Le ministre de la Fonction publique, Christophe Lacroix (PS). © BELGA

« Les mesures fédérales coûteront cher à la Wallonie »

Si le saut d’index rapportera à la Région wallonne quelque 13 millions d’euros, cette mesure décidée par le fédéral ainsi que l’augmentation du forfait des frais professionnels lui coûteront bien davantage, a détaillé lundi le ministre wallon du Budget Christophe Lacroix.

Le saut d’index ayant pour effet de contracter la masse à l’impôt des personnes physiques (IPP), l’impact présumé sera une baisse de 65 millions d’euros en 2016 pour la Wallonie, a indiqué M. Lacroix en commission du parlement wallon, confirmant des chiffres cités au matin sur Bel RTL. L’augmentation du forfait des frais professionnels déductibles aura ce même effet de contraction de la masse IPP, avec pour résultat une diminution de 32 millions dès 2015 et 65 millions en 2016, a-t-il ajouté. Le ministre a regretté à cet égard l’absence de concertation du fédéral avec le gouvernement wallon (PS-cdH), alors que les partis du gouvernement flamand (N-VA, CD&V et Open Vld) sont eux associés au gouvernement fédéral.

Concernant les mesures d’économies décidées par le gouvernement wallon, le comité de monitoring qui sera mis en place avant la fin de l’année établira un rapport sur base duquel le gouvernement décidera des travaux appelés à être reportés, selon M. Lacroix. Ce « lissage », qui porte sur 340 millions d’euros, concerne « un montant maximum qui ne se réalisera que si les travaux sont exécutés au rythme annoncé, ce qui est hautement improbable », a relativisé le ministre, soulignant la responsabilité que prendront les partenaires co-financeurs (communes, provinces). Pour Stéphane Hazée (Ecolo), le gouvernement ne parvient pas à évacuer le brouillard sur les réductions qu’il décidera: « les seuls chiffres que vous citez viennent du fédéral! « . Il ne comprend pas pourquoi le gouvernement wallon a décidé de mener 60% de ses efforts sur la seule année 2015, là où le fédéral a choisi 30%, et y voit la volonté de prendre les mesures douloureuses loin des échéances électorales. Pierre-Yves Jeholet (MR), pour sa part, a dit espérer que les débats pour l’avenir de la Wallonie ne seront pas « sans cesse pollués par ce qui se passe au niveau fédéral », car il est « clair que ces chiffres impacteront le niveau régional ». Il dit attendre « un véritable débat » sur les politiques en matière d’emploi, d’énergie, de mobilité, de fiscalité, etc. « Je n’entends aucune remise en cause de recettes qui manifestement n’ont pas fonctionné », a-t-il affirmé. Et de citer parmi d’autres un indice socio-économique négatif pour la Wallonie: la clé IPP, qui traduit la part de la Wallonie dans le produit national de l’IPP. Alors que l’écart se réduisait ces dernières années entre la Wallonie et la Flandre, la part de la Wallonie s’est réduite de 28,5% à 28,25% de 2012 à 2013, a cité le député d’opposition. La dégradation est notamment due à la modification des avantages fiscaux économiseurs d’énergie prise par le fédéral: « celle-ci a eu pour effet d’augmenter le rendement de l’IPP en Flandre, principale région à bénéficier de ces avantages fiscaux », a expliqué le ministre. Pour Benoît Drèze (cdH), il convient d’attendre que les ministres aient détaillé les mesures qu’ils envisagent dans leur département. Quant à Frédéric Gillot (PTB), il ne voit toujours pas de précisions pour répondre aux inquiétudes des travailleurs: « c’est difficile de retourner près des gens et leur donner plus de précision », a déploré le député.

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