Tubize garde les stigmates de son passé industriel. © hatim kaghat pour le vif/l'express

Les communales à Tubize, du neuf avec de l’ancien

Le Vif

Retour de l’ancien bourgmestre Raymond Langendries, renforcement de l’équipe de Michel Januth avec Walter Baseggio, arrivée de DéFI… A Tubize, les élections se profilent comme un choix entre retour aux sources, continuité ou nouveauté.

La surprise. Alors que les élections se profilent, les annonces s’enchaînent au sein du paysage politique tubizien. La nouvelle la plus marquante est sans doute le retour annoncé de Raymond Langendries, bourgmestre évincé en 2012 par la coalition PS, MR et Ecolo après dix-sept années au pouvoir. Plutôt que de rester dans l’opposition, l’homme avait alors préféré se retirer complètement. Pour mieux revenir quelques années plus tard ? Lorsqu’on l’interroge sur les raisons de son retour après six années dans l’ombre, Raymond Langendries rappelle n’avoir jamais vraiment quitté la politique.  » Je suis resté actif au sein de la commune comme président du Renouveau communal (RC) « , souligne-t-il. Il précise aussi que cette démarche n’est pas seulement personnelle.  » J’ai reçu de nombreuses demandes de la part de citoyens et de membres du Renouveau qui avaient apprécié mon travail et souhaitaient mon retour.  » Il est vrai qu’en 2012, Raymond Langendries affichait le plus haut score personnel des élections avec plus de 2 000 voix de préférence, contre environ 1 200 pour Michel Januth (PS), finalement promu bourgmestre grâce à sa coalition avec le MR et Ecolo.

Raymond Langendries, l'ancien.
Raymond Langendries, l’ancien.© hatim kaghat pour le vif/l’express

Six ans plus tard, Raymond Langendries connaîtra-t-il le même succès ou le bilan de l’actuelle majorité lui fera- t-il de l’ombre ? Le septuagénaire se montre en tout cas critique par rapport au travail de ses successeurs.  » Peu de choses ont été faites durant cette législature et les quelques réalisations qui arrivent à maturité proviennent essentiellement d’initiatives privées. Les autorités en place n’ont pas su empêcher la fermeture de la justice de paix, la restructuration de l’hôpital ou encore la réduction des heures d’ouverture du guichet de la gare. Enfin, la ville est morte au niveau du commerce et des animations, puisque les braderies et le carnaval ont disparu, faute de soutien.  »

Michel Januth, l'actuel.
Michel Januth, l’actuel.© hatim kaghat pour le vif/l’express

Le bilan. Actuel bourgmestre, le socialiste Michel Januth se défend du tableau particulièrement morose dressé par son opposant.  » Les commerces de proximité sont en difficulté partout, et pas seulement à Tubize. Je me suis toujours opposé à la création d’un centre commercial pour préserver ceux-ci, et il y a en projet sur la commune la réalisation d’un centre outlet qui devrait soutenir les commerces locaux tout en apportant une offre différente. En ce qui concerne les animations, nous avons le rôle de les soutenir mais pas de les organiser. Je me suis par contre toujours refusé à signer des chèques en blanc à des organisateurs qui ne présentent pas de projet concret…  »

Tout en admettant ces quelques difficultés qui touchent la commune, Michel Januth tient aussi à rappeler ce qui a été réalisé durant son mandat.  » Toutes les mesures du plan de prévention des risques d’inondations voté en début de législature ont été appliquées ou sont en cours « , affirme le bourgmestre.  » D’importantes avancées ont également été faites au niveau de la remise en conformité des bâtiments communaux et des infrastructures publiques qui étaient particulièrement en mauvais état. Nous avons aussi repris pied au niveau des finances et les comptes sont désormais sains.  »

A la suite des problèmes rencontrés par le passé, le budget de Tubize est en effet sous la tutelle du Crac (Centre régional d’aide aux communes) depuis le début des années 2000. Et si la commune sort petit à petit la tête de l’eau, c’est à coup de grands efforts.  » Je dis toujours qu’à Tubize, il faut faire avec un euro le double de ce que font les autres « , déclare Michel Januth.  » Nous nous démenons pour obtenir des subsides et réaliser toujours plus avec des moyens qui restent limités.  »

Walter Baseggio, le futur ?
Walter Baseggio, le futur ?© hatim kaghat pour le vif/l’express

L’enjeu pour le bourgmestre sera d’avoir la possibilité de poursuivre un travail qu’il n’estime pas encore fini : la remise en conformité des bâtiments publics est un long processus, les infrastructures mises en place pour lutter contres les inondations doivent être entretenues et, vu l’augmentation de la population tubizienne, un nouveau centre administratif est nécessaire pour assurer la qualité des services publics. C’est pourquoi Michel Januth et sa liste L’Equipe du bourgmestre espèrent rempiler pour six années supplémentaires.

 » Je tiens à ce terme d’équipe car nous sommes un groupe soudé, qui travaille en collaboration et est composé de plusieurs mandataires qui se représentent « , précise le bourgmestre. La liste socialiste compte aussi quelques nouvelles têtes comme l’ex-footballeur Walter Baseggio qui a décidé de se lancer en politique pour défendre des thèmes qui lui sont chers comme le sport, la jeunesse et l’éducation.

Face à l’Equipe du bourgmestre, il y aura bien évidemment le Renouveau communal, passé dans l’opposition lors de cette législature. La liste sera menée par Raymond Langendries, qui pointe parmi ses priorités le projet d’urbanisation de l’ancien site des Forges de Clabecq –  » une nouvelle ville dans la ville  » -, la mobilité –  » le contournement mis en place ne suffit pas à répondre entièrement à la problématique  » – ou encore la réintroduction d’animations. Et même s’il incarne un pan du passé de Tubize, Raymond Langendries se veut tourné vers l’avenir :  » Notre équipe est composée pour moitié de mandataires sortants, et pour moitié de nouvelles têtes « , se félicite-t-il.  » Il y a parmi eux plusieurs femmes, des personnes du monde associatif ou encore des jeunes qui incarnent la génération future.  »

Actuellement en coalition avec le PS dans la majorité, le MR et Ecolo devraient, eux aussi, jouer un rôle important dans ces communales. Lors du bilan de leur alliance, dressé début 2018, les trois partenaires se sont dits satisfaits et prêts à continuer dans la même direction si les électeurs leur en offrent la possibilité. Aucun accord n’est toutefois préétabli, ce qui laisse penser que les remous de la campagne pourraient mener à de nouveaux scénarios.

Le pari. Sans oublier qu’un ou plusieurs nouveaux acteurs pourraient bien troubler le paysage politique tubizien. DéFI a en effet annoncé son arrivée dans la commune avec une liste menée par Mourad Abdelali, qui défendra  » la bonne gouvernance, la démocratie participative et la convivialité « . Reste l’inconnue du PTB, qui a évoqué la possibilité de lancer des listes en Brabant wallon et notamment à Tubize, dans la région qui garde les stigmates de son industrie décimée. La décision devrait être prise au mois de juin.

Par Marie-Eve Rebts.

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