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Les petits partis peuvent-ils créer la surprise ?

Le Vif

Ce n’est pas encore un vent de panique. Mais une peur diffuse s’est emparée du PS, du MR, du CDH et d’Ecolo. Plusieurs signaux indiquent que des partis non-conventionnels pourraient perturber le scrutin du 25 mai.

Le 24 mars, plus de 250 candidats socialistes aux élections du 25 mai étaient rassemblés dans une salle du Cinépointcom, à Charleroi. Au menu : briefing, harangue et stratégie. Le tout servi par les plus hauts gradés du boulevard de l’Empereur – Anne Poutrain, directrice du centre d’étude, Gilles Mahieu, secrétaire général du parti, et Gilles Doutrelepont, directeur de campagne. En choeur, le trio a adressé la même recommandation aux soldats et aux sous-officiers du PS, prêts à affronter le feu du suffrage universel : sillonner villes et villages, aller sur le terrain, encore et encore, mener le combat rue par rue, maison par maison, se battre au corps-à-corps contre les formations rivales, et en particulier contre la gauche radicale.

La même inquiétude mêlée de nervosité règne dans les bivouacs écologistes. En particulier à Liège, là où le PTB se montre le plus menaçant. Un sondage confidentiel, commandé au cours de l’été 2013, ne se révélait pas alarmiste pour Ecolo. Il indiquait néanmoins un nombre d’indécis très important. Or on considère généralement que 25 % des électeurs se décident dans les dix derniers jours.

En février, le baromètre RTL-Le Soir est venu attiser les craintes du PS et d’Ecolo, mais aussi du MR et du CDH. Il créditait les marxistes du PTB de 6,7 % sur l’ensemble de la Wallonie. Il accordait par ailleurs 5,6 % des intentions de vote au Parti populaire de Mischaël Modrikamen. Une semaine plus tard, le sondage RTBF-La Libre confirmait la tendance : 7,6 % pour le PTB et 5,9 % pour le PP. D’autres petits partis engrangeaient, eux aussi, un succès d’estime.

La Droite, Wallonie d’abord, le FDF et le Rassemblement Wallonie-France dépassent régulièrement le seuil des 2 % d’intentions de vote au sud du pays. Le Parti pirate, le Mouvement de gauche et les rouges-verts de Vega, emmenés par Vincent Decroly, sont eux aussi en embuscade.

Le match est cependant loin d’être gagné pour les formations non représentées dans les parlements. Si le minimum théorique pour obtenir des députés est de 5 %, en pratique, dans la plupart des circonscriptions, il faut un score nettement meilleur pour espérer décrocher un siège.

Raoul Hedebouw, le porte-parole du PTB, assure que son parti vient de franchir le cap des 8 000 membres et enregistre en moyenne 80 affiliations par semaine. « La percée, on va la faire, c’est sûr. La question, c’est : avec quelle intensité ? »

Au PP, Mischaël Modrikamen, l’ancien avocat-vedette des actionnaires de Fortis, se prend à rêver d’un coup d’éclat le 25 mai : « Nous avons désormais 1 800 membres en ordre de cotisation et plus de 5 000 sympathisants. » Son pronostic ? « Un ou deux députés fédéraux dans le Hainaut, un à Liège et un à Bruxelles. » Le président du PP table aussi sur trois députés wallons, cinq ou six députés bruxellois, ainsi qu’un siège de député européen pour Luc Trullemans.

L’émiettement des voix à la droite de la droite pourrait en tout cas rendre l’équation post-électorale plus complexe encore. Car d’autres petites formations politiques, clairement d’extrême droite, elles, pourraient profiter de la colère citoyenne : La Droite, une dissidence du PP, et Debout les Belges, le nouveau mouvement du député Laurent Louis.

C’est au parlement bruxellois que risque de jaillir une surprise. Le nombre élevé de sièges à pourvoir (72 pour le collège francophone) permet au parti qui franchit le seuil légal des 5 % de décrocher d’un coup trois députés. De plus, dans la Région-Capitale, la loi électorale permet à des partis différents de former un « groupement de listes », pour contourner l’obstacle des 5 %. Leurs voix sont additionnées et les sièges obtenus sont répartis entre les formations coalisées.

Un mécanisme providentiel pour le PTB, le Parti pirate, la formation régionaliste bilingue Pro Bruxsel et le parti unitariste BUB, qui ont choisi de se grouper. « Si on obtient 1,7 ou 1,8 % des voix, on est presque assuré d’avoir un député bruxellois », confie Marouan El Moussaoui, le fondateur du Parti pirate, qui propose d’investir dans l’industrie du jeu vidéo pour créer de l’emploi.

A suivre également : la liste Islam, qui avait engrangé plus de 4 % des voix à Molenbeek et Anderlecht aux dernières élections communales.

Par François Brabant et Olivier Mouton

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine : le dossier intégral avec

– les raisons du succès

– le reportage au sein du PP

– le reportage au sein du PTB

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