Les enfants devraient pouvoir donner des vacances à leurs stigmates

Deux semaines en Toscane, un stage de voile ou encore une merveilleuse journée à Euro Disney. Ce sont autant de choses que les enfants adorent raconter par le menu lors de la rentrée. Souvent leur été fut si riche en évènements, qu’ils ne savent pas par où commencer.

Dans chaque classe, il y a aussi des enfants qui sont étrangement muets. C’est parce qu’ils n’ont pas grand-chose à raconter. Dans le meilleur des cas, ils sont partis une journée à la mer où ont participé à une fête de quartier. Les parents ne pouvaient guère leur offrir plus.

« Avant, mes deux fils jouaient en rue durant les deux mois, ici sur la pelouse du coin » me raconte Saskia lors d’un reportage l’été dernier. « Mais depuis peu, ils n’y sont plus les bienvenus. Ils font trop de bruit et leur ballon passe trop près des passants ». Du coup Saskia, qui n’a que sa prime d’invalidité pour subvenir à ses besoins, épargne chaque centime pour pouvoir leur offrir une PlayStation. « J’espère juste que l’été ne sera pas trop chaud. » Soupire-t-elle.

Elle n’est pas la seule mère qui doit mettre de côté pour passer, sans encombre, l’été avec ses enfants. Geertrui, par exemple, met chaque mois 10 euros dans sa tirelire pour disposer de 100 euros en été. Durant tout l’hiver, elle part à la recherche des plus chouettes choses à faire pour cette somme. Une année, c’est pour une journée à Bellewaerde, une autre pour une journée à Blankenberge ou une représentation pour les enfants lors des Gentse Feesten. De cette façon, ses enfants auront tout de même quelque chose à raconter à leur maitresse.

Pas de glace

Des mères comme Saskia et Geertrui ne sont pas des exceptions. En Flandre, 10 % des enfants sont nées dans une famille pauvre. 20% ne savent pas se payer une semaine de vacances hors de leur maison. Il y a pourtant assez d’endroits où l’on peut se rendre gratuitement avec ses enfants me direz-vous. La plage, les bois ou encore des plaines de jeux par exemple. L’entrée y est effectivement gratuite, mais n’allez pas croire que cela n’entraîne aucun frais. À moins que vous ne refusiez à vos enfants au regard envieux ces chips, boissons ou autre glace.

Il existe bien sûr de nombreuses initiatives qui cherchent à offrir aux enfants pauvres des excursions ou même des vacances. Seulement, ils se retrouvent alors avec leur compagnon d’infortune. Et c’est là que le bât blesse. Pour avoir une chance d’une vie meilleure, il est crucial d’avoir des amis de toutes conditions sociales. Même quand on a douze ans. Les enfants des familles pauvres sont déjà si souvent mis de côté. Ils ne peuvent pas s’offrir les excursions en forêt ou à la mer, pas plus que les anniversaires où leurs parents ne peuvent acheter un petit cadeau. Même organiser leur anniversaire à la maison est problématique. Mais pour les vacances serait-il possible, s’il vous plait, qu’il fasse partie du groupe pour un instant ?

Durant les mois d’été, des milliers d’euros sont investis dans les barbecues et fêtes de quartiers. Et ce dans le but de créer un esprit de quartier et éviter que l’aigreur et la défiance s’installent. Un noble but pour lequel les entités locales n’hésitent pas à investir, mais qui loupe régulièrement sa cible.

Pour vraiment faire la différence, ils feraient mieux d’investir dans des journées de jeux gratuites dans des piscines, des terrains de foot ou domaines provinciaux. Peu importe dans le fond, du moment que cela intéresse toutes les catégories sociales. Car cela permettrait aux enfants qui vivent la pauvreté au quotidien d’être en vacances de leurs stigmates.

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