serrent – un peu – la vis. Interview du bourgmestre Ecolo, Jean-Luc Roland.

Des cas de comas éthyliques chez des ados de 13 ans… Louvain-la-Neuve n’est pas épargnée par les ravages du binge drinking, cette pratique qui consiste à provoquer une ivresse rapide au moyen de cocktails de type vodka-bière. Sur le site universitaire, les étudiants arrivent aussi de plus en plus tard (vers 23 h), et déjà sous l’influence de l’alcool, dans les cercles et autres lieux festifs.

Une particularité de Louvain-la-Neuve, ville piétonnière où les lieux de consommation, nombreux, sont proches des kots ?

Jean-Luc Roland : Ces deux phénomènes s’observent partout. Mais ici, plus qu’ailleurs sans doute, certains jeunes considèrent que tout est permis et qu’ils sont ici entre eux, même si le nombre d’habitants a dépassé celui des étudiants sur le site. Ils voient LLN comme leur cour de récréation. Nulle part ailleurs en Belgique francophone, on observe autant d’étudiants concentrés dans un espace aussi restreint. Les parents en sont absents et, dans leur grande majorité, ils ignorent totalement ce qui se passe ici pour leurs enfants.

Quelle est votre marge de manoeuvre pour agir ?

Nous avons déjà pris diverses mesures, en jouant à la fois sur la prévention et sur la répression. Les fêtes organisées autour du lac sont balisées (heure limite pour les barbecues ou pour la diffusion de musique…). Les cercles doivent aussi fermer leurs portes à 3 heures au plus tard, sous peine d’amendes. Cette décision de limitation des heures de soirée s’imposait pour résoudre les problèmes de tapage nocturne et de violences, soit entre étudiants, soit envers la police. A partir de septembre, la vente de spiritueux sera également interdite dans les cercles. Cette décision a été prise avec le vice-recteur de l’UCL, la police et les collectifs d’étudiants. Elle sera intégrée dans notre règlement de police et l’UCL, propriétaire des cercles, la fera appliquer via son outil de discipline interne, la charte de l’Aune.

Quel effet a eu l’introduction des amendes (250 euros maximum) ?

Très positif. Les PV dressés pour dépassements d’horaires sont très rares. Chez les étudiants les plus jeunes, on observe que cette limite d’heure est déjà intégrée. Mais cela ne résout pas le problème de la consommation d’alcool… Mais je sens, tant du côté de l’UCL que des associations d’étudiants, une volonté de contrer le phénomène de la consommation d’alcool.

Comment se concrétise cette volonté ?

Nous avons ainsi mis sur pied un groupe de travail composé de représentants de l’UCL, des associations d’étudiants et des services communaux, centré sur la question de l’alcool. Des idées concrètes en émergent, comme les tee-shirts jaunes que portent les étudiants (sobres) qui veillent sur le bon déroulement des soirées. L’UCL, de son côté, a fait faire une petite dizaine de mémoires sur la question de la consommation d’alcool par les étudiants. J’observe qu’elle a rompu avec certaines pratiques anciennes, comme celle d’offrir un fût aux étudiants dans certaines occasions. Il lui est arrivé de fermer certains cercles, temporairement, ou de sanctionner des étudiants, qui peuvent être renvoyés.

Souhaitez-vous affecter davantage de policiers à LLN ?

Non. Actuellement deux ou trois équipes de 2 policiers patrouillent chaque nuit sur le site, soit 99 % de notre personnel de nuit.

Nicolas Robin a, à trois reprises, croisé un ou des étudiants avant de se diriger vers le lac où il a péri noyé. Aucun de ceux qu’il a rencontrés n’a pris la mesure de l’état d’ébriété dans lequel il était et du danger qu’il courait en rentrant seul à son kot, de l’autre côté du lac. Comment conscientiser les étudiants ?

Croiser quelqu’un qui a bu dans les rues de Louvain-la-Neuve est tellement habituel ! A Louvain-la-Neuve, la population se renouvelle à hauteur de 20 % tous les ans. Le travail de conscientisation est donc à refaire sans cesse…

Laurence van Ruymbeke

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