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Le Plan B serait trop difficile à négocier

La VRT s’est penchée sur la scission de la Belgique, trois ans après le célèbre « Bye bye Belgium » de la RTBF. Plutôt qu’un docu-fiction, la chaîne publique flamande a donné la parole à onze experts avant de recueillir la réaction des partis flamands et francophones.

« Plan B. Un scénario pour la scission de la Belgique » a exploré les différentes facettes du débat: avenir de la monarchie, détermination des frontières, statut de Bruxelles, organisation de la sécurité sociale et de la fiscalité, reconnaissance internationale, etc.

Quelques conclusions émergent de l’émission: la scission de la Belgique n’est plus un sujet tabou mais, si elle se produit, sera le fruit d’une décision politique et de négociations longues et ardues. La Wallonie et Bruxelles laisseraient des plumes dans l’aventure.

Quant à la période de transition, avant une séparation, elle sera faite de tensions dont les conséquences financières pèseront lourd.

Les difficultés seraient nombreuses: si les frontières extérieures actuelles de la Belgique ne seront pas contestées, la détermination des frontières entre les nouveaux Etats sera beaucoup plus compliquée, en raison notamment des communes à facilités, les nouvelles entités devraient payer pour la dette publique des intérêts plus élevés que l’ex-Belgique, la sécurité sociale devrait s’organiser sur une base plus petite et seule la Flandre parviendrait à mettre sur pied son système, etc.

Les experts interrogés s’en sont tenus à un exposé essentiellement technique. L’un ou l’autre n’ont toutefois pas caché leur aversion à l’égard de certaines idées séparatistes. « Le repli de la solidarité vers des entités plus petites est un recul de la civilisation », a lâché Bea Cantillon, professeur à l’Université d’Anvers à propos de la sécurité sociale.

Aux yeux de Philippe Van Parijs (UCL), la querelle belge ressemble à celle de conjoints qui depuis des années menacent de se quitter, assurent qu’ils s’en tireront très bien mais restent finalement ensemble. »Aucune personne sensée n’y croit », a-t-il ajouté.

Sur le plan politique, au nord du pays, les trois familles traditionnelles et les écologistes ont rejeté l’idée d’un plan B.

« Il apparaît qu’une alternative sera encore plus difficile à négocier. Continuons à travailler sur le plan A. C’est la seule voie vers le changement et la stabilité », a résumé le président du CD&V, Wouter Beke. « Scinder ce pays prendra des années, voire des générations », a renchéri la présidente du sp.a, Caroline Gennez.

Les nationalistes de la N-VA ont quant à eux rappelé leur volonté d’une « évolution » vers l’indépendance de la Flandre, et non d’une « révolution ». Pourtant, à leurs yeux, la question de la scission se pose immanquablement.

Il n’est pas illogique de penser à un scénario de rechange devant des négociations qui, depuis des mois, n’avancent que millimètre par millimètre, a fait remarquer le chef de groupe Jan Jambon.

Les socialistes francophones avaient également évoqué une scission de la Belgique après l’échec de la préformation. Le ministre Paul Magnette a toutefois rappelé la position de son parti: le PS ne revendique nullement la fin du pays et souhaite au contraire faire aboutir les négociations mais il estime de son devoir d’étudier tous les scénarios.

A l’heure où les négociations sont embourbées, l’Open Vld voit dans l’attitude du PS et de la N-VA la raison du blocage. « Il y en a un qui parle de plan B mais qui n’en veut pas et un autre qui ne veut plus en parler mais qui garde cette idée derrière la tête, et par conséquent, ça n’avance pas », a souligné le président Alexander De Croo.

Le Vif.be, avec Belga

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