Incendie à la centrale de Tihange le 30 novembre 2014. © BELGA/Nathalie Evrard

Les défauts des centrales nucléaires sont aussi plus gros et plus nombreux qu’annoncé

Les défauts des cuves des réacteurs Doel 3 et Tihange 2 ne sont pas seulement plus nombreux, leurs dimensions ont également été revues à la hausse. Tant la taille moyenne que la taille maximale de ces défauts sont plus importantes qu’annoncé, rapporte Le Soir samedi.

A la fin 2014, une « requalification » de la méthode de détection des défauts a entraîné un réexamen des mesures réalisées en 2012. A Tihange et à Doel, la taille moyenne des défauts a augmenté d’environ 10%.

Mais la révision la plus significative concerne les dimensions des défauts les plus importants. Dans le réacteur Tihange 2, la taille maximale mesurée passe de 38 à 61,8 millimètres (+ 60%) dans la partie supérieure de la cuve, la plus affectée par les défauts.

A Doel, la taille des défauts les plus grands dans la partie supérieure passe de 31 à 40,6 millimètres. Et dans la partie inférieure, la plus affectée par les microfissures, les plus importants défauts ne sont pas de 67,9 mais bien de 90,6 millimètres (+30%), soi neuf centimètres de défaut identifiés.

« Pas d’évolution des défauts dus à l’hydrogène », selon Electrabel

Les défauts dus à l’hydrogène apparus dans les réacteurs nucléaires de Doel 3 et Tihange 2 n’ont pas évolué, assure samedi Electrabel. Au cours des derniers tests – qui sont toujours en cours – le gestionnaire des centrales a augmenté la sensibilité des paramètres d’analyse, indique une porte-parole, réagissant à la publication dans le journal Le Soir d’un article faisant état de microfissures plus importantes qu’annoncé.

Les tests supplémentaires ont été convenus entre Electrabel et l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN) lors du redémarrage des deux réacteurs en juin 2013. Il s’agissait de vérifier la résistance des matériaux irradiés et la qualité des techniques d’inspection afin de s’assurer que l’on puisse détecter les défauts avec le plus de précision possible.

Pour atteindre le niveau optimal de sécurité, Electrabel a rehaussé la sensibilité des paramètres d’analyse. C’est pour cette raison, selon l’entreprise, que les valeurs publiées samedi sont un peu plus élevées qu’initialement annoncé. Concernant la taille des défauts, elle n’a pas évolué, estime encore le gestionnaire. « Les tests menés successivement en 2012, 2013 et 2014 ont toujours donné les mêmes résultats », l’augmentation des valeurs est donc due à la modification de la sensibilité des paramètres, estime-t-il.

La porte-parole rappelle que les tests sont encore en cours. « Nous essayons de les conclure le plus rapidement possible pour transmettre les rapports à l’AFCN afin qu’elle puisse prendre une décision concernant le redémarrage des centrales. »

Nucléaire Stop demande que les réacteurs de Doel 3 et Tihange 2 ne redémarrent jamais

Nucléaire Stop a déclaré, samedi dans un communiqué, qu’au vu des nouvelles informations concernant le nombre et la dimension des fissures dans les réacteurs nucléaires de Doel 3 et Tihange 2, ces réacteurs ne devraient jamais redémarrer. Ecolo et Groen ont quant à eux appelé Electrabel et l’AFCN a faire toute la lumière sur l’état des réacteurs, jugeant que « s’il y a le moindre risque, ces centrales doivent fermer définitivement ».

« Le comité d’action antinucléaire d’Aix-la-Chapelle (AAA), avait posé de nombreuses questions relatives aux réacteurs de Doel et Tihange à l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN) », explique Léo Tubbax, porte-parole de Nucléaire Stop, qui collabore très fréquemment avec le AAA.

Dans sa réponse, l’AFCN fait état de fissures plus nombreuses mais également plus étendues puisque certaines atteignent 9 centimètres. « Il reste à savoir si l’AFCN connaissait ces valeurs à l’époque mais qu’elle les a dissimulées et qu’elle a publié seulement les plus petites valeurs ou si elle a recalculé les valeurs trouvées en 2012 », peut-on lire dans le communiqué. Pour Nucléaire Stop, qui demande que ces réacteurs soient débranchés du réseau de façon permanente, ces nouvelles données « montrent que les déclarations rassurantes qu’Electrabel et l’AFCN ont publiées concernant le caractère stable des fissures pendant l’exploitation sont fausses ».

Dans un communiqué, Jean-Marc Nollet, chef de groupe Ecolo à la Chambre, a pour sa part demandé « qu’Electrabel et l’AFCN fassent toute la clarté ». « Le ministre Jan Jambon doit faire toute la clarté sur les informations déjà collectées et celles qui doivent encore l’être. S’il y a le moindre risque, ces centrales doivent fermer définitivement », a ajouté Kristof Calvo (Groen).

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