Le point sur les droits des réfugiés qui arrivent en Belgique
Les réfugiés ne disposent pas exactement des mêmes droits que les citoyens belges qui « ont contribué toute leur vie au système ». « Ils ne bénéficient que de droits résiduels », précise Andrea Rea, sociologue à l’ULB, en réaction aux propos tenus par le président de la N-VA, Bart De Wever, mercredi soir dans l’émission Terzake.
A leur arrivée, les réfugiés reconnus n’ont en effet pas droit aux allocations de chômage, « et ne sont en aucun cas prioritaires pour obtenir un logement social« , ajoute Malou Gay, co-présidente du CIRé (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers).
Tous deux pointent premièrement l’inexactitude des propos du bourgmestre d’Anvers. « Les réfugiés n’ont accès qu’aux droits résiduels« , en ce compris le revenu d’intégration sociale, relève Andrea Rea. De plus, « ils ne sont pas nombreux à bénéficier d’un logement social, puisqu’il en existe très peu ». « Et ils ne seront en aucun cas prioritaires, mais bien traités à la même enseigne que n’importe quel Belge », souligne Malou Gay.
Pour Andrea Rea, la sortie de De Wever se rapproche clairement de l’extrême-droite et vise à « faire peur à l’opinion publique ». « C’est une communication populiste », renchérit Malou Gay. « On rajoute de l’huile sur le feu à une situation déjà difficile en créant des amalgames. On ne va pas faire des catégories de personnes », ajoute-t-elle. Comme tous les bénéficiaires du revenu d’intégration, les réfugiés reconnus ont ainsi l’obligation de chercher un emploi et de participer à l’économie du pays.
Des propos « illégaux »
Une réalité bien intégrée, selon une étude menée par l’ULB et la KU Leuven; puisque quatre ans après l’obtention du statut de réfugié, seuls 25% des 108.856 personnes suivies pendant 10 ans continuaient à bénéficier du revenu d’intégration. Une sur deux avait entre-temps trouvé du travail, 13% touchaient des allocations de chômage – impliquant donc un passage par le marché de l’emploi et une participation active à l’économie du pays -, les 19 autres pour cent étant en retrait du marché du travail – majoritairement des femmes au foyer. « Une distribution quasi identique à celle de la Belgique en général », rappelle Andre Rea.
Les propos de Bart De Wever, qui a plaidé mercredi pour un statut spécial pour les réfugiés, sont également « illégaux », selon les deux spécialistes. « Cela n’a aucun sens et contredit toutes les conventions et directives » auxquelles la Belgique est partie, rappelle le sociologue. Mais moralement aussi, les mots posent question. « On ne peut pas nier que ces personnes ont fui la guerre, qu’elles ne sont certainement pas ici par choix », s’insurge la co-présidente du CIRé. Le sociologue y voit lui l’expression d’un égoïsme généralisé, « indigne de la culture et des valeurs sur lesquelles a été fondée l’Union européenne ».
La sortie de l’homme fort de la N-VA a été largement critiquée jeudi, les partis de l’opposition dénonçant entre autres « une provocation méprisante et abjecte ». Les partis de la majorité ont par contre peiné à parler d’une seule voix. Si le MR et le CD&V ont dit s’en tenir à la politique de gouvernement, « ferme et humaine », l’Open VLD a lui relevé l’intérêt du débat. « Notre sécurité sociale n’est pas prévue pour accueillir des grands flux de migrants ou de réfugiés venant d’Europe ou d’au-delà de l’Europe. Il vaut mieux trouver une meilleure approche que de donner naïvement de l’argent et se dire que l’on a soulagé sa conscience », a notamment déclaré la président du parti, Gwendolyn Rutten.
Theo Francken, grand absent de l’espace public jeudi, avait retweeté le passage de Bart De Wever plus tôt dans la journée.