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Le spot de GAIA n’est pas raciste ni illégal, mais le CECLR émet des réserves

Le Vif

Le Centre pour l’Égalité des Chances et la Lutte contre le Racisme (CECLR) ne voit pas de discrimination à l’encontre des musulmans dans le spot de GAIA.

Le spot radio de GAIA diffusé le jour de l’Aïd El Kebir (la Fête du Sacrifice), le 15 octobre dernier, « ne constitue pas une infraction à la ‘loi négationnisme’ et n’est pas illégal », écrit le Centre pour l’Égalité des Chances et la Lutte contre le Racisme (CECLR) dans un avis rendu à Fadila Laanan, ministre de l’Egalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans cet avis publié sur son site, le CECLR souligne cependant que si cette « campagne n’est pas illégale », il ne peut qu' »exprimer de nettes réserves sur le procédé ».

Mme Laanan avait qualifié le spot de raciste et envisageait d’entreprendre une action en justice. La ministre y voyait une discrimination de la communauté musulmane et une banalisation de la déportation des Juifs vers les camps d’extermination pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Sur le fond de la question soulevée, le CECLR considère que « sensibiliser, mener un combat pour l’étourdissement des moutons avant leur mise à mort ne pose aucune difficulté, c’est honorable et légitime et certainement pour une association dont l’objet social est le bien-être animal ».

« Que cette campagne soit menée juste avant la fête du sacrifice est justifié puisque c’est à ce moment-là que la question se pose », souligne le Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme.

Dans le spot de GAIA, le mouton parle et dit: « Ils se sont mis à nous crier dessus dans cette langue que personne ne comprend ». Le CECLR ne considère pas que cette phrase peut être comprise comme « musulmans = étrangers » et que « cela peut participer à l’image que l’islam est quelque chose qui ‘nous’ est étranger ».

« C’est implicite et interprétatif », indique le CECLR pour lequel il n’est pas possible d’en tirer la conclusion que l’on se trouverait face à une forme d’incitation à la haine, à la violence ou la discrimination à l’égard des musulmans au sens de la loi antidiscrimination.

Cependant, pour ce qui concerne la « forme », le Centre considère que le fait d’utiliser « des faits comme la déportation ou le génocide pour mener des campagnes de publicité ou de sensibilisation (pour des causes qui n’ont rien à voir avec cela) est particulièrement périlleux et est susceptible de provoquer des dommages (moraux) auprès de certaines personnes ou certains groupes de personnes ».

« C’est leur manquer de respect », souligne le CECLR qui se demande s’il n’eût pas été « plus efficace et pertinent » d’organiser avec la communauté musulmane ou certains de ses représentants une campagne – honorable en soi – pour l’étourdissement des moutons avant la fête du Sacrifice « plutôt que de se mettre dans une position de polarisation (‘eux’ et ‘nous’) et de provocation ».

« Si cette campagne n’est pas illégale, nous pouvons exprimer de nettes réserves sur le procédé », conclut dès lors le CECLR.

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