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Le Père Ubu-Pan soulève la question des amitiés Facebook des journalistes

Se basant sur le profil Facebook de l’intéressé, le journal satirique Père Ubu-Pan accuse un journaliste du Soir, Marc Metdepennigen, d’entretenir des relations amicales avec par exemple, Michel Nihoul et Karine Lalieux. Ou comment lancer, sans doute maladroitement, le vrai débat sur les amitiés Facebook à titre professionnel.

Le journal satirique Père Ubu-Pan met en doute, dans sa dernière édition, l’intégrité professionnelle de Marc Metdepennigen, journaliste du quotidien Le Soir, affirmant notamment que ce dernier est un ami de Michel Nihoul, se basant sur leurs profils Facebook. Le journaliste, qui nie toute amitié avec Michel Nihoul, compte déposer plainte pour diffamation auprès du conseil de déontologie journalistique (CDJ).

Le Père Ubu-Pan accuse le journaliste judiciaire Marc Metdepennigen, qui a suivi notamment le dossier Dutroux, d’avoir guindaillé avec Michel Nihoul avant l’éclatement de l’affaire et lui reproche le ton « publicitaire » d’un article de 2009 sur une ASBL lancée par Michel Nihoul. Sur base notamment du profil « Facebook » du journaliste, le Père Ubu-Pan reproche au journaliste du Soir ses prétendus liens d’amitié avec Michel Nihoul ou Karine Lalieux, la présidente socialiste de la commission spéciale sur les abus sexuels.

Marc Metdepennigen nie avoir rencontré Michel Nihoul avant l’affaire Dutroux mais reconnaît avoir accepté, à titre professionnel, Michel Nihoul et Karine Lalieux parmi ses « amis Facebook », lesquels sont de tous horizons. Une plainte devrait être déposée contre le Père Ubu-Pan au conseil de déontologie journalistique (CDJ). L’article est examiné actuellement par le service juridique du journal Le Soir.

Interrogée par l’agence Belga, l’association des journalistes professionnels considère que les affirmations du Père Ubu-Pan ne sont pas fondées et fait remarquer que l’auteur de l’article utilise un pseudonyme. L’AJP suivra le développement du dossier au conseil de déontologie (CDJ).

Quant aux « amis Facebook » des journalistes, l’association pointe un risque d’ébranlement de l’apparence de l’indépendance plutôt que de l’indépendance elle-même. « Mais l’apparence est parfois plus importante aux yeux du public ». Elle recommande donc à ses membres la prudence. « Le terme ami crée un amalgame. Il serait plus opportun de parler de connaissance », estime Martine Simonis, secrétaire générale de l’AJP. « Et quel ami accepter? Peut-on refuser les politiques mais accepter des dirigeants syndicaux ou économiques? » s’interroge-t-elle.

L’AJP compte se pencher sur cette problématique liée à l’utilisation de plus en plus répandue par les journalistes des médias sociaux. Dans un avis d’octobre 2010, le CDJ reconnaît que les journalistes, comme tout individu, ont droit à une sphère d’expression privée mais il précise que lorsqu’ils diffusent des messages d’information sur un support numérique destiné à un public non défini et non limité, il faut considérer qu’ils y exercent une activité de type journalistique.

Selon un sondage réalisé en septembre 2010 par Quadrant auprès de 489 journalistes belges, 18% disent utiliser Twitter à des fins professionnelles et seuls 27% ne disposent pas de compte Facebook. Les autres médias sociaux populaires dans la profession sont Wikipédia (86,5%), YouTube (77%) et LinkedIn (57%). L’utilisation professionnelle de certaines applications a doublé en un an.

LeVif.be, avec Belga

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