Marina Tijssen, victime d'une attaque à l'acide dans un Delhaize d'Anvers en février 2015. © BELGA/Benoît Doppagne

Le vitrioleur du Delhaize condamné à 18 ans de prison

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné vendredi Jelle Frenken à 18 ans de prison et à dix ans de mise à disposition du tribunal de l’application des peines pour avoir attaqué une femme de ménage travaillant chez Delhaize avec de l’acide, en février 2015 à Anvers. Le quadragénaire, qui avait auparavant harcelé l’entreprise pendant des mois, devra verser près de 500.000 euros de dédommagement à sa victime et près de 2 millions d’euros à Delhaize.

Jelle Frenken avait commencé à menacer le magasin après avoir perdu son emploi et connu des problèmes financiers. Il avait envoyé plusieurs e-mails dans lequel il réclamait 150.000 euros et avait menacé de mener une attaque en utilisant de l’acide. Il affirmait avoir acheté trois litres d’un produit dont le taux d’acidité atteignait 48 pour cent en vue d’agresser des clients de la chaîne de distribution. Il avait envoyé également des photos de victimes d’attaques à l’acide prises sur Internet. L’homme avait menacé notamment d’attaquer au moins dix clients à l’approche de Noël.

L’homme de 43 ans avait finalement mis ses menaces à exécution le 20 février 2015 en s’en prenant à une travailleuse de 53 ans, Marina Tijssen. La victime dont les jours étaient menacés s’est retrouvée dans le coma. Elle a subi depuis des dizaines d’opérations.

L’agresseur avait pris la fuite après les faits avant d’être appréhendé en France dans la nuit du 5 au 6 mars lors d’un contrôle policier de routine, près de Paris. Il avait été ensuite remis aux autorités judiciaires belges.

Le tribunal l’a reconnu coupable d’extorsion, de tentative d’extorsion ainsi que de tentative d’assassinat. Le prévenu ne pouvait avoir d’autre intention que de tuer la victime vu la substance utilisée, sa quantité et la partie vitale visée, en l’occurrence le visage, a estimé le tribunal.

« Le prévenu a également parlé à la victime pour être sûr d’atteindre son visage. Il ne pouvait pas ignorer les possibles conséquences fatales de son acte. En outre, cet acte a été clairement préparé. Il a effectué des recherches sur Internet, envoyé des courriels pendant plusieurs mois et a testé sur lui-même l’acide », a relevé le tribunal.

Ce dernier a par ailleurs rappelé que le prévenu avait cherché par son acte à gagner de l’argent alors qu’il avait eu toutes les chances d’étudier mais aussi de se soigner, ce qu’il a refusé. Il a pointé aussi l’absence d’émotion dans le chef de Jelle Frenken, y compris lors des audiences.

Le psychiatre judiciaire qui avait examiné le prévenu avait qualifié sa personnalité de psychopathique, paranoïaque et schizophrénique, ajoutant qu’il souffrait de dépression bipolaire et de manque d’empathie.

La victime, Marina Tijssen, a réagi avec satisfaction à la condamnation de son agresseur, expliquant qu’elle tentera désormais de se tourner vers l’avenir. « Je pense qu’il est normal qu’il soit sévèrement puni pour ces faits », a-t-elle dit, rappelant ses souffrances physiques mais aussi mentales. « Emotionnellement, je suis encore une épave. Je revis cet événement à chaque fois. Heureusement, je trouve beaucoup de soutien auprès de ma famille, même si l’impact était très grand pour elle (…). Je trouve inquiétant que ni l’auteur ni sa famille n’ont pu manifester une certaine forme d’empathie ».

L’avocat de la victime de 56 ans, Me Kris Luyckx, a salué la décision du tribunal d’avoir reconnu le prévenu coupable de tentative d’assassinat, estimant que sa cliente et sa famille avaient été entendues par la justice même si l’auteur n’a pas écopé de la peine maximale.

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