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Les Pères Augustins de Gand poursuivis pour trafic d’êtres humains et fraude sociale

La justice veut poursuivre le couvent des Pères Augustins de Gand pour trafic d’êtres humains, travail au noir et faux en écriture. D’après leurs avocats, qui confirment une information des journaux de Mediahuis et de la VRT, les pères auraient fait travailler des jeunes Africains en formation au sein du monastère sans les payer.

Selon les avocats, le travail de formation en question relève de pratiques appartenant à la tradition du clergé.

« Une communauté religieuse comme la congrégation des Pères Augustins propose une formation aux candidats étrangers qui veulent l’intégrer », expliquent Mes Fernand Keuleneer et Jeroen Thieren. Celle-ci leur apprend la spiritualité de la communauté et les tâches pratiques à effectuer au sein d’une telle communauté religieuse.

« Cette tradition ancrée depuis très longtemps est apparemment maintenant assimilée à du ‘trafic d’êtres humains et à de la fraude sociale' », constatent les avocats, qui évoquent un préjugé idéologique davantage qu’une condamnation juridique.

De son côté, l’auditorat du travail de Gand fait état de faux en écriture utilisés en vue d’obtenir un titre de séjour pour au moins 19 personnes. Il s’agit de 18 Africains (Bénin, Togo et Côte d’Ivoire) et d’un Vietnamien. Les Pères Augustins assurent, eux, que tous sont des membres de l’Ordre de Saint-Augustin et qu’ils ont suivi une formation de deux ans en tant que moine dans leurs pays.

Treize travailleurs auraient été victimes de traite d’êtres humains et quatre auraient été employés alors qu’ils ne disposaient pas d’un titre de séjour en règle, dénonce l’auditorat du travail. Le nombre total de travailleurs à ne pas avoir été déclarés atteint 27 personnes, en ce compris les candidats à la prêtrise.

« Un certain nombre de personnes recrutées en Afrique et au Vietnam a suivi avec succès une formation et a effectivement accédé à une fonction en tant que ministre du culte. Mais une grande partie d’entre eux n’y est en revanche pas parvenu. Ils ont quitté le couvent et sont tombés dans une situation précaire », affirme l’auditeur gantois du travail Danny Meirsschaut.

L’enquête, liée à des perquisitions effectuées en décembre 2014 à Gand et à Louvain, a débuté après le dépôt d’une plainte dans laquelle les Pères Augustins sont accusés d’avoir emmenés en Belgique des Africains sous le prétexte que ceux-ci allaient y suivre un séminaire. Durant leur séjour, ces personnes affirment avoir dû travailler sans être payées, effectuant notamment des prestations de traiteur pour l’ASBL Thagaste dans les bâtiments du couvent, détaille l’auditorat, qui ajoute que plusieurs éléments confirment le contenu de la plainte originelle.

Le ministère public demande le renvoi en correctionnelle de l’ASBL des Pères Augustins ainsi que celle de l’association Thagaste et de trois formateurs. Cette affaire passera devant la chambre du conseil le 23 novembre.

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