Johan Van Overtveldt

Les socialistes reconnaissent enfin le problème des charges salariales

Johan Van Overtveldt Johan Van Overtveldt is hoofdredacteur van Trends.

Les socialistes flamands semblent avoir enfin reconnu le problème des charges salariales trop élevées en Belgique. Cependant, financer une diminution des charges avec ce que rapporte la lutte contre la fraude fiscale est une idée boiteuse.

Incontestablement, il s’agit d’un tournant: autant le président du sp.a Bruno Tobback que le leader de la FGTB Rudy De Leeuw adhèrent à la thèse que l’économie belge souffre de charges salariales trop élevées. Les socialistes ont trop souvent nié ou très fort nuancé la problématique. Il n’y a pas si longtemps Rudy De Leeuw rejetait radicalement la thèse des coûts salariaux trop élevés. Le fait que le sp.a et la FGTB reconnaissent que le niveau actuel de nos coûts salariaux freine la croissance économique et l’emploi (et donc les finances publiques), constitue incontestablement une nouvelle donnée socio-économique importante.

Tout comme Bruno Tobback, De Leeuw plaide pour le financement des charges salariales avec ce que rapporte la lutte contre la fraude fiscale et sociale. De Leeuw évoque une somme de 13 milliards d’euros. Selon lui, cette somme permettra d’améliorer l’accessibilité des transports en commun, d’organiser davantage de gardes d’enfants, de créer plus de places dans les écoles, d’améliorer le secteur de la santé publique et de mieux isoler les habitations.

Le tout accompagné d’une diminution des charges salariales qui, d’après Rudy De Leeuw, pourrait rapporter 150 000 emplois supplémentaires. En plus d’avoir été convaincu du caractère problématique de nos coûts salariaux, De Leeuw croit dur comme fer aux conséquences positives d’une diminution salariale sur la création de nouveaux emplois. Mais c’est oublié que le financement des charges salariales avec les recettes de la lutte contre la fraude fiscale et sociale ne suffira pas.

Il y a en effet deux possibilités en matière de rendement obtenu par la lutte contre la fraude fiscale et sociale. Soit elle ne rapporte pas grand-chose, malgré les efforts acharnés du secrétaire d’état John Crombez. Dans ce cas, la diminution présupposée des coûts salariaux sera insignifiante. Soit la lutte contre la fraude rapporte une somme importante, disons quelques milliards d’euros, sans toutefois atteindre les 13 milliards d’euros espérés par Rudy De Leeuw. Un tel rendement offre des perspectives, mais suscite la question de sa durabilité.

Logiquement, la fraude devrait diminuer et donc rapporter moins. Le financement des diminutions des charges salariales sera donc menacé. Cette perspective sape la crédibilité de l’idée de baser les diminutions des charges salariales sur le rendement contre la fraude fiscale et sociale. Il est donc fort compréhensible que les entreprises marquent une hésitation face à une diminution des charges salariales organisée de cette façon.

L’économie belge doit absolument réduire la pression fiscale sur le travail. Maintenant la gauche le reconnaît également. Mais financer la réduction des charges salariales avec ce que rapporte la lutte contre la fraude fiscale et sociale crée une grande incertitude en matière de préservation de ce financement à terme.

L’assurance de cette préservation sera procurée uniquement en coupant dans les dépenses, pas par ce que rapportera la lutte contre la fraude. Cette évolution va prendre du temps, mais c’est l’inévitable étape suivante que Bruno Tobback et Rudy De Leeuw auront à franchir. Espérons qu’ils le fassent avant le 1er mai 2014.

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