François Fornieri et Stéphane Moreau. © DR

Le président du comité de rémunération de Nethys gagne 805.000 euros chez Mithra

David Leloup
David Leloup Journaliste

François Fornieri, le nouveau président du comité de rémunération de Nethys et proche du CEO Stéphane Moreau, a gagné 805.000 euros brut en 2016 chez Mithra, une société largement soutenue par les pouvoirs publics wallons.

À travers Yima, sa société de management, François Fornieri a donc été bombardé administrateur chez Nethys, le 29 mars dernier, pour y remplacer Claude Parmentier (PS). Deux semaines plus tard, le Moniteur nous apprenait que le flamboyant patron de Mithra Pharmaceuticals avait en outre été nommé président du comité de rémunération de la filiale opérationnelle de Publifin, où il a pris cette fois la place laissée vacante par Dominique Drion (CDH). Ces nouvelles fonctions chez Nethys lui rapporteront quelque 45.000 euros brut annuels. Une dringuelle à côté de ce que gagne François Fornieri comme CEO de Mithra : 805.000 euros brut en 2016, révèle le rapport annuel de la société liégeoise, publié mardi. Soit plus de trois fois le salaire du Premier ministre Charles Michel. Des émoluments qui ont bondi de 15% par rapport à 2015, année où la rémunération du patron de Mithra a été de 703.000 euros.

Mithra est une ex-spin-off de l’Université de Liège active sur le front de la santé féminine, fondée en 1999 par le Pr Jean-Michel Foidart et François Fornieri. Elle est largement soutenue par les pouvoirs publics wallons depuis sa création. En février, la Région wallonne lui octroyait encore près de deux millions d’euros de financement. Ogeo Fund, le fonds de pension de l’intercommunale Publifin dirigé par Stéphane Moreau (CEO de Nethys), a investi 10 millions d’euros en 2014 dans Mithra et détient ainsi 4,76% du capital. Stéphane Moreau est par ailleurs administrateur depuis 20 ans au moins de la société publique de relance Meusinvest, actionnaire historique de Mithra, qui contrôle 16,09% de la société pharmaceutique.

L’homme de la situation ?

Bref, à moins que la commission d’enquête parlementaire Publifin et le gouvernement wallon ne s’en mêlent sérieusement, il y a peu de chances, avec une telle recrue si bien rémunérée, à la fois proche et dépendante de Stéphane Moreau, de voir les rémunérations folles du top management de Nethys ramenées à un niveau raisonnable.

Le bourgmestre de Liège Willy Demeyer (PS) a récemment plaidé pour plafonner à 290.000 euros la rémunération brute annuelle du CEO de Nethys. En 2015, celle-ci s’élevait, selon Stéphane Moreau, à 840.000 euros (593.000 fixes, le reste variable), plus une généreuse prime versée sur un compte d’assurance-groupe (pension), le remboursement de frais professionnels et une voiture avec chauffeur. Rien que chez Nethys, donc. Avec ses autres mandats cumulés, la rémunération de Stéphane Moreau a atteint le million d’euros en 2015.

Droit de réponse

Suite à la publication de l’article intitulé « Le président du comité de rémunération de Nethys gagne 805.000 euros chez Mithra » en date du 19 avril 2017 sur le site Internet Le Vif/l’express, M. François FORNIERI a souhaité un droit de réponse.

Je précise pour la bonne forme que je m’exprime ici en mon nom personnel.

Vous me permettrez de réagir à l’article précité, dans lequel votre journaliste cumule affirmations gratuites et sous-entendus inacceptables pour l’ensemble des personnes, entreprises et institutions citées. N’ayant à aucun moment été contacté par votre journaliste, je ne peux que m’étonner du procédé consistant à clouer au pilori un citoyen dans un article de presse, sans lui donner la possibilité de s’exprimer sur les questions évoquées. Cet article, clairement « à charge », vise par ailleurs manifestement à créer un ensemble d’amalgames au préjudice de l’ensemble des personnes qui y sont mentionnées.

Accepter d’assumer la Présidence d’un comité de nomination et de rémunération, particulièrement au sein d’un groupe de la taille de Nethys, n’est pas une décision qui se prend à la légère. Le fait que Nethys ait pensé au CEO d’un groupe wallon coté en Bourse ne peut-il avoir de motivations plus rationnelles que celles sous-entendues par votre journaliste ? Les sociétés cotées sont astreintes à des règles de fonctionnement et de transparence strictes. Votre journaliste fait d’ailleurs écho de la transparence de Mithra en matière de rémunération de son management, évoquant le fait que Mithra publie ces chiffres conformément à la législation applicable. N’est-il donc pas permis de penser que cette expérience en matière de gouvernance de sociétés d’une certaine ampleur fut la raison qui donna lieu à la proposition qui me fut adressée ?

Même si votre journaliste corrige quelque peu ses propos dans votre édition papier, il n’est évidemment pas sérieux de prétendre que le fait qu’Ogeo Fund détienne 4,76 % de Mithra (investissement qui s’est avéré judicieux à ce jour), ou que Stéphane Moreau soit l’un des 22 administrateurs de Meusinvest, puisse de quelque façon porter atteinte à l’indépendance dont j’entends faire preuve dans mes fonctions. Il ne s’agit d’ailleurs en aucun cas de la volonté de Nethys. Les chiffres et éléments cités par votre journaliste auraient manifestement dû l’amener à des propos plus nuancés. Bien que cela soit de notoriété publique, votre journaliste aurait par ailleurs pu préciser qu’une grande partie de l’argent que ma société de management perçoit est réinvesti dans des projets locaux.

Faut-il enfin s’offusquer de voir la Région wallonne octroyer 2 millions d’euros d’avances récupérables à Mithra dernièrement ? Mithra est une société menant des projets de recherche prometteurs et est en droit, comme toute société wallonne, de solliciter les mesures existantes. Elle n’a toutefois jamais bénéficié d’un quelconque passe-droit. De telles avances sont remboursables en cas de succès des projets financés, ce remboursement pouvant aller jusqu’à 2 fois le montant de l’avance octroyée. Mithra a au demeurant, jusqu’à ce jour, mené à bien les projets qui bénéficièrent d’un soutien régional, de sorte que la Région n’investit pas sans raison objective dans de tels projets. Malgré de telles avances, il serait cependant absurde de prétendre que Mithra serait dépendante du soutien régional pour son développement, même si elle s’en félicite. Rappelons que Mithra a levé un capital de presque 150 millions d’euros, dont 79 en Bourse en 2015. Ne serait-il pas au contraire curieux que Mithra ne bénéficie d’aucun soutien de la Région, si l’on considère que le groupe finalise actuellement la construction d’une seconde usine en 20 ans, avec les emplois et retombées économiques qui en découlent.

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