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Les hommages à Guy Spitaels

Le monde politique salue la mémoire de Guy Spitaels depuis l’annonce de son décès.

Le PS perd une figure historique

« Président du PS durant 11 ans, président du PSE, vice-président de l’Internationale socialiste, bourgmestre de Ath pendant 20 ans, député, Vice-Premier ministre fédéral et Ministre-président de la Région wallonne, ministre d’Etat, Guy Spitaels a profondément marqué l’histoire du socialisme belge, de la politique belge et plus largement, la vie de milliers de citoyens de Bruxelles et de Wallonie », souligne le président du PS.

« Celui qui est considéré comme l’un des plus grands Wallons du siècle laissera derrière lui le souvenir d’un homme de coeur, un homme de conviction, un homme d’action qui oeuvra durant toute sa carrière au développement de la Wallonie et à l’affirmation d’un fédéralisme fondé sur trois Régions. Un homme qui avait compris ce que signifie maîtriser son destin tant pour lui-même que pour les autres. Un homme qui a conduit le PS à des scores historiques. Un homme qui a obtenu la reconnaissance de l’éligibilité du Hainaut à l’objectif 1. Un grand intellectuel aussi, auteur récemment encore de plusieurs ouvrages de référence en politique internationale », ajoute-t-il.

« Avec lui, le Parti perd un homme d’exception », dit Thierry Giet.

« Guy Spitaels continuait à marquer les esprits par ses réflexions et ses analyses politiques »

« Que ce soit dans le domaine académique, comme bourgmestre de la ville d’Ath, comme ministre ou comme ministre-président wallon, Guy Spitaels aura su s’élever au-dessus des querelles partisanes pour faire prévaloir une vision ambitieuse du fédéralisme et de l’avenir wallon », disent les co-présidents d’Ecolo Olivier Deleuze et Emily Hoyos.

« Bien que retiré de la scène politique depuis quelques années, Guy Spitaels continuait à marquer les esprits par ses réflexions et ses analyses politiques, parfois à contre-courant des idées reçues, notamment en matière de politique internationale », ajoutent-il.

Pour le président du cdH Benoît Lutgen « le fort engagement (de M. Spitaels) pour la Wallonie en tant que ministre-président du gouvernement wallon puis président du Parlement wallon auront marqué le monde politique belge ».

M. Lutgen souligne aussi « les analyses pointues » du défunt, ainsi que « le plaisir de la lecture de ses ouvrages sur la politique internationale ».

Elio Di Rupo salue « un homme d’Etat de grande envergure »


Le Premier Ministre Elio Di Rupo a salué la mémoire de l’ancien président du PS Guy Spitaels, « un homme d’Etat de grande envergure ».

M. Spitaels « a notamment contribué de manière significative à transformer la Belgique en un pays fédéral avec des Régions et des Communautés aux compétences importantes », relève Elio Di Rupo dans un communiqué.

« Durant les années 80, à la tête du Parti socialiste, Guy Spitaels a modernisé le PS et l’a mené à de grands succès électoraux », ajoute-t-il.

« Erudit, rigoureux, ouvert, il a réussi à conduire une action politique déterminante et à mener une brillante carrière de professeur d’université et d’auteur respecté », conclut le Premier ministre, qui « adresse à son épouse Anne, à son fils Thomas et à toute sa famille ses plus sincères condoléances ».

Didier Reynders : Il avait porté le PS à des niveaux « jamais atteints »

Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR) Guy Spitaels qui laissera selon lui un souvenir « contrasté » en raison de son implication dans des affaires de corruption.

« D’abord je pense à sa famille, à son épouse, Anne, à son fils Thomas. Je leur adresse mes plus sincères condoléances », a-t-il déclaré à quelques journalistes en marge d’une visite en République démocratique du Congo (RDC).

Le dernier souvenir que M. Reynders conservera de ce rival politique est la fête de son 80e anniversaire à Ath et qui avait rassemblé dans sa ville des personnes ayant accompagné son parcours politique.

« Il avait porté le parti socialiste à des niveaux jamais atteints », a rappelé le chef de la diplomatie belge. « Malheureusement, il a été aussi emporté par la tourmente des affaires, et là son rôle été beaucoup plus équivoque », a-t-il ajouté, parlant aussi de la « démesure » qui l’avait fait surnommer « Dieu ».

« J’essaye de garder en mémoire les faits qui m’avaient marqué bien avant » à la tête du PS, a poursuivi M. Reynders, en se souvenant des débats et des affrontements avec l’ancien président du parti libéral, Jean Gol, dans les années 80.

M. Spitaels avait une « force de conviction et de débat » assez importante et, ces dernières années, « un regard un peu décalé parfois sur la réalité politique de notre pays » et un intérêt pour les questions internationales à propos desquelles il avait écrit plusieurs livres.

Charles Michel : « un géant de la politique »

« Nous garderons de Guy Spitaels le souvenir d’un géant de la politique non seulement wallonne, nationale mais aussi internationale. Guy Spitaels y consacrait d’ailleurs beaucoup de temps ces dernières années notamment par la publication d’ouvrages pertinents. Il était un intellectuel de haut vol avec qui il était toujours très intéressant de débattre », a commenté pour sa part le président du MR Charles Michel.

Wilfried martens : un « socialiste du possible » qui s’est « radicalisé »

L’ancien Premier ministre Wilfried Martens, issu de la même génération politique que Guy Spitaels, se souvient de celui-ci comme d’un « socialiste du possible », qui « s’est fortement radicalisé sur le plan communautaire ». « Une grande personnalité » en tout cas.

Guy Spitaels fut vice-Premier ministre dans le premier gouvernement dirigé par Wilfried Martens, en 1979. Il fut l’un des artisans de l’accord communautaire de 1980. « Il était alors un homme modéré, un socialiste du possible, également sur le plan communautaire », note Wilfried Martens.

Après le rejet socialiste du plan de réformes préparé par Wilfried Martens, Guy Spitaels choisit la présidence du PS et mène une opposition dure contre les mesures d’économies menées ensuite par les chrétiens-démocrates et les libéraux.

Sur le plan communautaire, M. Martens se souvient d’une radicalisation de Guy Spitaels dans les années 1980. « Il y a dû avoir un déclic. Il s’est fortement radicalisé. Dans la dernière interview de lui que j’ai lue, il se montrait très pessimiste sur les relations communautaires. Il disait qu’il ne s’investirait plus pour la Belgique, un avis que je ne partage pas ».

En dépit de leurs divergences, M. Martens était présent l’an dernier à la célébration du 80e anniversaire de Guy Spitaels. « Il était alors en pleine forme. Cela me surprend d’apprendre qu’il soit sans doute décédé d’une tumeur », dit-il encore.

Olivier Maingain : une extrême lucidité

Pour le président des FDF Olivier Maingain, M. Spitaels « était une des rares personnalités wallonnes qui considéraient que la Wallonie, en étroite entente avec Bruxelles, devait prendre son avenir en main, sans tergiverser car la Flandre politique est de moins en moins encline à maintenir les apparences d’un État belge ».

« Si son destin politique n’avait pas été brusquement arrêté par des affaires judiciaires dont la Justice a établi la vérité, Guy Spitaels aurait pu encore assumer un rôle politique éminent et nécessaire au service de la Wallonie et de l’ensemble des francophones alors que son parti s’est davantage réfugié dans les illusions du système politique belge », ajoute M. Maingain.

Le président des FDF souligne que son extrême lucidité, son analyse fine et argumentée sur l’évolution institutionnelle de la Belgique et sur des enjeux géopolitiques majeurs faisaient de Guy Spitaels un pédagogue exceptionnel pour en expliquer toute la signification.

André Flahaut : un grand stratège de la vie politique

Le président de la Chambre André Flahaut (PS) a également souligné les qualités intellectuelles de M. Spitaels. « Un grand Monsieur, un grand intellectuel et un grand stratège de la vie politique belge nous a quittés ».

Willy Claes : il a marqué de son empreinte les années ’80-’90

« Guy Spitaels était une forte personnalité, tant sur le plan académique que politique. Sur le plan politique, il a marqué de son empreinte les années ’80 et ’90 du siècle passé. Pour ceux qui ne le connaissaient pas bien il apparaissait comme un sphinx, mais quand on ne le connaissait il était possible de bien travailler avec lui », a commenté l’ancien dirigeant socialiste flamand Willy Claes. Ce dernier fut, comme Guy Spitaels, vice-Premier ministre dans plusieurs gouvernements Martens.

M. Claes a souligné l’importance du rôle joué par Guy Spitaels dans le développement du PS qu’il a mené jusqu’à plus de 40 pc des suffrages émis, ainsi que sur le plan communautaire où il se montrait résolu et dur en négociation mais avec un grand sens du compromis équilibré.

Les deux hommes se sont retrouvés sur le banc des accusés devant la Cour de cassation dans l’affaire Agusta qui a mis fin à leur carrière politique respective. Willy Claes a dû démissionner de ses fonctions de secrétaire général de l’OTAN et Guy Spitaels de celles de ministre-président wallon. « Je ne comprends toujours pas pourquoi nous nous sommes retrouvés sur le banc des accusés. Après ce procès, Guy Spitaels a totalement rompu avec la politique belge. Il ne voulait plus parler de la période Agusta, se concentrait sur sa carrière académique et se consacrait à la réflexion sur la politique internationale. Il se montrait souvent très critique à l’égard des Etats-Unis », a encore rappelé Willy Claes.

« Un grand homme d’Etat et un brillant intellectuel qui disparaît » (FGTB)

« C’est un grand homme d’Etat et un brillant intellectuel qui disparaît. Guy Spitaels fut le président qui, sans être issu du monde ouvrier, a pu porter le PS au sommet de son assise populaire, notamment en incarnant ce que son successeur appellera ‘le retour du coeur’ face à une politique néolibérale centrée sur l’austérité et le recul des acquis sociaux », a souligné ce mardi la FGTB.

Pour le syndicat socialiste, l’ancien homme fort du PS a aussi été « l’initiateur au niveau fédéral d’un plan de résorption du chômage qui a permis à des milliers de jeunes de ne pas sombrer dans le désespoir ou à trouver un emploi durable au plus fort de la crise des années 80 ».

« Grand artisan de la réforme de l’Etat et fin négociateur, il a pu assoir le fait régional, rehausser la fonction de ministre Président de la Région Wallonne et utiliser les leviers européens pour sortir sa région du marasme dans lequel l’avait plongée la désertion des investisseurs privés dans le secteur de la sidérurgie », ajoute encore la FGTB.

Moureaux : un grand stratège s’en va sur la pointe des pieds

« C’est le départ sur la pointe des pieds de l’un des plus grands stratèges de la vie politique », a souligné l’ancien vice-premier ministre PS Philippe Moureaux sur le réseau Twitter.

Marcourt : « il a participé à la prise de conscience de l’identité wallonne »

« Guy Spitaels est un de ceux qui a participé à la prise de conscience de l’identité wallonne en ‘descendant à Namur’ comme on disait à l’époque », a rappelé pour sa part le vice-président PS du gouvernement wallon, Jean-Claude Marcourt, évoquant de la sorte le choix fait par Guy Spitaels de quitter la présidence du PS pour devenir ministre-président.

Vervoort salue son rôle dans la création de la Région de Bruxelles-Capitale

Le président de la fédération bruxelloise du PS, Rudi Vervoort, a insisté sur les réalisations politiques du défunt, notamment sur le plan institutionnel. « Il a su faire aboutir la volonté commune des socialistes wallons et bruxellois d’obtenir la création de la Région de Bruxelles-Capitale », a-t-il dit.

Martine Aubry : « un des plus grands hommes politiques européens contemporains »

« J’apprends avec une profonde tristesse la disparition de Guy Spitaels, l’un des plus grands hommes politiques européens contemporains, qui a profondément marqué l’histoire du socialisme en Belgique », déclare dans un communiqué la première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry, qui salue la mémoire de l’ex-président du PS belge.

« Véritable homme d’Etat, passionné par les questions sociales, c’est lui qui mena le Parti socialiste belge à de grandes victoires. Il avait le goût et le don d’associer un ‘socialisme du possible’, selon l’expression de François Mitterrand, avec le sens du progrès », ajoute Mme Aubry.

La responsable du Parti socialiste français salue un « homme de coeur, brillant intellectuel » et à l' »énergie extraordinaire » déployée pour « développer la région wallonne ».

« Les socialistes français lui rendent aujourd’hui hommage et s’associent à la tristesse de leurs camarades belges, ainsi qu’à celle de la famille de Guy Spitaels. Nous les assurons de notre amitié », conclut Martine Aubry.

Le Vif.be, avec Belga

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