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Les élèves sont-ils heureux en Belgique ?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

L’école est un lieu d’apprentissage pour les élèves, mais c’est aussi un lieu de vie où ils ont besoin de s’épanouir pour développer des compétences sociales et affectives. Qu’est-ce qui rend les élèves heureux à l’école ? PISA leur a posé la question.

La dernière étude PISA réalisée en 2015 et publiée début 2018 s’intéressait aux résultats obtenus par les élèves de 15 ans des pays de l’OCDE. Elle s’est également penchée sur le bien-être des élèves.

L’étude s’est penchée sur un certain nombre de facteurs qui peuvent interférer avec celui-ci : l’anxiété, le harcèlement, la motivation, la relation avec le corps enseignant, mais aussi l’hygiène de vie.

Les élèves sont satisfaits de leur vie

En moyenne, les élèves de 15 ans des pays de l’OCDE se disent satisfaits de la vie qu’ils mènent, selon l’étude PISA. Ils évaluent leur degré de satisfaction à 7.3 sur une échelle allant de 0 à 10.

Parmi les élèves, les filles et les élèves défavorisés ont tendance à être le moins satisfaits de leur vie. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les chercheurs n’ont pas constaté de lien entre les (bons) résultats scolaires et le niveau de satisfaction global à l’égard de la vie. Il n’existe pas non plus de rapport entre le temps consacré à l’apprentissage (à l’école ou en dehors) et le niveau de satisfaction.

Par contre, les élèves chez qui la satisfaction est plus élevée que la moyenne déclarent obtenir beaucoup de soutien de la part de leurs enseignants, à l’inverse de ceux se trouvant en deçà de la moyenne.

Si l’on s’intéresse aux pays, ce sont la République dominicaine, le Mexique et le Costa Rica qui se trouvent dans le peloton de tête, faisant dire également qu’il n’ a pas de lien entre le PIB d’un pays et le niveau de satisfaction de ses élèves. La Belgique (des résultats ne sont disponibles que pour la Fédération Wallonie-Bruxelles) se situe dans la moyenne avec un niveau de 7.5 sur 10. En bas du classement se trouvent trois pays asiatiques : Japon, Corée et Chine.

L’anxiété liée au travail scolaire

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Pour beaucoup d’élèves, les devoirs et les interrogations sont davantage une source de stress qu’une incitation à apprendre. PISA a évalué cette anxiété liée au travail extrascolaire et montre que ce stress peut affecter les performances des élèves, mais aussi leur bien-être général.

En effet, dans les pays de l’OCDE, plus d’un élève sur deux déclare se sentir très angoissé à l’approche des examens, même s’il s’y est bien préparé. Un état qui est plus courant chez les filles (64 %) que chez les garçons (47%).

PISA constate également que l’anxiété liée au travail scolaire est en relation négative avec les résultats scolaires et la satisfaction à l’égard de la vie. Les sujets qui angoissent les plus les élèves sont la peur de ne pas réussir une interrogation (59%) et la peur d’avoir de mauvaises notes (66%).

En Belgique, c’est le fait d’avoir de mauvaises notes qui angoisse le plus les élèves (65%), 56 % déclarent avoir souvent peur de rater un contrôle, tandis que 54 % deviennent nerveux lorsqu’ils n’arrivent pas à résoudre un problème à l’école (la moyenne de l’OCDE est de 52%). De plus, 42 % déclarent être angoissé à l’approche des examens (la moyenne de l’OCDE est de 55%), même s’ils sont bien préparés, mais seuls 28 % se disent très tendus lorsqu’ils étudient (la moyenne de l’OCDE est de 37 %).

La motivation pour réussir

La motivation est souvent ce qui fait la différence entre la réussite et l’échec, affirme le rapport PISA et ce, dans tous les domaines de la vie. Motiver les élèves est donc un défi que les enseignants doivent relever chaque jour. Or, c’est souvent à l’adolescence que la motivation de travailler pour l’école diminue.

L’étude PISA nous apprend que les filles sont plus susceptibles que les garçons de déclarer vouloir obtenir d’excellentes notes pour pouvoir choisir les meilleurs opportunités possibles pour leur avenir. Toutefois, les garçons ont plus tendance à se décrire comme ambitieux et à vouloir obtenir les meilleurs résultats dans tout ce qu’ils font.

Dans tous les pays étudiés par PISA, sauf la Belgique et la Suisse, les élèves défavorisés sont moins motivés à réussir que les élèves favorisés. Par contre, en moyenne les élèves issus de l’immigration sont plus motivés que les autochtones.

PISA constate également que la motivation est en lien positif avec les résultats obtenus et la satisfaction à l’égard de la vie. Dans le même temps, les élèves qui déclarent vouloir obtenir les meilleures notes de la classe sont aussi les plus angoissés à l’approche d’un test, même lorsqu’ils sont bien préparés.

Une relation avec les enseignants qui peut tout changer

L’étude PISA révèle que le sentiment d’appartenir à une « communauté scolaire » a un impact positif sur la motivation des élèves et sur leurs résultats. Les relations qu’ils entretiennent avec les enseignants et l’ambiance qui règne dans l’établissement peuvent influer sur ce sentiment d’appartenance.

À l’école, le sentiment d’appartenance donne aux élèves l’impression d’être en sécurité, d’avoir une identité et d’appartenir à une communauté, ce qui a un impact positif sur leur développement social.

Dans tous les pays étudiés, la majorité des élèves déclarent avoir le sentiment d’appartenir à une communauté scolaire, même si ce sentiment a faibli depuis 2003. Toutefois, les élèves défavorisés sont 7.7% moins susceptibles d’éprouver ce sentiment. Pour les élèves immigrés (première génération), ils sont 4.6 % moins susceptibles d’éprouver ce sentiment. Les élèves qui déclarent se sentir comme des étrangers à l’école sont également trois fois plus susceptibles de ne pas être satisfaits de leur vie.

Environ 20 % des élèvent estiment être victime d’injustice de la part de leur professeur au moins une fois par mois. Cette injustice perçue peut avoir un impact sur le sentiment d’appartenance des élèves à la communauté scolaire et de là sur leurs résultats. Le soutien des professeurs et leur capacité à régler les problèmes de manière pédagogique a donc un impact considérable sur le bien-être des élèves.

La plupart des jeunes déclarent se sentir en phase avec les autres à l’école, toutefois certains pays font office d’exceptions. C’est le cas à Macao (Chine), en République dominicaine et en Turquie où une minorité non négligeable d’élèves déclarent se sentir seuls à l’école.

Le harcèlement au centre des préoccupations

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Le harcèlement est un sujet qui est au centre des préoccupations du monde enseignant et des parents. Et pour cause, il a un impact important sur les bien-être des élèves.

En effet, les élèves harcelés ou harceleurs (voire les deux à la fois) sont plus susceptibles de manquer les cours, de sombrer dans le décrochage scolaire et d’obtenir de moins bons résultats que leurs camarades. Ils sont également plus susceptibles de présenter des symptômes de dépression et d’anxiété. Des problèmes qui peuvent perdurer à l’âge adulte : sentiments d’isolement, manque de confiance en soi, troubles alimentaires, désintérêt.

Environ 4% des élèves se disent frappés ou bousculés par d’autres au moins quelques fois par mois, 11% indiquent être moqués par les autres dans le même intervalle de temps. Si les garçons sont plus souvent victimes d’agression physiques, les filles se plaignent de souffrir de mauvaises rumeurs. Les élèves immigrés sont également plus susceptibles d’être victimes de harcèlement. Ainsi que les élèves peu performants.

En Belgique, 7.2 % des élèves (la moyenne de l’OCDE est de 8.9%) déclarent être souvent harcelés. Les rumeurs et les moqueries étant les « armes » les plus souvent utilisées à l’encontre des camarades.

Par voie de conséquences, les élèves les plus harcelés sont moins susceptibles de développer un sentiment d’appartenance à l’école et sont moins satisfaits de leur vie. Ils sont aussi plus susceptibles de s’absenter.

Le harcèlement est plus présent dans les établissements où le redoublement est plus fréquent, où le niveau de discipline n’est pas satisfaisant et où les élèves estiment que leurs professeurs sont injustes envers eux. On constate donc une nouvelle fois que les professeurs peuvent avoir un impact important sur le bien-être de leurs élèves. PISA recommande d’ailleurs qu’un volet « prévention du harcèlement » soit intégré à la formation des enseignants.

L’emploi du temps des élèves en dehors de l’école

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Il va de soi que l’hygiène de vie a un impact sur le bien-être des élèves. Ainsi, PISA les a interrogé sur leurs habitudes en matière d’activité physique et sur leurs habitudes alimentaires. Une activité physique régulière est aussi liée à de meilleurs résultats scolaires.

Environ 6.6% des élèves de l’OCDE ne pratiquent aucune activité physique en dehors du cadre scolaire. C’est d’ailleurs plus souvent le cas des filles que des garçons.

En Belgique, les élèves font peu d’activité physique durant les heures de cours. En moyenne dans l’OCDE, plus de 60% des élèves déclarent pratiquer au moins deux jours d’activité physique par semaine. En Belgique, ils sont seulement 45% dans ce cas.

Concernant l’activité sportive en dehors de l’école, la Belgique se situe par contre légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE. En effet, 70 % des élèves affirment faire du sport après l’école (45 % avant les cours). Alors que la moyenne se situe autour des 65 % après l’école et 45 % avant.

Selon PISA, les élèves qui pratiquent une activité physique régulière ont de meilleurs résultats scolaires. Les élèves qui sont inactifs en dehors de l’école sont également plus angoissés, plus souvent harcelés, sont plus susceptibles de manquer les cours et de se sentir comme étrangers à l’école. Ils sont également 26 % de garçons et 18 % de filles à ne pas prendre de petit-déjeuner avant d’aller à l’école. En Belgique, c’est le cas pour environ 17 % des élèves.

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