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Les francophones aveuglés par le CD&V

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les chrétiens flamands ont un pouvoir surdimensionné dans la coalition actuelle et seront incontournables après les élections du 25 mai. Avec un cap clair : très flamand et très à droite.

Le parti chrétien flamand a beau ne plus être la locomotive électorale d’antan, il n’en pèse pas moins de tout son poids sur le paysage politique. Moins arrogant, plus subtil, mais toujours d’une efficacité redoutable, il se sert de la Belgique pour servir avant tout les intérêts de la Flandre.

Plaque tournante de la tripartite fédérale, le CD&V a beaucoup moissonné durant la courte législature Di Rupo : réforme de l’Etat, rigueur budgétaire, aménagements de la Sécurité sociale… Un ogre, l’air de rien. D’ores et déjà, le parti de Kris Peeters et Wouter Beke s’impose comme la clé de voute de la coalition qui verra le jour au lendemain des élections du 25 mai. Qu’elles débouchent sur un gouvernement de droite avec la N-VA ou un renouvellement de l’équipe actuelle, il en sera. Les francophones sont liés au CD&V, contraints et forcés : sans lui, les politologues prédisent le chaos.

De nombreux observateurs estiment que le CD&V prépare en douce pour l’après-mai une alliance avec la N-VA, sur le modèle anversois. Après les communales d’octobre 2012, il n’avait pas hésité à casser son cartel avec le SP.A pour gérer la première ville de Flandre avec Bart De Wever en personne. Dans son livre paru mi-décembre 2013, le vice-Premier ministre fédéral MR Didier Reynders estime même que CD&V et N-VA ne constituent peut-être pas un cartel mais que « cela en a le goût et la couleur ».
Plus que son profil flamand aiguisé, c’est l’évolution idéologique du parti chrétien qui est marquante ces dernières années. Tour à tour, les ténors de son aile gauche, l’ACW, ont quitté le navire. L’ancien vice-Premier ministre Steven Vanackere, son dernier représentant, a annoncé fin décembre qu’il quitterait la politique faute d’avoir reçu une place éligible sur la liste européenne du parti.

L’ancien Premier ministre Yves Leterme, lui, a préféré resté à la vice-présidence de l’OCDE plutôt que d’affronter les électeurs. Définitivement laminée, l’ACW ? « Le CD&V a pris un cap très à droite, estime le politologue de l’ULB Pascal Delwit. Chaque fois qu’il a pris position, ces derniers temps, ce n’était jamais sur une ligne ACW. C’est d’ailleurs curieux d’un point de vue électoral. Les analyses faites en 2010 ont montré que l’électorat ACW était globalement resté. C’est celui de droite qui est parti pour la N-VA. Il y a visiblement la volonté de le récupérer, ce qui est loin d’être gagné. »

O.M.

Lire l’intégralité du dossier d’Olivier Mouton dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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