Les pharmacies s’éteignent

Les quelque 4.500 officines de l’Association Pharmaceutique Belge (APB) éteindront leur enseigne jeudi en signe de protestation contre les mesures d’économies prises par le gouvernement qui concernent directement le secteur. « Le courant ne passe plus entre les pharmaciens et les autorités », a déploré l’APB, lors d’une conférence de presse mercredi.

Les enseignes lumineuses des pharmacies représentées par l’APB, qui regroupe 90% des officines du pays, seront éteintes jeudi afin de sensibiliser les patients aux mesures qui sont entrées en vigueur depuis le 1er avril ou qui le seront à partir du 1er mai. Il s’agit notamment de l’obligation imposée au pharmacien de délivrer le médicament le moins cher, même si le médecin a indiqué une marque précise de médicament sur sa prescription.

« C’est une action symbolique et sympathique », indique Jan Depoorter, secrétaire général néerlandophone de l’APB. L’objectif étant d’envoyer un message d’alerte au gouvernement sans prendre les patients en otage.

Pourtant, la grogne est bien réelle dans le secteur. « Les pharmaciens sont touchés de manière disproportionnée par les mesures d’économies du gouvernement qui risquent de porter atteinte au rôle de conseiller du pharmacien en matière de santé et de nuire à la qualité et à l’accessibilité des soins pharmaceutiques dispensés aux patients », a déclaré, Filip Babylon, président de l’APB.

« Depuis 2006, le pharmacien est reconnu comme un prestataire de santé », explique Filip Babylon. Selon les chiffres de l’APB, un Belge sur 20 se rend chaque jour dans une pharmacie pour se procurer des médicaments ou pour obtenir des conseils de santé. « Alors que nous assumons ce rôle étendu et que nous faisons des efforts pour le développement de notre profession, la contre-partie que les autorités nous avaient promise, à savoir la mise à disposition de moyens, n’est plus assurée », dénonce Filip Babylon. « Cela hypothèque l’avenir du secteur », poursuit-il.

Or, les difficultés sont présentes. « Depuis plusieurs années, les rémunérations régressent dans notre secteur », indique Christian Elsen, vice-président de l’APB. Le chiffre d’affaires reste stable et tourne autour des 5,5 milliards d’euros par an, soit environ un million d’euros par an par officine, mais les bénéfices diminuent. « Les mesures d’économies conduiront inexorablement à des licenciements et à la disparition accélérée de pharmacies », déclare Filip Babylon. Selon l’APB, les pharmaciens veulent toutefois eux aussi contribuer à l’effort budgétaire « mais en évitant de mettre en péril son rôle de conseiller et la qualité de ses services ».

L’APB déplore également la détérioration des relations professionnelles avec les médecins et les lourdes tâches administratives qui incombent dorénavant aux pharmaciens à cause de ces mesures. « Le pharmacien se voit obligé de réduire le temps qu’il peut consacrer au conseil et au suivi de ses patients, qui en sont les premières victimes », regrette Charles Ronlez, secrétaire général francophone de l’APB.

Les pharmaciens indépendants dénoncent enfin le manque de concertation avec les autorités. « Il y a juste des négociations sur des mesures imposées », déclare Filip Babylon. Afin de sensibiliser ses patients, 600.000 dépliants seront distribués dans les officines de tout le pays pendant que les enseignes resteront éteintes, jeudi.

Les entreprises pharmaceutiques proposent d’autres mesures

Les 140 entreprises représentées par pharma.be émettent quelques craintes quant aux mesures d’économies annoncées par le gouvernement, ont-elles expliqué dans un communiqué.

Pharma.be proposent de réaliser des économies d’une autre manière et espère pouvoir se concerter avec le gouvernement.

Les pharmaciens doivent aujourd’hui délivrer l’un des médicaments les moins chers lorsque la prescription mentionne la molécule. A partir du 1er mai, il en sera de même pour les antibiotiques et antimycosiques en cas de traitement aigu, même si le médecin a mentionné une marque précise dans sa prescription. Cette mesure n’a pas été négociée avec pharma.be, ce qu’elle déplore.

Le gouvernement a en outre annoncé une baisse du prix des médicaments pendant la période de brevet. Ici aussi, aucune concertation n’a précédé cette décision et pharma.be s’oppose à cette adaptation des prix. « En Belgique, les médicaments brevetés sont déjà parmi les moins chers d’Europe en comparaison avec les autres pays ayant une importante industrie pharmaceutique », indique-t-elle dans son communiqué.

Pharma.be ajoute qu’après des années de croissance, le secteur pharmaceutique ne crée plus d’emplois.

LeVif.be avec Belga

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