Khalid (à gauche) et Ibrahim El Bakraoui. © Belga

Les frères El Bakraoui formellement identifiés comme kamikazes

Deux frères liés aux attaques de novembre à Paris ont participé aux attentats suicide perpétrés mardi à Bruxelles, a confirmé mercredi le procureur fédéral belge, au premier jour de deuil national en hommage aux 31 tués et 270 blessés.

Vingt-quatre heures après les attentats revendiqués par l’organisation Etat islamique qui ont frappé mardi matin l’aéroport de Bruxelles puis la station de métro de Maelbeek en plein quartier européen, le procureur Frédéric Van Leeuw a confirmé que deux des auteurs étaient les frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui, recherchés pour leurs liens avec les attentats du 13 novembre à Paris.

Ibrahim El Bakraoui a été identifié comme l’un des deux kamikazes à l’origine de deux explosions qui se sont succédé à 07H58 (06H58 GMT), à quelques secondes d’intervalle, dans le hall des départs de l’aéroport international, a expliqué le procureur.

L’homme occupe le milieu de la photo captée par les caméras de vidéo-surveillance de l’aéroport et diffusée mardi par la police. Elle montre trois individus poussant des chariots à bagages, peu de temps avant les deux explosions qui ont éventré le hall des départs.

« Le second kamikaze, à gauche sur la photo, n’a pas encore été identifié », a-t-il précisé.

« Le troisième suspect, vêtu d’une veste claire et portant un chapeau », est en fuite », a-t-il ajouté. « Son sac contenait la charge la plus importante », a-t-il expliqué. Elle a explosé plus tard que prévu « après l’arrivée du service de déminage », sans faire de victimes, a observé le procureur.

Ce dernier n’a rien dit sur Najim Laachraoui, un fugitif lié aux attentats de Paris, dont des médias belges avaient annoncé l’arrestation avant de se rétracter. Une opération de police était en cours mercredi dans le quartier populaire d’Anderlecht, selon des journalistes de l’AFP.

Le frère d’Ibrahim, Khalid El Bakraoui, a lui été reconnu comme le kamizake qui a attaqué la station de métro Maalbeek, selon M. Van Leeuw. Il a été identifié par ses empreintes.

Les frères El Bakraoui, connus des services de police pour des vols avec violences et braquages, ont été mentionnés par les médias belges en lien avec la traque du suspect-clé des attentats de Paris, Salah Abdeslam, capturé vendredi dans la commune bruxelloise de Molenbeek après quatre mois de cavale.

Khalid El Bakraoui aurait loué sous un faux nom une planque à Charleroi d’où sont partis une partie des commandos du 13 novembre, et un appartement de la commune bruxellloise de Forest, où une perquisition de routine le 15 mars avait permis de retrouver la trace d’Abdeslam.

Plus de 40 nationalités

La confirmation de la participation des frères El Bakraoui aux attentats de Bruxelles établit un lien direct entre le réseau à l’origine des attentats de Paris (130 morts) et ceux de mardi à Bruxelles, les plus meurtriers jamais commis dans la capitale belge et européenne.

Elle renforce les inquiétudes sur la capacité des réseaux jihadistes belges à continuer à mener des attentats sanglants malgré le renforcement des mesures de sécurité à travers l’Europe et la pression policière qui s’est considérablement renforcée depuis les attentats de Paris.

D’autant que, selon le procureur, l’appartement perquisitionné mardi dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, où les autorités ont retrouvé un drapeau de l’Etat islamique et un engin explosif, recelait un véritable atelier de fabrication de bombes: « 15 kilos d’explosifs de type TATP, 150 litres d’acétone, 30 litres d’eau oxygénée, des détonateurs et une valise remplie de clous et de vis ainsi que du matériel destiné à confectionner des engins explosifs ».

C’est dans une poubelle de cette rue que les enquêteurs ont retrouvé un ordinateur contenant un message « testament » d’Ibrahim El Bakraoui, selon le procureur.

Il y déclare « être dans la précipitation », « ne plus savoir quoi faire » et « être recherché de partout ». Il semble avertir les destinataires -non précisés- du message que « s’ils s’éternisent, ils risquent de terminer à coté de lui ». Une allusion apparente à Salah Abdeslam incarcé à Bruges dans l’attente d’un transfèrement réclamé par la France.

Enfin, le procureur a confirmé que c’est le chauffeur de taxi qui avait conduit les trois hommes à l’aéroport qui avait conduit la police jusqu’à l’appartement de Schaerbeek.

Le parquet a par ailleurs fourni un nouveau bilan provisoire de ces attaques: 31 morts et 270 blessés.

‘Surréalisme belge’

Dans cette ville cosmopolite, « probablement plus de 40 nationalités » ont été touchées, selon le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Une Péruvienne et une Marocaine sont décédées, tandis que 10 Français, deux Britanniques et trois Américains ont été blessés, selon des données encore provisoires

Alors que débutaient trois journées de deuil national, une minute de silence a été observée en différents points de la capitale belge à midi, comme au rond-point Schuman, au coeur du quartier européen, en présence du couple royal, Philippe et Mathilde, et du Premier ministre Charles Michel.

Plusieurs milliers de personnes ont marqué un temps d’arrêt dans le centre-ville et notamment place de la Bourse, devenue le site emblématique de recueillement et d’hommage aux victimes.

« Hier soir, je suis venue poser une bougie et je repasse ce matin par solidarité avec les victimes et leurs familles. C’est important de se retrouver ici avec d’autres gens, c’est chaleureux. On pensait que ça ne pouvait arriver qu’ailleurs et non, c’est là, tout prêt, c’est dégueulasse », a indiqué à l’AFP Latifa Charaf, 50 ans, enseignante à Bruxelles.

L’aéroport de la capitale restera fermé encore au moins jeudi.

Plusieurs stations de métro ont rouvert sous la surveillance de soldats mais étaient beaucoup moins fréquentées que d’habitude.

« Je prends le métro, peu importe ce qui arrivera, je ne vais pas abandonner mon mode de vie pour un connard qui se fait exploser », déclarait un jeune employé prénommé Vasco, arrivé en train depuis Enghien à 30 kilomètres de Bruxelles. « Dans le train, il y avait des gens qui blaguaient sur ce qui s’est passé hier. C’est le surréalisme belge, ça ne mourra pas », sourit-il.

Contenu partenaire