Le SP.A va-t-il faire capoter le plan de De Wever à Anvers ?

Bart De Wever a beau dire que la N-VA n’est plus un géant aux pieds d’argile, le SP.A risque bien de lui donner du fil à retordre à Anvers.

Le bourgmestre d’Anvers sur le départ, Patrick Janssens, a avoué hier dans le programme de la VRT Café Corsari qu’il ne se voyait pas dans une coalition avec Bart De Wever. « La possibilité que nous siégions ensemble est infime ». Il est vrai que Janssens n’a pas précisé s’il ne parlait qu’en son nom ou au nom du SP.A. Cependant, selon diverses sources, il aurait annoncé à De Wever que ce serait lui qui mènerait les négociations pour son parti en matière de coalition anversoise. S’agit-il de paroles lancées sous le coup de l’émotion ou d’une stratégie ? Le SP.A est-il prêt à donner les clés de la ville d’Anvers à De Wever sans combattre ?

Ce n’est sans doute pas un hasard que le même soir, lors du débat des présidents de parti sur la VRT, une seconde salve était lancée du côté du SP.A par Bruno Tobback. Tobback reproche à Bart De Wever de se comporter comme un enfant lorsqu’il se plaint des coalitions anti-N-VA dans de nombreuses communes. « C’est la faute des hautes instances politiques et nous allons leur présenter la facture » s’était exclamé De Wever auparavant. Et Tobback de rebondir, acerbe :  » La façon dont cela se passe aujourd’hui est ancestrale. De tout temps les coalitions communales se sont déroulées de cette façon. Se plaindre comme le fait Bart De Wever en ce moment, c’est un peu comme les jérémiades du petit garçon qui vient d’être pris les doigts dans le pot de confiture. C’est puéril ». Une autre attaque sanglante est venue du bourgmestre de Gand, le SP.A. Daniël Termont. Dans une interview sur la radio VPRO, il qualifie la N-VA d’extrême droite : « j’ai des sueurs froides lorsque je repense au discours de victoire de Bart De Wever. Il parlait le langage sans pitié du Vlaams Belang ».

Seulement voilà, De Wever et Janssens, ou plutôt la N-VA et la liste du bourgmestre (SP.A et CD&V) sont virtuellement condamnés à gouverner ensemble. Aucun des deux ne souhaite monter une coalition avec le Vlaams Belang qui a obtenu 9 sièges. Ce qui fait que seule une coalition entre ces deux partis peut obtenir une majorité confortable. Une majorité qui est une nécessité absolue à la bonne gestion d’une ville. Problématique lorsqu’on sait que Patrick Janssens n’a jamais caché avoir une aversion personnelle envers Bart De Wever. Sans parler du fait que les programmes de leurs deux partis sont diamétralement opposés.

Le fait que Bart De Wever ait commencé son discours de victoire par un scud envers l’unité de la Belgique pourrait aussi venir sérieusement compliquer la donne. En tonnant sur tous les fronts que Di Rupo devait tirer les conclusions de ces élections et que celles-ci n’étaient qu’une étape vers celle de 2014, il risque de s’être tiré une balle dans le pied. Car c’est bien là que le bât blesse puisque si le SP.A et le CD&V suivent le même raisonnement, ils ne peuvent pas se lancer dans une coalition avec la N-VA.

Dans le meilleur des cas, ce sont de longues et pénibles tractations qui attendent le candidat bourgmestre De Wever. Des tractations difficilement compatibles avec une fonction de président de parti et encore moins avec la préparation des élections pour 2014. Bart De Wever va devoir diriger toute son attention au niveau local. Il n’en a pas l’expérience et il semble ne pas en avoir vraiment l’envie.

Alors qu’Elio Di Rupo ignore avec superbe le message de Bart De Wever, il semble que le SP.A et le CD&V en donnent un autre : De Wever ne sera pas de facto bourgmestre. Il reste de nombreux Anversois qui n’ont pas voté pour lui et les autres partis ne vont pas les laisser se faire piétiner par Bart De Wever sans combattre. Les sorties des différents hommes politiques sont là pour en témoigner : certains songent à un autre scénario pour Anvers.

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