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Les chiffres des affaires d’Alain Hubert

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

Climat glacial autour de la Station polaire Princesse-Elisabeth. Des doutes subsistent sur la gestion d’Alain Hubert, son maître d’oeuvre. Le Vif/L’Express a obtenu les documents qui posent question.

Par Ettore Rizza

D’un côté la Fondation polaire internationale, qui a conçu la station Princesse-Elisabeth en Antarctique et la gère depuis. De l’autre l’Etat belge, auquel la Fondation a fait don du petit bijou en 2010. Sous certaines conditions financières qui n’étaient plus respectées depuis deux ans. A la mi-juillet, le secrétaire d’Etat à la Politique scientifique, Philippe Courard, accouche d’un accord. Le 24, dans un communiqué, la Fondation polaire internationale s’est réjouie que cet accord règle le différend financier et permette de sauver la prochaine campagne en Antarctique mais « regrette les initiatives intempestives de certains membres de l’administration de la Politique scientifique risquant de compromettre la campagne 2013-2014, ce qui eût été gravement dommageable pour la pérennité de la station. »

Les « certains » en question ? Philippe Mettens, le patron de la Politique scientifique fédérale (Belspo). Dès le lendemain, dans La Libre, il accuse Alain Hubert de « conflits d’intérêts graves » : parce qu’Alain Hubert préside à la fois la Fondation polaire internationale et le conseil stratégique du Secrétariat polaire, le service public qui fournit ses moyens financiers à la première, et parce que trois structures dans lesquelles sont présents Alain Hubert ou son épouse, Nighat Amin facturent des services à la Fondation.

Le Vif/L’Express s’est procuré les pièces du dossier à charge et à décharge. Notamment un rapport d’audit que le gouvernement avait commandé en 2012 au cabinet Ernst & Young et dont les conclusions ont été rendues en février dernier.

1) L’ASBL Polaris Centre, que préside l’explorateur : elle a remis entre 2009 et 2012 pour près de deux millions d’euros. « C’est notre structure administrative et logistique, l’organisation qui réalise nos projets en Belgique », résume Thierry Touchais, directeur exécutif de la Fondation. La Fondation possède 14 % des parts de l’ASBL et y compte trois administrateurs communs (Alain Hubert, Nighat Amin et l’ancien président de la Banque européenne d’investissement, Philippe Maystadt). Dans le cadre de l’accord avec le gouvernement, il est déjà prévu qu’en septembre, l’inspecteur des Finances examine certaines factures remises par l’ASBL.

2) La coopérative de menuiserie Cherbai, basée à Harsin (Nassogne) et dont Alain Hubert est administrateur : entre 2009 et 2012, elle a facturé à la station un peu plus de 170 000 euros, essentiellement des frais de construction, de livraison, d’installation et de maintenance.

3) La SPRL Partius Analysts, la société de management au travers de laquelle l’épouse d’Alain Hubert facture ses prestations pour la station polaire. L’audit d’Ernst & Young a relevé 74 000 euros pour la période 2009-2010, 56 000 euros en 2010-2011 puis 93 000 euros en 2011-2012. D’après le détail mensuel, ses tarifs journaliers étaient plafonnés à 350 euros jusque fin 2009, avant de passer à 500 euros par jour. Total des factures remises chaque mois sur une année complète, d’avril 2012 à mars 2013 : 100 500 euros pour 199 jours prestés, soit une moyenne de 8 375 euros pour 16,5 jours de travail par mois.

La Fondation polaire a promis de se plier désormais à la réglementation sur les marchés publics. En attendant qu’un nouveau « cadre de coopération » avec l’Etat soit établi, en 2014.

Dans le Vif/L’Express de cette semaine : les explications d’Alain Hubert.

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