Un bureau de vote électronique à Laeken. © BELGA/Thierry Roge

Les campagnes électorales sèment la confusion chez l’électeur

Les campagnes électorales renforcent l’incertitude auprès des électeurs, ressort-il de l’enquête sur le dernier scrutin menée par le consortium de recherche PartiRep qui regroupe de nombreux chercheurs universitaires du nord et du sud du pays.

« Les électeurs sont plus incertains à la fin de la campagne qu’au début », a expliqué Benoît Rihoux (UCL).

Pour appuyer cette affirmation, l’enquête s’est fondée sur les résultats des test électoraux (stemtests) proposés dans certains médias et le succès de l’option « sans opinion ». La campagne électorale apporte au public une grande quantité d’informations, souvent contradictoires et complexes, qui peuvent mener l’électeur à y voir moins clair à l’approche des élections.

Le facteur le plus déterminant est la division de l’opinion publique: plus la population est divisée en deux camps égaux au sujet d’une proposition avant la campagne, plus la campagne produit de l’incertitude. La position des partis joue également un rôle -plus les partis sont divisés sur une proposition, plus la campagne produit de l’incertitude- de même que la complexité de la proposition.

« Les campagnes électorales, surtout lorsqu’elles sont multi-niveaux et qu’elles génèrent une grande masse de signaux vers les électeurs, ne produisent donc pas nécessairement des effets vertueux », estiment les chercheurs. Autre enseignement: les électeurs les plus éduqués votent « plus justement » à la fin de la campagne. Ils sont plus en accord avec les propositions du parti pour lequel ils votent (57,5%, contre 52,7% pour les électeurs dont le niveau d’éducation est faible) et ils sont plus enclins à changer de parti (28%) plutôt que de changer leur position (21,2%), à l’inverse des électeurs dont le niveau d’éducation est plus faible: 26,7% pour le changement de position contre 17,6% pour le changement de parti. L’enquête s’est aussi penchée sur le vote de préférence pour un candidat. Il est en baisse mais il demeure fort quand les électeurs ont la possibilité de voter pour un leader. Le phénomène illustre le poids croissant des grands leaders électoraux.

Là où se présentent des personnalités comme Bart De Wever, Elio Di Rupo, Charles Michel ou Maggie De Block, les électeurs continuent de voter de façon préférentielle. S’il n’y pas de grand leader sur le bulletin de vote, les électeurs auront plus tendance à voter en case de tête.

Le vote pour les partis non traditionnels, comme le PTB, le FDF, le PP et, dans une moindre mesure, la N-VA s’exprime également davantage dans la case de tête. Les motivations pour le vote préférentiel sont d’abord les prises de position et les réalisations du candidat (26%), le contact personnel (25%) et l’ancrage local du candidat (19%).

Une différence notable apparaît entre la Flandre et la Wallonie: 16,2% des sondés mentionnent le contact personnel en Flandre pour 33% en Wallonie. L’enquête s’attache sur les résultats potentiels des élections si le vote n’était pas obligatoire. Les différences ne sont pas très importantes en Flandre. En Wallonie, le PS serait en revanche le grand perdant: il perdrait 4,1% de ses voix aux européennes et 6,1% aux législatives alors que le MR et surtout Ecolo en gagneraient (+2,6% et +2,8% pour le MR et +3,1% et +3,3% pour Ecolo).

Les groupes socialement plus faibles iraient moins voter, selon l’étude. L’enquête a été réalisée en deux vagues, avant et après le scrutin du 25 mai, en face à face et ensuite par téléphone auprès de 2.000 et 1.500 personnes. Elle souffre d’un manque de taille: pour des raisons financières liées aux difficultés de bilinguisme et de réaliser ce genre d’opération en milieu urbain, les Bruxellois n’ont pas été sondés.

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