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Léopold Storme est coupable

Léopold Storme écope d’une peine de 26 ans de réclusion pour les assassinats de ses parents et de sa soeur le 16 juin 2007.

Le jury de la cour d’assises de Bruxelles a déclaré mardi Léopold Storme coupable du meurtre de ses parents et de l’assassinat de sa soeur, le 16 juin 2007. Léopold Storme écope d’une peine de 26 ans de réclusion pour les assassinats de ses parents et de sa soeur le 16 juin 2007.

La cour d’assises a souligné les mensonges et les différentes versions livrés par l’accusé, en fonction des éléments du dossier. Elle a estimé que Léopold Storme n’était pas dans un état de démence le jour des faits, pas plus qu’actuellement.

Seul l’ADN de l’accusé avait été trouvé sur les victimes. Aucune contusion n’était visible sur la tempe de l’accusé qui avait affirmé avoir été frappé à cet endroit par les agresseurs de sa famille. Léopold Storme a menti dès sa première déclaration et notamment au sujet de ses coupures aux mains.

Pour les jurés, il est possible que l’accusé ait tué seul les trois victimes puisque les corps ont été trouvés à deux endroits différents et n’ont pas été poignardés au même moment. Par ailleurs, les jurés ont retenu que l’auteur ne pouvait être qu’un habitué des lieux.

Léopold Storme avait en outre été décrit par un de ses amis comme un « solide gaillard capable de frapper avec force ».

Le mobile du vol a été écarté puisque les victimes étaient en possession d’argent et de bijoux. Le mobile serait la mésentente entre l’accusé et ses parents, malgré la « tentative » des témoins (de moralité) de donner une image unie de la famille. Léopold Storme était de plus fragilisé par le projet de départ de sa petite amie en Erasmus au Canada, selon le jury.

Pour la cour d’assises, les meurtres de la soeur comme celui des parents étaient « sans aucun doute » prémédités. Le coup de téléphone passé par l’accusé juste avant les faits à sa soeur ne pouvait avoir pour seul but que de la faire venir sur les lieux du crime.

La cour d’assises rappelle également que Léopold Storme avait, deux jours avant les faits, consulter le site de la SNCB pour connaître l’horaire des trains du jour du drame effectuant la liaison Bruxelles-Ostende. Il savait déjà dès lors qu’il allait être ce jour là à Bruxelles, alors qu’il devait passer le week-end à la mer, souligne encore la cour d’assises.

Après les faits, l’accusé s’est débarrassé du couteau et de ses vêtements « pour faire disparaître des éléments de preuve importants ».

« Nous sommes très déçus »

Les avocats de Léopold Storme se sont dits déçus et choqués par le verdict. Mes Pierre Huet et Jean-Phillipe Mayence ont déclaré qu’ils étaient surpris que le jury ait suivi le réquisitoire du ministère public en tout point.

Quant à leur client qu’ils ont vu quelques minutes seulement après l’annonce du verdict, ils l’ont décrit comme « abattu ». La famille de Léopold Storme, son parrain, sa tante, sa grand-mère et ses cousins et cousines qui l’ont soutenu jusque-là n’ont fait aucun commentaire. Toutefois, à l’annonce du verdict, sa grand-mère, qui est allée le voir en prison chaque semaine depuis sa détention, a eu un soubresaut de désespoir. Des cousines et des amis de Léopold Storme ont par contre fondu en larmes.

Les parties plaidaient sur la peine depuis ce matin et l’avocat général Bernard Dauchot a une peine de 30 ans de réclusion criminelle. Ce réquisitoire traduit une « concession importante » du ministère public. L’avocat général a requis une « peine proportionnelle aux faits graves » imputés à l’accusé. M. Dauchot a souligné que l’accusé avait tenté d’incendier son école alors âgé de 16 ans. Il est assuré d’une impunité pour ces faits puisqu’il était mineur, a précisé l’avocat général.

Ce dernier a rappelé également le trafic et la consommation de drogue par l’accusé. En théorie, Léopold Storme pourrait bénéficier d’un sursis, n’ayant pas d’antécédents judiciaires, a reconnu le ministère public. Celui-ci ne voit pas de circonstances atténuantes permettant d’atténuer la responsabilité de Léopold Storme, mais ne ferme toutefois pas la porte à cet égard.

La seule circonstance atténuante perçue par le ministère public est peut-être « le monde idéal d’Alice au Pays des Merveilles » créé autour de l’accusé par son entourage. « Ses proches ne se sont pas demandés s’il allait mal et pourquoi », a relevé M. Dauchot. L’accusé, dont le comportement en prison est exemplaire, pourrait facilement se réinsérer selon M. Dauchot.

Le jeune âge de Léopold Storme (23), sa personnalité de type borderline, son évolution notamment au travers de la réussite de ses études et son absence de casier judiciaire, telles sont les circonstances atténuantes invoquées par la défense devant la cour d’assises de Bruxelles. Elle plaidait ainsi pour une peine maximale de 20 ans d’emprisonnement pour Léopold Storme.

Mes Pierre Huet et Jean-Philippe Mayence sont revenus sur l’état mental dit « limite » de leur client. Selon eux, il importait, dans le prononcé de la peine, de prendre en compte sa personnalité fragile, sensitive et anxieuse relevée par l’ensemble des psychiatres.

« Léopold Storme est en tout cas, au moment des faits, un adolescent immature et en difficulté », a poursuivi l’avocat. La défense estime qu’il ne faut pas faire porter de responsabilité par la famille, comme l’a considéré l’avocat général. Celui-ci avait estimé que le manque de compréhension face au mal-être de Léopold Storme par sa famille était la seule circonstance atténuante pour le coupable.

« Il faut penser à toute cette famille qui a été détruite par le chagrin si l’on veut, comme l’a souligné l’avocat général, travailler sur la reconstruction », a réagi Me Huet.

Levif.be avec Belga

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