Walter Benjamin à la rencontre des jeunes de Molenbeek. © https://www.facebook.com/waltou?fref=photo

Les projets d’un rescapé des attentats pour donner un sens au cauchemar

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Près de trois mois après l’attentat survenu à Brussels Airport qui lui a fait perdre une jambe, Walter Benjamin, nourrit de nombreux projets pour redorer l’image des habitants de Molenbeek, mais aussi pour comprendre personnellement cette journée cauchemardesque qu’il a vécue le 22 mars.

« La rencontre s’est super bien passée, mieux que je ne l’espérais. Ce n’était pas du tout tendu par rapport à certains sujets. Il y avait un vrai échange respectueux et tout le monde a écouté avec intérêt« , Walter Benjamin, un rescapé de l’attentat de Brussels Airport, est plus qu’enthousiaste au lendemain de la rencontre qu’il a initiée vendredi soir avec des membres d’une maison de jeunes à Molenbeek. Son objectif avec Oussama Ziani, un jeune citoyen molenbeekois co-organisateur de la rencontre: échanger et débattre autour des attaques du 22 mars dernier. Walter explique aussi vouloir défendre la communauté musulmane et les habitants de Molenbeek qui ont pu faire l’objet de haine et de discriminations à la suite des attentats.

A 47 ans, Walter a perdu une jambe quand une bombe a explosé dans le hall des départs de l’aéroport. De cet évènement tragique et de la longue revalidation qui s’en suit, Walter tente d’en faire une démarche positive et constructive à la fois pour lui, mais aussi pour l’ensemble des Belges. Ses projets sont multiples et variés, ils vont de l’organisation de rencontres avec les jeunes de Molenbeek à la rédaction d’un livre sur cette journée cauchemardesque.

Cette soirée ne sera pas un « one shot ». « Je veux développer d’autres rencontres avec les jeunes dans les écoles de Molenbeek. Quand ils me voient avec une jambe en moins, et que je leur raconte mon histoire, je pense que cela peut aider certains à revoir leurs idées sur le fait d’aller combattre en Syrie ou ailleurs. »

Walter a pourtant entamé cette réflexion et cette démarche bien avant d’avoir été grièvement blessé dans l’attentat terroriste perpétré à Bruxelles. Il avait déjà le projet d’envergure d’aller faire des photos de Molenbeek et de les diffuser largement sur la Toile.

« Après les attentats de paris, on a commencé à parler de Molenbeek dans les médias étrangers de façon très négative. Je ne remets pas en question le fait qu’il y a effectivement des problèmes dans la commune, des problèmes de sécurité, mais de là à dépeindre Molenbeek comme une base arrière de Daesh, c’est franchement dangereux et exagéré. Lors d’un voyage d’affaires à New York début mars, j’ai été choqué de découvrir Molenbeek à la télévision américaine décrite comme une banlieue de Badgad. Celui qui ne connaît pas la commune n’aura jamais envie d’y mettre un pied. J’étais assez en colère par rapport à ça et à la non-réactivité de nos gouvernants. »

Walter connaît un peu la commune pour y avoir eu dans son enfance un ami « qui habitait la rue des Quatre Vents près de là où on a arrêté Salah « . Il y passe souvent et vante ses espaces verts, « en bordure de Berchem« .

A la rencontre des pompiers de l'aéroport.
A la rencontre des pompiers de l’aéroport. © WalterBenjamin/FB

« J’ai malheureusement perdu une jambe, mais rencontré des gens exceptionnels »

Outre son reportage photo et les rencontres avec les jeunes de Molenbeek, le rescapé a d’autres idées et notamment la rédaction d’un livre. « Ce ne sera pas un récit autobiographique. Je recueille pour le moment des informations qui me manquent pour avoir un fil conducteur correct. Je veux aussi parler des personnes formidables qui ont gravité autour de moi ce jour-là. Des personnes que je n’aurais jamais pu rencontrer dans la vie. J’ai malheureusement perdu une jambe, mais rencontré des gens exceptionnels. »

Un projet plus personnel qui lui permet de « mieux comprendre ce qui s’est passé« . Dans son long cheminement post-traumatique, Walter ressent en effet le besoin de revenir sur cette journée noire et sur les lieux de la tragédie. Ce travail thérapeutique passe notamment par une visite du hangar de la caserne des pompiers de Zaventem où il a été transféré peu après l’attentat pour les premiers soins. Il y a été chaleureusement accueilli ce dimanche accompagné de Louis, qui a participé aux secours.

Son livre sera également une manière de faire comprendre aux autorités qu’elles doivent prendre des mesures pour sécuriser l’aéroport.  » Et si elles ne le font pas, je ne me gênerai pas pour aller moi-même à l’aéroport le dénoncer. Ma priorité, c’est la sécurité, car cela pourrait recommencer. A nouveau, des gens vont perdre la vie parce qu’on s’en fout. » Il dit vivre ses nombreuses initiatives comme une thérapie qui le nourrit et qui lui permettra, peut-être, de rédiger un second ouvrage sur l’éducation des jeunes, cette fois.

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