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Les journaux flamands avertissent d’une victoire à la Pyrrhus

Le Vif

Après la victoire éclatante de la N-VA dimanche, la presse flamande mettait en garde lundi matin des risques d’une victoire à la Pyrrhus, un succès qui ne pourrait se concrétiser dans les faits.

Les nationalistes flamands peuvent bien avoir le plus grand nombre de voix, ils ne sont pas pour autant incontournables. Le CD&V détient les clés de la prochaine coalition, selon les éditorialistes. De Tijd avertit toutefois d’un éventuel risque à sous-estimer le signal donné par l’électeur flamand. « Laisser de côté le plus important parti du pays ébranle la crédibilité de l’ensemble du système belge », écrit Isabel Albers.

Pour Yves Desmet, du Morgen, Bart De Wever a surtout été chercher ses voix à l’extrême droite et n’est pas parvenu à convaincre l’électeur du centre. Pour lui, ce sont les démocrates-chrétiens flamands qui ont la solution. « Pour logique que puisse paraître une majorité bipartite en Flandre, elle compliquerait toutefois les négociations au fédéral, voire les rendrait impossible. Car quel partenaire francophone sera prêt à se jeter à l’eau avec Bart De Wever, surtout en sachant qu’il y a une alternative », s’interroge M. Desmet.

Isabel Albers, du Tijd, relève que Bart De Wever ne s’était jamais exprimé de manière aussi modérée que dimanche soir après son succès. Cela traduit, selon elle, l’évidence que le roi Philippe va laisser l’initiative au chef de file de la N-VA. Elle estime que les partis francophones feraient mieux de considérer sérieusement le signal fort donné par l’électeur flamand. « Ils devraient se rendre compte que, de façon assez paradoxale, afin de sauver la Belgique, ils feraient mieux de donner toutes les chances à la N-VA pour former un gouvernement. »

Bart Sturtewagen, dans les colonnes du Standaard, salue une prestation exceptionnelle de la N-VA, tout en reconnaissant la difficulté de la tâche à venir. « Alors que De Wever cherchera rapidement un accord en Flandre, le CD&V voudra certainement d’abord obtenir une garantie au fédéral. Si la N-VA n’y trouve aucun partenaire et que la coalition Di Rupo est la seule alternative, pourquoi gouverner avec la N-VA à la Région? C’est un grand risque dans l’optique de la sixième réforme de l’État. »

Liesbeth Van Impe, du Nieuwsblad, estime aussi que la N-VA, malgré son brillant succès, n’est pas incontournable. La formation n’a pas pris l’électorat des bons partis, selon elle. « Les pourcentages de la LDD et du Vlaams Belang vont moins rapporter au parti », écrit-elle, ajoutant que la tripartite classique ressort finalement renforcée du scrutin de dimanche.

Enfin, dans Het Laatste Nieuws, Jan Segers a également relevé le ton particulièrement modéré de Bart De Wever, à l’issue des résultats. « Pour arriver au pouvoir, il reste dépendant du bon vouloir des autres partis. Il devra mériter ces derniers, les reconquérir même. » Et pour ce faire, De Wever devra lui-même mettre les mains dans le cambouis, estime le quotidien.

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