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Le projet d’un baccalauréat à la française provoque des réactions contrastées

Le Vif

« Je suis favorable à l’introduction d’une épreuve externe certificative en fin de secondaire », a expliqué mardi à l’agence Belga Ariane Baye, chargée de cours à l’Université de Liège et responsable scientifique de l’étude Pisa jusqu’en 2013.

Actuellement, seul un test facultatif limité au français et à l’histoire existe pour les élèves de rhétorique. Dans son programme, le gouvernement francophone indique souhaiter « généraliser progressivement » les évaluations externes certificatives à l’issue du secondaire supérieur, avec des questions identiques pour tous les élèves en français, mathématiques, sciences et langues modernes.

« On a remarqué que l’introduction d’épreuves de ce type, comme le CEB en fin de primaire, s’accompagnait de progrès dans les études Pisa (des enquêtes internationales qui évaluent les compétences des élèves de 15 ans, ndlr) », relève Ariane Baye. « On observe aussi une progression des élèves les plus faibles et non un nivellement par le bas. » Pour la spécialiste, un examen commun permettrait d’harmoniser les niveaux des écoles, alors que le système belge reste particulièrement inégalitaire.

Si plusieurs voix s’élèvent contre le baccalauréat en France, Ariane Baye estime que les contextes ne sont pas comparables. « Nous sommes dans un système très libéral, avec des écoles qui se spécialisent et une forte concurrence entre elles. Nous avons besoin de plus de centralisation. »

Sans se prononcer sur l’opportunité d’une épreuve commune certificative en fin de secondaire, le sociologue de l’UCL Eric Mangez souligne combien les évaluations externes rompent avec la logique du système d’enseignement belge, basée sur la discrétion des réseaux et des établissements. « Depuis une quinzaine d’années, on voit apparaître davantage de contrôles. Evaluer la performance du système éducatif est perçu comme un enjeu pour la compétitivité des Etats. C’est aussi une nouvelle manière de gouverner. Plutôt que de modifier les programmes, on leur donne une direction. Un examen contraignant incite les enseignants à adapter le contenu de leurs cours en conséquence », analyse-t-il.

Du côté des syndicats, l’idée d’une épreuve commune en fin de secondaire ne suscite pas vraiment l’enthousiasme. « Nous n’avons pas d’opposition de principe, mais nous nous demandons si c’est vraiment une priorité », rapporte Eugène Ernst, secrétaire-général de la CSC-Enseignement. « Quand on voit la différence de volumes horaires dans certaines matières selon les options, on se demande aussi quelle est l’utilité d’un examen commun. Il faudrait commencer par ouvrir le débat », conclut-il.

Joan Lismont, président du Sel-Setca (le syndicat socialiste des enseignants de l’enseignement libre subventionné), est lui tout à fait opposé à une épreuve contraignante. « On préparera les élèves au bac et non plus à l’acquisition de savoirs », prédit-il. « D’accord pour un test qui permet aux écoles de s’évaluer, mais pas pour un bac à la française. La décision de faire passer ou non un élève doit rester du ressort du conseil de classe. »

La position du Comité des élèves francophones est similaire. « Un examen commun ne tient pas compte des différences de niveaux entre écoles. On reste dans une mécanique de sélection », dénonce Ludovic Faussillon, le coordinateur de l’ASBL. Pour lui, il importe avant tout de donner à tous les élèves les mêmes chances.

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