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Le roi Daerden déchu sur ses terres

La scission intra-PS aurait eu raison de Michel Daerden avec la signature d’un nouveau pacte de majorité. Stéphane Moreau obtiendrait une revanche suite à son débarquement il y a un an. « Papa » semble plus que jamais fini, mais son sort est entre les mains du PS et des électeurs.

C’est un véritable séisme politique qui s’est produit ce mercredi matin à Ans puisqu’on apprenait par communiqué qu’une motion de méfiance collective était déposée à l’encontre du collège communal présidé par le bourgmestre PS Michel Daerden. Selon ce communiqué, une écrasante majorité des élus communaux ansois – 20 sur 29 – aurait donc décidé de signer un nouveau pacte de majorité, lequel met en place une nouvelle équipe avec à sa tête le premier échevin PS Stéphane Moreau. « Cette démarche fait suite à une succession de faits qui ont, durant ces derniers mois, transformé notre hôtel communal, outil au service des Ansois, en un outil au service d’un pouvoir isolé », peut-on notamment lire dans ce communiqué. Et il est vrai qu’ainsi que « Le Vif » l’avait d’ailleurs relevé dans son édition du 19 novembre dernier, Michel Daerden semblait depuis plusieurs mois de plus en plus esseulé au sein du PS liégeois.

La goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli fut incontestablement et pour rappel la décision prise à l’issue des dernières élections fédérales de débarquer son ancien « poulain » Stéphane Moreau du poste de bourgmestre faisant fonction d’Ans. Depuis lors, respectant plus ou moins un moratoire imposé par la Fédération liégeoise du PS comme c’est désormais aussi le cas à Saint-Nicolas (!), les deux hommes forts du PS ansois se sont montrés relativement discrets. S’il n’est donc pas totalement inattendu au vu du climat tendu et, à en croire divers intervenants, malsain régnant depuis lors, certains évoquant des « pressions » et autres « menaces », le rebondissement intervenu ce mercredi étonne par son ampleur. Grand bénéficiaire du bouleversement qui se prépare à Ans et qui doit être entériné par le vote de la motion de méfiance collective lors d’un prochain conseil communal convoqué le 28 mars, le premier échevin Stéphane Moreau avait mal digéré sa mise à l’écart il y a un an et n’avait depuis lors qu’une envie : mettre son ancien mentor en politique « hors d’état de nuire ».

Ce qui est certain aussi, et ce, même si son « patron » Willy Demeyer se refusait hier encore à tout commentaire, c’est que la Fédération liégeoise du PS a évidemment dû avaliser ce putsch. Mercredi dans la soirée, s’est d’ailleurs tenue, à huis clos et en présence du secrétaire général du PS, une réunion qui fut houleuse au cours de laquelle les différents leaders socialistes présents, Michel Daerden y compris, ont pu débattre de la situation politique à Ans. Lors de cette réunion, il fut notamment décidé, selon les termes d’un communiqué reçu hier, de transférer les pouvoirs de l’USC ansoise, dont le président est pour rappel Walther Herben, secrétaire communal et proche de Michel Daerden également dans le collimateur des instances du PS, à ces dernières et de charger une commission ad hoc, présidée par André Gilles, président du collège provincial liégeois, d’exercer la tutelle générale sur l’USC. Il est également précisé qu’une nouvelle réunion est programmée la semaine prochaine « afin de faire le point sur la situation et de statuer sur la problématique de la motion de méfiance ».

En effet, il se dit que, même si cette dernière a visiblement été introduite dans les formes, la procédure utilisée ne serait pas conforme aux statuts du PS, et notamment à son article 81, qui prévoit une obligation d’information préalable. La balle est désormais et jusqu’au prochain conseil communal dans le camp des instances du PS, et à plus long terme également dans celui des électeurs ansois… Mais de là à imaginer une fin à la Lizin pour Michel Daerden…

Bruno Boutsen

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