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Les prisons belges championnes européennes de la surpopulation

Les institutions pénitentiaires du pays dénoncent depuis deux semaines le projet de rationalisation du ministre de la Justice, Koen Geens. Le protocole d’accord rédigé vendredi à l’issue d’une réunion entre le ministre et les syndicats a été rejeté par les agents pénitentiaires.

Depuis, sortir de sa cellule, prendre une douche ou prendre trois repas par jour est devenu une exception. Une situation difficile à vivre dans des prisons pour la plupart surpeuplées.

La Belgique est, derrière la Hongrie, le deuxième pays européen affichant la surpopulation carcérale la plus importante, selon les statistiques 2014 récoltées et traitées par l’Institut de Criminologie et de droit criminel de Lausanne (Suisse) pour le compte du conseil de l’Europe.

En 2013, 134 personnes étaient détenues en Belgique pour 100 places disponibles. Ce chiffre est descendu à 129 détenus en 2014, mais il reste bien au-dessus de la moyenne européenne de 94 détenus pour 100 places (2014).

Selon les derniers chiffres de l’administration pénitentiaire belge, les prisons du pays comptaient 11.076 détenus en février 2016, pour une capacité d’accueil de 9.903 places.

Le ministre Koen Geens a indiqué en mars que le taux de surpopulation carcérale belge était descendu à 13% en 2015. En février 2016, il aurait même atteint 11,8%, selon l’administration pénitentiaire. La moyenne d’âge des détenus est de 34 ans. Ils sont incarcérés en moyenne 8,2 mois. Quelque 4,6% des détenus sont des femmes et 40,6% sont des étrangers, un chiffre élevé par rapport à la moyenne européenne de 21,7% selon les chiffres du Conseil de l’Europe. Un quart des détenus ne sont pas encore condamnés définitivement.

Un peu plus de 5% des détenus sont condamnés à une peine inférieure à un an. 17,1% ont reçu une peine de un à moins de trois ans, 26,3% une peine de trois à moins de dix ans et 17,5% sont condamnés à 10 années de prison ou plus.

A peu près 6.800 agents pénitentiaires officient dans les 32 prisons belges. Seize d’entre elles sont situées en Flandre, quatorze en Wallonie et deux à Bruxelles, indique le SPF Justice sur son site web. La prison de Lantin (Liège) est la plus grande du pays et compte environ 900 détenus, indique le cabinet de M. Geens. Par ailleurs, la direction générale des établissements pénitentiaires loue 650 places dans la prison néerlandaise de Tilburg.

La surpopulation se traduit parfois par des conditions de détention interpellantes, notamment dans la prison de Saint-Gilles, fortement touchée par la grève. La Commission de surveillance de la prison bruxelloise a dressé un tableau noir dans son rapport de 2014 et 2015. « Sa vétusté, l’état de délabrement de ses équipements et le manque de moyens financiers ne permettent pas de satisfaire les besoins de base des détenus, notamment pour leur assurer un minimum d’hygiène », signale-t-elle.

Dans le contexte de la grève qui sévit dans les prisons belges, l’État belge a été condamné pour la troisième fois vendredi pour violation des droits des détenus.

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