« Les membres de la coalition se passeraient volontiers de la critique de Di Rupo à l’encontre de la N-VA »

Journaliste politique du magazine flamand Knack, Walter Pauli estime que Di Rupo devrait être plus conscient du fait que son gouvernement ne bénéficie pas d’une majorité en Flandre. « La N-VA est presque aussi forte que les trois partis flamands de la majorité réunis. Les membres de la coalition se passeraient donc volontiers des critiques de Di Rupo à l’encontre de la N-VA. »

Elio Di Rupo continue à défendre le discours de Noël du roi et qualifie la N-VA de « parti très dangereux ».

Walter Pauli: Il est logique qu’il défende le discours de Noël du roi : le premier ministre a donné lui-même son feu vert au texte. De plus, des membres du CD&V tels que Kris Peeters ont fait comprendre qu’ils attendaient une bonne explication de la part du premier ministre. Di Rupo a estimé devoir en fournir une. Seulement celle-ci a été comprise en Flandre comme « adding insult to injury ». Etait-ce consciemment? Oui, dans le sens où Di Rupo voulait absolument faire valoir ses arguments : la N-VA est un parti dangereux pour la survie de la Belgique. Dans un certain sens, on pourrait même dire que cette phrase relève de la pure logique, et que beaucoup de membres de la N-VA approuveraient cette thèse avec fierté.

Di Rupo était le dernier à pouvoir le dire. Mais s’il avait prétendu le contraire – « S’il y a quelque chose que je ne crains pas ou qui ne m’inquiète pas, c’est bien la N-VA » – il aurait également déclenché la polémique.

La question est donc de savoir si Di Rupo avait raison d’évoquer la N-VA dans le contexte actuel. Il était évident qu’on lui poserait la question même si un enfant pouvait prévoir que « la N-VA est dangereuse pour le pays » serait abrégée à « la N-VA est dangereuse ». Si ce genre d’affirmations est fort bien reçu par la base PS de Di Rupo, les membres flamands de la coalition s’en passeraient volontiers.

Di Rupo devrait être plus conscient que son gouvernement ne dispose pas d’une majorité en Flandre, que la NV-A est presque aussi forte à elle toute seule que les trois partis de la majorité flamande réunis. Que, s’il souhaite vraiment que les membres flamands de la coalition se renforcent, il doit mieux estimer leur position difficile, y compris la concurrence subie par l’Open VLD et le CD&V de la part de la N-VA vis-à-vis de leur électorat flamand entreprenant. Dans ce sens, les propos de Di Rupo n’étaient absolument pas raisonnables. Les réactions des présidents du Open VLD et du CD&V parlent d’elle-même.

La réaction de la N-VA à l’encontre du discours du roi était-elle exagérée?

Walter Pauli: En tous points, Bart De Wever a réagi le plus vivement possible. S’il n’a tout juste pas exigé l’abdication du roi, il lui refuse le droit d’encore jouer un rôle dans la formation. Sa réaction impassible suite à l’interview de Di Rupo prouve qu’il est conscient d’avoir énoncé des propos « à la limite ». De Wever ne doit pas, non plus, rouler des mécaniques tous les jours. Il doit tenir compte de la coalition anversoise . Il collabore avec le CD&V et l’Open VLD, les deux membres du gouvernement fédéral qui ont le plus à perdre et donc le plus à craindre de la N-VA.

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