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Le « ras-le-bol » croît parmi les militaires déployés en rue

Un certain « ras-le-bol » s’installe parmi les militaires engagés depuis plus d’un an et demi dans la sécurisation des villes belges, mais sans entraîner de démissions massives dans leurs rangs en dépit d’indéniables conséquences sur leur vie familiale et sociale, a-t-on indiqué mardi de sources syndicales.

« La charge de travail est un peu lourde, on en est conscient », a admis un porte-parole de l’état-major interrogé par l’agence Belga, alors que plus de 1.800 militaires participent en continu, depuis le 17 janvier 2015 et au moins jusqu’au 2 septembre prochain, à l’opération « Vigilant Guardian » (OVG) menée en appui à la police fédérale dans les rues des grandes villes.

Cette charge de travail était initialement concentrée sur les seules unités de combat de la composante Terre. Mais elles ont reçu depuis quelques semaines le renfort d’unités d’appui (logistiques, de génie, télécommunications et médicales) – qui ne fournissent toutefois qu’environ 10% des militaires mobilisés.

« Le ras-le-bol s’installe », d’autant plus qu’en période de vacances la durée de la mission a été portée de quinze jours à cinq semaines, durant lesquelles les militaires, logés à la caserne de Peutie (Vilvorde), ne peuvent en principe regagner leur foyer, a pour sa part indiqué un dirigeant du Syndicat libre de la Fonction publique (SLFP) Militaires, Gilles Van Oosthuijze.

Selon lui, des « problèmes de discipline » sont aussi en augmentation en dépit du fait que la population leur témoigne régulièrement de la sympathie.

Car les militaires peuvent comparer leur situation avec celle des policiers, autorisés à rentrer chez eux chaque jour, a expliqué M. Van Oosthuijze.

Et dans deux des principales garnisons de l’armée belge, Marche-en-Famenne et Bourg-Léopold (Limbourg), les autorités militaires ont mis en place des centres d’aide sociale en raison du nombre de plus en plus élevé de divorces (25 cas recensés du côté francophone et 37 cas parmi les néerlandophones), a pour sa part indiqué le secrétaire permanent de la CGSP-Défense, Patrick Descy. Il évoque aussi une « grogne chez les combattants », qui n’ont plus guère l’occasion de s’entraîner à leurs tâches premières, de fantassin, de para-commando, de conducteur de char, d’artilleur ou de géniaque.

« Cela devient de plus en plus difficile pour les familles » car les périodes d’astreinte ne sont parfois annoncées qu’avec un bref préavis, a quant à lui souligné le secrétaire de l’ACV (le pendant flamand de la CSC), Walter Van den Broeck.

Il estime que la durée hebdomadaire de travail pour les militaires engagés dans OVG peut atteindre de 60 à 80 heures – pour une durée contractuelle fixée à 38 heures -, avec des heures supplémentaires incomplètement payées, ce qui fait des militaires « de la main d’oeuvre à bon marché ».

« La Défense est devenue la bonne à tout faire », renchérit M. Descy, en soulignant que l’état-major devait « freiner la police dans les nouvelles attributions de missions ».

Le porte-parole de l’état-major, le commandant Olivier Séverin, a pour sa part relativisé les propos des syndicalistes, tout en reconnaissant que « la charge de travail est un peu lourde ». Mais en récusant le terme de « surcharge », à l’origine, selon certains médias, de la démission de onze militaires du bataillon d’artillerie caserné à Brasschaat (au nord d’Anvers).

« L’attrition est en phénomène habituel » à l’armée, a-t-il expliqué en soulignant que 23 personnes ont quitté cette unité en 2015, pour des raisons diverses. « On en est à une douzaine au milieu de cette année », ici aussi pour des motifs variés, a souligné le porte-parole.

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