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Les partenaires sociaux reçoivent certaines garanties de l’axe MR-cdH

Les représentants des employeurs et des travailleurs de Wallonie ont affirmé mercredi, à la sortie d’une entrevue d’une heure avec les présidents du MR et du cdH, avoir reçu de leur part des garanties sur l’avenir de la concertation sociale. Le banc syndical a toutefois mis en garde contre une rationalisation aveugle des structures publiques.

Les organisations patronales et syndicales réunies dans le Conseil économique et social de Wallonie (CESW) craignaient notamment, à leur arrivée au parlement wallon où elles devaient rencontrer les présidents Olivier Chastel (MR) et Benoît Lutgen (cdH), un abandon du modèle actuel du Groupe des partenaires sociaux de Wallonie (GPS-W).

Créé en 2013 sous le gouvernement Demotte (PS) pour conférer aux interlocuteurs sociaux une véritable force de proposition au gouvernement, alors qu’ils étaient jusque-là cantonnés à la consultation, le GPS-W a été promu par Paul Magnette (PS) – qui en a fait son « modèle mosan » -, aboutissant à d’importants accords sur la réforme des aides à l’emploi.

« Nous avons obtenu l’assurance que les partenaires sociaux resteront des forces de proposition au gouvernement, et pas seulement consultatives », s’est réjoui Vincent Reuter, administrateur délégué de l’Union wallonne des entreprises (UWE).

« Il y a une volonté de ne pas remettre en cause les accords pris jusqu’ici, même s’ils ne sont pas encore entrés en vigueur, comme la réforme des points APE (aides à la promotion de l’emploi) pour le 1er janvier », a confirmé Thierry Bodson, secrétaire général de l’interrégionale wallonne de la FGTB (syndicat socialiste).

Le Plan Marshall, programme majeur depuis douze ans du redéploiement économique de la Wallonie, soutenu par les partenaires sociaux, n’est pas non plus remis en cause, même s’il peut être enrichi, selon M. Reuter.

Quant à la volonté affirmée par le MR et le cdH de pousser davantage la rationalisation des structures publiques en Wallonie, Vincent Reuter estime qu’elle devra s’accompagner d’une modernisation informatique de l’administration et des para-régionaux, un élément essentiel à ses yeux aux relations entre le secteur public et l’entreprise.

Thierry Bodson, de son côté, met en garde contre le risque de fusionner des outils économiques wallons pour des raisons purement idéologiques. « Il faut d’abord voir l’efficacité des organes. Toutes les entreprises qui ont fait appel à la SRIW (investissement en entreprises, ndlr) en ont été heureuses. La SOGEPA (redéploiement d’entreprises, ndlr) ces derniers mois a sauvé Durobor, les fonderies Saint-Roch, etc. Les outils fonctionnent donc, peut-être doivent-ils davantage se parler et être mieux connus ».

M. Bodson note aussi n’avoir reçu aucune garantie sur le maintien de l’emploi dans la fonction publique. Ses réticences se dirigent en outre sur la proposition d’Agoria (la fédération de l’industrie technologique) d’octroyer une prime financière aux chômeurs qui s’inscrivent dans une filière de formation pour les métiers en pénurie, une proposition qui a l’oreille de l’axe MR-cdH.

« Ce n’est jamais une bonne solution de pousser quelqu’un à faire un métier qu’il n’a pas envie de faire. On parle aussi de diminuer de 25 centimes d’euro les aides aux apprenants s’ils ne se forment pas à un métier en pénurie. Mais cette prime n’a plus été indexée depuis 32 ans », souligne le syndicaliste.

Le banc syndical assure qu’il sera attentif, dans le cadre de la mise en oeuvre des transferts de compétences, à ce qu’un changement de majorité ne se traduise pas par une rupture de service à la population.

Si, pour Vincent Reuter, la seule chose qui compte en cas de basculement du gouvernement wallon du centre-gauche vers le centre-droit, « ce sont les programmes et la manière dont ils sont mis en oeuvre », il n’en reste pas moins à ses yeux que l’émergence éventuelle de majorités disparates dans les entités fédérées du sud du pays constituerait un problème.

« Ce n’est pas bon, par exemple, que l’enseignement soit découplé politiquement de ce qui se fait en Région wallonne. Il y a déjà des difficultés du fait que l’enseignement soit une compétence de la Fédération et la formation une compétence de la Région, mais si en plus on a des majorités totalement différentes, ça risque de poser des problèmes supplémentaires ».

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