Tom Vandyck

Le spéculoos d’Obama : nous ne savons plus ce qui est raciste

Tom Vandyck Tom Vandyck est journaliste et correspondant aux États-Unis pour le Knack.be

Après l’affaire du photomontage du quotidien De Morgen, voilà l’histoire du spéculoos raciste pour Obama. La Belgique fait décidément piètre figure dans le monde. Si nous n’arrivons pas à maîtriser ce racisme irréfléchi, nous risquons d’en payer le prix fort.

Que retiendra le monde de la visite d’Obama dans nos contrées? Qu’aux Pays-Bas il se tenait devant La Ronde de nuit de Rembrandt et qu’en Belgique il a été accueilli par un spéculoos aux relents raciste et une photo de lui et son épouse affublés d’une tête de singe. Même si ces derniers jours, un nombre considérable d’événements se sont succédé, ce sont ces images qui vont rester.

Les Néerlandais s’en tirent bien, même après l’incident « Moins, moins ! » de Geert Wilders. Et l’impression laissée pas la Belgique n’est finalement pas injustifiée. Ces vingt dernières années, le racisme en Belgique a terriblement augmenté.

Le racisme s’est tellement normalisé qu’on ne le voit même plus. Au lieu de balayer l’affaire d’un simple  » ces stupides Américains ne nous comprennent pas », on aurait intérêt à faire un travail d’introspection, car il s’agit d’un moment d’anti-marketing national honteux.

Caricature éculée

Les images ont fait le tour des États-Unis : « La Belgique s’excuse de sa caricature raciste par un gigantesque biscuit raciste » a titré le New York Magazine sur son site web. Même Beitbart.com, le site préféré des ultras du Tea Party (pas vraiment des fans d’Obama) a profité de l’occasion pour passer un savon à la Belgique, ce qui en dit long.

Ronny Demedts, le pâtissier du spéculoos, n’a sûrement pas voulu insulter délibérément le président américain. Et si en Flandre, il y a un journal qui réfléchit au racisme, c’est bien De Morgen. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le quotidien s’est excusé platement.

Pourtant, le fait que personne à la rédaction du Morgen ne voit la caricature, ne sent venir l’orage et ne tire la sonnette d’alarme en dit long sur notre esprit national. Ou qu’en voyant le spéculoos personne ne dise : « Désolée, ça ne va pas, allez vite chercher une boîte de pralines ».

Le spéculoos montre Obama affublé d’un gros nez et de lèvres épaisses – l’image caricaturée éculée d’un Noir. Pourtant, Obama n’a ni gros nez ni lèvres épaisses. Et s’il a les oreilles décollées, le spéculoos n’en a pas. L’affaire démontre de quelle façon l’homme noir le plus puissant de la terre vit dans nos esprits. Obama est un nègre, point à la ligne. Nous ne voyons pas l’humain au-delà du stéréotype.

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