Les partenaires sociaux seront associés à l’élaboration des accords de gouvernement

Le Vif

Les partenaires sociaux seront associés à l’élaboration des déclarations de politique régionale et communautaire. Tel est le message qui est ressorti jeudi de la réunion entre les présidents du PS et du cdH et les représentants du Conseil Economique et Social de Wallonie (CESW).

« Nous avons redit que la priorité était la création d’emplois en Wallonie, et que nous voulions le faire avec les partenaires sociaux qui seront étroitement associés à la réflexion sur la façon de créer des emplois », a expliqué le président du PS, Paul Magnette. Le 2 juillet, les partenaires sociaux rencontreront à nouveau les négociateurs et leur soumettront des propositions.

Le cadre budgétaire des entités francophones dans la législature qui s’ouvre sera particulièrement étriqué. Elles devront digérer les nouvelles compétences transférées par le pouvoir fédéral, sans l’ensemble des moyens qui y correspondent, continuer à faire face à la crise, requalifier certains investissements en dépenses en vertu des règles comptables européennes (le coût pour la Région wallonne avoisinerait les 500 millions d’euros dans les 3 ou 4 prochaines années) et poursuivre l’assainissement budgétaire.

Le président du PS envisage le retour à l’équilibre en 2016. « A un moment donné, il vaut mieux y aller à un rythme soutenable », a-t-il souligné. Et il exclut l’austérité, évoquée pourtant samedi matin par les patrons wallons dans la presse.

« Nous avons une législature de 5 ans. Il faut en profiter. On doit faire des économies pour dégager des moyens que l’on injectera dans l’économie, dans l’enseignement. Jusqu’à présent, austérité, c’est resté un vilain mot. On parle de rigueur, de ‘recette belge’. Il faut mettre plus de tonus là-dedans. On doit oser parler d’austérité », a déclaré le président de l’Union Wallonne des Entreprises (UWE), Jean-François Héris, dans la Libre.

« L’austérité serait une erreur parce qu’elle aggraverait la crise mais le contexte budgétaire ne sera pas simple. Il faudra trouver des marges partout où cela n’atteindra pas les citoyens et la création d’emplois », a répondu M. Magnette. Le message patronal est mal reçu aussi dans les rangs syndicaux.

« Je ne suis pas prêt à accepter les mesures d’austérité que demande l’UWE », a averti le secrétaire-général de la FGTB wallonne, Thierry Bodson. Dans le même entretien, l’administrateur-délégué de l’UWE, Vincent Reuter, laisse percer une pointe de regret à l’égard de l’exclusion des libéraux des négociations régionales. « Que constate-t-on quand on compare le programme des partis? Que le programme des deux partis à la négociation en Wallonie ne contient pas une volonté nette de rompre avec les pratiques actuelles. Et que, oui, le programme d’un parti comme le MR est plus favorable aux entreprises », explique-t-il tout en précisant que ce qui intéresse d’abord les patrons wallons, c’est le programme de gouvernement.

Là encore, les syndicats ne sont pas sur la même longueur d’ondes. « A partir du moment où il y a une composante libérale et un cadre budgétaire étriqué, on va vers une diminution des dépenses en matière sociale », a ajouté M. Bodson.

La Région wallonne recevra le 1er juillet de nouvelles compétences, dont les aides à l’emploi pour un montant d’un milliard d’euros. Pour les partenaires sociaux comme pour les négociateurs, c’est l’occasion de tout remettre à plat et de voir comment utiliser au mieux de tels outils. Le dirigeant de la FGTB entend par exemple déceler les effets d’aubaine pour les entreprises et les éviter.

Samedi, les présidents du PS se sont répandus dans la presse pour mettre en garde contre les effets d’un gouvernement des droites et déplorer la façon dont l’informateur royal Bart De Wever les avait exclus du jeu, alors qu’il n’est pas encore formateur.

« Le PS n’est pas installé dans l’opposition et est disposé à exercer des responsabilités au niveau fédéral », a souligné M. Magnette. Le cdH est au centre de toutes les attentions depuis plusieurs jours: est-il prêt à s’engager dans des discussions en vue d’un gouvernement de centre-droit associant la N-VA? Le président, Benoît Lutgen, n’a pas fait de commentaire samedi, à l’issue de la réunion. Le PS est-il prêt à laisser son partenaire de négociation dans les Régions et à la Communauté se lancer dans cette aventure? Le président du PS a insisté sur les caractéristiques d’un système fédéral où les majorités peuvent différer d’un échelon à l’autre.

« On vit dans un système fédéral et, dans un système fédéral, chaque niveau de pouvoir a sa logique et son autonomie », a-t-il fait remarquer. Et de préciser: « M. Lutgen n’a besoin d’aucun conseil et sait comment mener son parti ».

Les discussions reprendront lundi et mardi, à 14h30, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les négociateurs rencontreront les acteurs de l’enseignement. Ils retourneront à Namur mercredi pour discuter à nouveau du cadre budgétaire.

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