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Le roi fait-il de la politique ?

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

Les discours d’Albert II suscitent de plus en plus souvent des polémiques, surtout de la part N-VA. Le roi est-il au-dessus de la mêlée ? Réponse avec notre analyse des 57 discours qu’il a prononcés en près de vingt ans de règne.

C’était le 21 juillet dernier. Lors de son traditionnel discours à l’occasion de la Fête nationale, le roi a vanté comme souvent les mérites belges dans une série de domaines, du sport à l’économie en passant par l’action sociale. Avant d’ajouter ce commentaire : « Cela nous encouragera aussi à éviter le repli sur soi et le populisme. Deux tendances dont on trouve trop de manifestations aujourd’hui en Europe comme chez nous, et qui ne mènent à rien. » Grincements de dents. Un député fédéral N-VA, Theo Francken, a cru déceler dans cette phrase une attaque en règle contre son parti et contre les extrémistes du Vlaams Belang. Une « tentative de déstabilisation » orchestrée à ses yeux par le gouvernement, dont le roi, selon lui, ne serait que le porte-parole.
Le député séparatiste a-t-il vu juste ? Le roi est-il la marionnette des coalitions au pouvoir, lui qui a connu, en presque vingt ans de règne, cinq Premiers ministres et neuf gouvernements ?

A quelques jours de son prochain « message de Noël et de Nouvel An » (lundi 24 décembre), Le Vif/L’Express a passé en revue l’ensemble des principaux messages publics du souverain depuis son accession au trône, le 9 aout 1993, dix jours après le décès de son frère et prédécesseur Baudouin 1er. En se limitant aux trois principales interventions du chef de l’Etat : celle de Noël et Nouvel An, souvent la plus consensuelle ; celle aux « autorités de la nation », plus politique, adressée au Palais en janvier devant ce que l’on appelait naguère les « corps constitués » de l’Etat ; et enfin celle du 21 juillet. Soit 57 textes, dont le contenu équivaut à celui d’un petit roman.

Verdict : tout discours public d’un chef d’Etat, même le plus consensuel, constitue par essence un acte politique. Ceux d’Albert II ne sauraient y échapper. Souci de solidarité et de justice sociale, défense d’une Europe fédérale, éloge de la multiculturalité, de l’économie au service de l’homme… Sur le plan moral du moins, le roi semble s’inscrire clairement dans une tradition sociale-chrétienne. Plutôt au centre gauche donc. L’influence de son entourage, majoritairement catholique, transparaît dans chacune de ses positions. Et celles-ci n’ont guère varié sous le gouvernement Verhofstadt II (juillet 2003- décembre 2007), qui alliait socialistes et libéraux.

Le fait qu’il dénonce, depuis longtemps, les tentations séparatistes, voire confédéralistes, peut être vu, lui, comme une mise en pratique légitime de son serment constitutionnel. Ou comme une authentique prise de position politique.
Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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