Le roi Albert II utilisé pour une campagne pro-infidélité

Rude semaine pour Albert II. La sortie, mercredi, de « Questions royales », le livre de Frédéric Deborsu, qui jette le soupçon tous azimuts sur le roi et toute sa famille. Et, dès ce mardi, la campagne à Bruxelles de AshleyMadison.com, la plateforme vantant la rencontre extraconjugale en ligne.

300 affiches dans les rues de la capitale montrant Albert de Belgique, Bill Clinton et le prince Charles, icônes VIP, selon l’agence américaine, de l’infidélité. Une campagne similaire démarre en France, avec sur les affiches François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, une trace de baiser tout en rouge à lèvre sur le visage.

Selon Noel Biderman, le patron de AshleyMadison.com, que nous avons interviewé, cette double campagne « n’est pas rude. Je pense que le fait, pour n’importe quel dirigeant (qu’il soit roi, prince, ministre), de s’impliquer dans une aventure extraconjugale, dit beaucoup de sa personnalité et de son leadership. Mais nous voulons souligner surtout le fait qu’aucun d’entre nous n’est fait pour être monogame, ni eux ni personne, en vérité. »

L’an dernier, pour son arrivée en Espagne, la plateforme avait utilisé la même affiche que celle qu’elle placarde cette semaine en Belgique mais avec le roi Juan Carlos à la place du roi Albert. « Le roi d’Espagne nous a fait savoir son vif déplaisir, admet Biderman. D’autres, premiers ministres ou simples hommes politiques, nous ont approchés pour nous supplier de ne pas utiliser leur image. Le problème avec l’infidélité des hommes puissants, c’est qu’on continue à mettre beaucoup d’emphase sur leurs comportements extraconjugaux, alors que, comme chez tous les autres gens, l’infidélité peut sauver des mariages et est bon pour le moral. Les politiciens sont sans doute plus infidèles que les autres personnes. Parce qu’ils ont tendance à voyager plus, à se trouver plus souvent que la moyenne loin de chez eux, et parce qu’ils ont, plus que d’autres, confiance en eux et besoin, ou envie, de prendre des risques. Enfin, les politiques, mais c’est valable aussi pour les footballeurs ou les musiciens, ont un nombre incroyable de fans sur qui ils exercent aussi de l’influence. La conjonction de tous ces facteurs explique pourquoi ils sont plus infidèles. »

L’agence utilise donc les portraits de dirigeants actuels ou ex-chefs d’Etat qui ont ou ont eu au moins « une relation extraconjugale » pour se faire une place en Belgique et en France sur un marché en plein boom. « Difficile de dire combien de membres vont s’inscrire, mais je pense que la Belgique sera un très grand marché. On y dénombre beaucoup d’affaires extraconjugales, beaucoup de femmes et d’hommes célibataires, aussi », avance Biderman. « Dans certains pays, vendre l’infidélité est encore difficile. Mais l’appétit des gens pour ce type de relation, en dehors du foyer familial, reste partout énorme. Nous sommes aujourd’hui présents dans 25 pays différents. C’est le plus gros réseau de rencontre sur le net au monde. On fait un nouveau membre toutes les 4 secondes. Rien que pour une seule journée, on en compte 30 000. »

AshleyMadison.com Fort annonce 16 millions d’utilisateurs uniques ayant visité le site rien qu’au mois d’août dernier. Noël Biderman était avocat et manager de sprotifs, de 1997 à 2000. Il prétend qu’il a réalisé, un jour, passer « plus de temps à dissimuler les infidélités des joueurs qu’à gérer leur carrière. » Et qu’il « commence alors à s’intéresser au sujet », puis « décide de lancer ce nouveau concept après avoir consulté les résultats d’une étude menée par Business 2.0 qui démontrait que plus de 30% des personnes inscrites sur les sites de rencontres pour célibataires étaient en réalité mariées ou en couple. »

« Peu importe l’âge, dit il, ça n’a vraiment aucune importance. On constate que l’infidélité peut apparaître à tout moment de l’existence, aussi bien chez une jeune femme de 25 ans qui vient de se marier, que chez l’homme de plus de 65 ans qui n’a jamais trompé personne de sa vie. On voit l’infidélité à part égale dans les deux sexes, dans tous les milieux sociaux ou économiques, avec tous les backgrounds imaginables. Personne n’est à l’abri. La fidélité mine aussi des mariages tous les jours ! Les gens se disent qu’ils aiment beaucoup leur femme, ou leur amoureux, leurs enfants, leur situation économique, leur maison, leur boulot. En fait, ils aiment tout… sauf ce qui se passe dans leur chambre à coucher. Et ça finit par les pousser à tout briser. Alors qu’une aventure bien gérée leur permettrait de rester mariés, tout en étant heureux. »

Valérie Colin et Thierry Fiorilli

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