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Les partenaires sociaux parviennent à un accord interprofessionnel

Ils planchaient depuis deux mois sur ce dossier épineux et pourtant récurrent: les Dix (représentants des syndicats et des fédérations patronales) sont enfin parvenus à un accord interprofessionnel qui fixe notamment l’évolution des salaires dans le secteur privé pour deux ans, et qui résout partiellement le délicat dossier de l’harmonisation des statuts employé-ouvrier.

Employeurs et syndicats, réunis au sein du Groupe des Dix, sont finalement parvenus, mardi soir après deux mois de négociations, à un projet d’accord dans le cadre des négociations interprofessionnelles.

Ce projet prévoit notamment que l’harmonisation des statuts d’ouvriers et d’employés se fasse par étapes. Dans le détail, les délais de préavis seront alignés pour les deux catégorises de travailleurs sur le système qui s’applique actuellement aux employés les moins favorisés, à savoir trois mois de préavis par 5 ans d’ancienneté. Les jours de carence pour les ouvriers seront également supprimés à partir de 2014 tandis que le chômage temporaire sera applicable à tous les travailleurs.

Par ailleurs, patrons et syndicats se sont également mis d’accord sur le maintien de l’indexation automatique des salaires. Une marge minime, de 0,3 pc au-dessus de l’index, a en outre été dégagée pour 2012, à condition que la situation économique l’autorise. Si l’on tient compte de la hausse liée à l’indexation, estimée à 3,9 pc, la progression totale atteint 4,2 pc pour les deux années à venir.

Les partenaires sociaux ont encore trouvé un terrain d’entente à propos de la liaison des allocations au bien-être, les allocations les plus basses progressant de 2 pc; les autres de 0,7 pc.

Enfin, la prépension à 56 ans reste possible, à condition d’avoir presté 20 ans de travail de nuit, 40 ans de travail de jour ou d’avoir été occupé dans le secteur de la construction.

Le gouvernement fédéral a d’ores et déjà apporté son soutien au projet d’accord interprofessionel. « L’évolution modérée des salaires tient compte du handicap salarial de la Belgique », s’est notamment félicité le Premier ministre Yves Leterme à l’issue d’un conseil des ministres restreint. Pour les deux années à venir, la hausse nominale devrait en effet être limitée à 4,2 pc, dont 3,9 pc découlent de l’indexation automatique des salaires. Quant à l’harmonisation des statuts d’ouvriers et d’employés, prévue par étapes, elle signe la « fin d’une discrimination », a poursuivi le Premier ministre. « L’augmentation des allocations et leur liaison au bien-être, elle, favorisera les plus précarisés », a encore indiqué Yves Leterme en évoquant par ailleurs l’impact budgétaire « limité » du projet d’accord.

Des mesures utiles dans un contexte de crise

La ministre de l’Emploi du gouvernement démissionnaire, Joëlle Milquet, a jugé le projet d’accord interprofessionnel « d’autant plus important que la crise économique n’est pas encore totalement derrière nous » et que « les mesures de cet accord seront utiles tant pour les travailleurs, les entreprises que les allocataires sociaux ».

La vice-Première ministre salue les partenaires sociaux « pour leur sens des responsabilités, dans un contexte budgétaire difficile ». « Une nouvelle fois, il est apparu que la concertation sociale en Belgique est un des piliers essentiels de notre économie et de notre modèle de société », ajoute-t-elle.

Le maintien du handicap lié à l’inflation déçoit Agoria

La fédération de l’industrie technologique Agoria – l’une des voix principales parmi les employeurs – a fait part de sa déception quant au maintien de la liaison automatique des salaires à l’index. Cette situation constitue un handicap pour la Belgique par rapport à ses voisins, a estimé l’administrateur délégué d’Agoria, Paul Soete.

Selon lui, l’accord « ne contribuera pas au pouvoir concurrentiel, l’inflation grimpant plus rapidement en Belgique que dans les pays voisins. Le handicap de l’index persiste ».

Les partenaires sociaux ont toutefois convenu d’étudier le mécanisme d’indexation. « Mais cela prendra un certain temps », souligne M. Soete. « Nous espérions qu’il serait clairement déterminé comment endiguer l’inflation ». Il ne cache pas sa déception à ce sujet, « surtout au vu de l’actuelle hausse des prix de l’alimentation et du pétrole ».

Enfin, en ce qui concerne le statut des ouvriers et employés, la réaction est mitigée. M. Soete estime en effet « positif » que le dossier de l’harmonisation des statuts soit enfin réglé tout en s’inquiétant du coût supplémentaire que cela représentera pour les entreprises.

LeVif.be, avec Belga

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