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Les signes religieux, philosophiques et politiques interdits dans les écoles de Charleroi

Dès la rentrée prochaine, il sera interdit de porter un quelconque signe extérieur politique, philosophique ou religieux dans les écoles communales à Charleroi. Le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (MRAX) exprime son désaccord face à cette décision.

« Une fois de plus, une autorité publique contribue à cette dynamique liberticide », a déclaré Radouane Bouhlal, président du MRAX, en réaction à la décision du conseil communal. « Par une décision générale et abstraite, on interdit aux élèves de vivre leur foi », déplore le président du MRAX, pour qui « Charleroi montre qu’elle ne comprend pas le principe de neutralité ».

Radouane Bouhlal se dit également « très préoccupé de voir le manque de sagesse du conseil communal de Charleroi » qui persiste à prendre cette décision alors que la Cour constitutionnelle a été saisie de la question. Pour le président du MRAX, cela démontre clairement « un climat hostile à la population musulmane du pays ».
Pour Edouard Delruelle, directeur adjoint du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR), la décision du conseil communal prouve une nouvelle fois que c’est au législateur de légiférer. « La décision des conseils provinciaux et communaux n’a peut-être pas la force nécessaire pour restreindre une liberté fondamentale », juge-t-il. « C’est à la Communauté française de prendre un décret qui aurait l’avantage de créer la même disposition pour tous les élèves de l’enseignement officiel. »
Le CECLR avait déjà appelé le législateur à se prononcer quand le conseil provincial du Hainaut avait décidé, à l’automne dernier, d’interdire les signes convictionnels dans l’enseignement provincial.

Cette décision a été prise hier soir par le conseil communal qui a voté à la majorité trois nouveaux règlements d’ordre intérieur, chacun d’eux correspondant à un niveau d’enseignement : le fondamental, le fondamental spécialisé et le secondaire.

Avant le vote, plusieurs conseillers communaux ont réclamé un ajournement. La Cour constitutionnelle doit en effet bientôt répondre à une question préjudicielle du Conseil d’Etat et dire si une telle interdiction n’est pas du seul ressort des Communautés par voie décrétale. Les chefs de groupe de la majorité se sont réunis suite à cette demande mais ont finalement décidé de voter.

Les trois règlements ont été adoptés à la majorité. Celui qui a provoqué le plus de résistances a été celui concernant les écoles secondaires pour lequel parmi les 45 conseillers communaux présents, 18 personnes ont voté contre.

Le cdH dans son ensemble s’est par exemple opposé au texte faute d’avoir obtenu la possibilité d’ajournement. Ecolo a également voté contre tout comme une partie des élus socialistes, dont l’échevine PS de l’Education, Latifa Gahouchi. Ces élus ont fait valoir le problème posé par la question préjudicielle ou la liberté de porter à l’adolescence des signes religieux ou politiques.

Dans le public étaient présents des membres d’associations venus avec des pancartes condamnant l’interdiction.

Le Vif.be, avec Belga

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